Depuis le début de l'année, le syndicat pénitentiaire local de Force Ouvrière dénonce la montée de la violence dans le centre de détention de Neuvic. Un nouveau cap a été franchi la semaine dernière avec l'agression au couteau d'un détenu par trois de ses congénères.
"Le curseur de la violence a monté d'un cran depuis début août." Thierry Dumonteil, délégué syndical FO-pénitentiaire, a beau être habitué à la brutalité du système carcéral, il semble inquiet. Un nouveau palier a été atteint vendredi 24 août. Vers 12 h 15, au moment d'aller déjeuner, un surveillant tombe sur un détenu allongé, encore conscient mais maculé de sang. Le visage tuméfié, il vient d'être passé à tabac par trois autres prisonniers. Deux coups de couteaux ont également été portés à la poitrine. La victime, elle, s'en sortira avec cinq jours d'hospitalisation.
Les drogues dures pullulent
Quelques jours plus tôt, le mercredi 22 août, le syndicat pénitentiaire FO mettait déjà en garde les médias à propos d'une fouille, effectuée sur un détenu en régime "porte fermée" (il ne peut sortir qu'une heure par jour pour une promenade). A l'intérieur de la cellule, les surveillants ont découvert "des téléphones portables, de la résine de cannabis, de l'héroïne et des cachets d'amphétamines".
Le plus souvent, ces drogues passent par le parloir. Et ce nouveau fléau est souvent difficile à endiguer. Les fouilles des familles ne se pratiquent pas et les fouilles intégrales des détenus (mise à nu des personnes) à leur retour en cellule sont interdites depuis 2003. Quand bien même elles seraient autorisées, "cela serait trop long et trop peu efficace" explique le surveillant Thierry Dumonteil. Le corps humain est une formidable cache pour les objets illicites"."Les drogues dures, c'est le nouveau fléau des prisons, indique Thierry Dumonteil. Tant que c'était de la résine de cannabis, on la confisquait et on en riait. Cela détendait les détenus. Avec les drogues dures, la donne a changé. On comprend désormais pourquoi on n'arrive plus à les maîtriser. Cela les rend littéralement fou."
L'unique solution reste alors de faire appel à des chiens renifleurs. Mais cette solution ne semble pas être une priorité. "Le problème, c'est qu'il n'y a pas de volonté de l'administration pénitentiaire et de l'Etat", accuse Thierry Dumonteil.
Des prisons de plus en plus chargées
Autre problème majeur pour l'administration pénitentiaire du centre de détention de Neuvic, la surpopulation carcérale qui commence à poindre dans le département. La prison de Neuvic compte 399 places et a atteint un taux d'occupation de 100 % cette année. "Cela n'était jamais arrivé jusqu'à présent", alarme le syndicat FO-pénitentiaire. Car ces prisons ne sont pas faites pour être complètement remplies.
Avec un taux d'occupation aussi élevé, les difficultés se multiplient pour les gardiens : il devient plus compliqué de séparer les détenus pendant les bagarres, il est impossible d'entretenir les cellules car elles sont toutes occupées et c'est une source de tension importante pour les prisonniers eux-mêmes. Exaspéré par la situation, Thierry Dumonteil aimerait au moins que le taux d'occupation retombe à 95 %. "Cela nous suffirait amplement."