Polémique dans un petit village de Dordogne autour d'un projet hôtelier à 10 Millions d'euros

À Saint-Félix-de-Reilhac-et-Mortemart, petit village de Dordogne, un ambitieux projet de complexe hôtelier de luxe crée une bisbille de voisinage

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D'ordinaire, on déplore plutôt des crispations entre des promoteurs hors-sol et une population locale redoutant de voir bétonner son cadre de vie. À Saint-Félix-de-Reilhac-et-Mortemart la situation est légèrement différente. Les deux camps sont représentés par des locaux qui connaissent bien les lieux et la population.

Le projet de ce complexe hôtelier haut-de-gamme a été lancé il y a trois ans par Isabelle Vigier, une fille du pays, et son compagnon Michel Lemonnier. Avec une ardoise de près de 10 millions d'€uros, le couple veut rénover une série de bâtiments anciens et créer une trentaine de suites, des salles de conférence, un restaurant, une piscine et un spa dans leur petit hameau de la Conterie. Un emplacement en pleine campagne choisi pour les amateurs de terroir, à mi-chemin entre Périgueux et Sarlat, à proximité du Bugue. Clientèle visée, le touriste international et les milieux d'affaire, de quoi assurer une activité régulière.

Un projet de complexe décomplexé

Sur le papier, le projet coche toutes les cases. Outre les rénovations de jolies bâtisses existantes, les nouveaux bâtiments construits le seraient dans le respect du patrimoine local et des normes environnementales. Des abords aménagés, un chantier à 10 Millions d'€uros, un établissement ouvert à l'année venant s'ajouter au Golf de la Marterie et au Jacquou Parc tout proches, l'équivalent de 35 emplois à temps plein et des dizaines de milliers d'€uros de taxes rapportées à la commune et à l'intercommunalité, le projet a de quoi séduire les élus et les acteurs économiques.

La sous-préfecture n'a rien trouvé à y redire, pas plus que l'architecte des Bâtiments de France, ce qui fait que le permis de construire a été validé le 18 juin 2020.

Oui... mais

Le complexe aurait pu naître dans le consensus, mais certains ne l'entendent pas de cette oreille, et ça se voit. Des panneaux  "SOS La Conterie, nature et sans complexe " émaillent en effet les abords du site. Elles sont l'œuvre d'un autre enfant du village, Jean-François Laporte, justement propriétaire depuis une vingtaine d'années d'une maison dans le hameau de la Conterie qu'il a patiemment rénovée.

Là où Mr Laporte sort de ses gonds, c'est sur la proximité de son ambitieux voisinage. Une maison de 300 mètres carrés, des bâtiments, un transformateur, des stockages de déchets et une station d'épuration, tout ça autour de sa propriété affirme-t-il, c'est tout ce qu'il faut pour déprécier son habitation en pleine nature.

Sur la page Facebook qu'il a monté l'an dernier et qui compte 66 membres, il attaque donc ce projet totalement décalé et surdimensionné par rapport au contexte, la réalité de la campagne périgourdine, parle de bétonnage, d'artificialisation des sols, de pollution sonore et lumineuse auxquels il oppose la préservation des écosystèmes et de la biodiversité de la campagne périgourdine.

L'escalade...

Malheureusement pour lui, le recours qu'il a déjà déposé contre le permis de construire devant le Tribunal Administratif de Bordeaux n'a pas abouti, et les relations se sont envenimées. Au point d'en venir aux gestes qui fâchent et qu'une plainte a été déposée par Isabelle Vigier à la gendarmerie du Bugue après une "bousculade". Soupçonnant des dégradations volontaires, cette dernière a même fait installer des caméras de surveillance sur sa propriété.

Bref, la décence du moment interdit de parler de guerre, mais le conflit est quand même bel et bien là. Et il s'invite même à la mairie, où l'édile Jean-François Autefort tente d'apaiser les esprits. Tâche d'autant plus "complexe" que son premier adjoint n'est autre que le Dominique Laporte, frère du riverain opposant à ce projet, pourtant si prometteur pour la commune. 

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