L'année 2024 a été marquée par de nombreux procès en Normandie, mais aussi par de terribles faits divers. Retour sur les événements qui ont bousculé notre région ces derniers mois.
C’est une scène digne d’un film, mais tout est malheureusement bien réel. Le 14 mai dernier, un fourgon pénitentiaire est attaqué alors qu'il se situe au niveau du péage d’Incarville, dans l'Eure. Le bilan de la fusillade est lourd : deux agents sont tués, trois autres sont blessés et un prisonnier devient l’un des fugitifs les plus recherchés de France.
Le prisonnier évadé est Mohamed Amra. Connu pour des histoires de trafics de stupéfiants, lié au grand banditisme, l'homme âgé de 30 ans a été condamné à de nombreuses reprises. Plus de sept mois après, celui que l'on surnomme "La Mouche" ainsi que son commando restent introuvables. L’enquête avance dans le secret.
Cette attaque restera gravée dans la mémoire des Normands et laisse des familles endeuillées. En septembre dernier, un hommage vibrant a été rendu à Fabrice Moello, 52 ans et Arnaud Garcia, 35 ans, les deux agents pénitentiaires décédés, en présence des familles des victimes.
Les deux hommes étaient collègues au sein du Pôle de rattachement des extractions judiciaires (PREJ) à Caen. Fabrice Moello occupait la fonction de capitaine pénitentiaire et Arnaud Garcia celle de surveillant brigadier.
Rebondissements dans la disparition du petit Mathis
Le mois de mai a aussi été marqué par un gros rebondissement judiciaire, dans l'affaire Mathis, ce petit garçon caennais disparu en 2011. Initialement, son père, Sylvain Jouanneau, avait été condamné à 20 ans de réclusion criminelle pour enlèvement et séquestration. Il est désormais mis en examen pour homicide volontaire car de nouveaux éléments sont apparus.
Si le père de Mathis est désormais poursuivi pour homicide, c'est que les relevés ADN effectués dans le véhicule avec lequel il aurait fui avec son fils ont abouti à la découverte "d'un génotype masculin dont le profil est susceptible de correspondre à celui de Mathis", a indiqué le président de la chambre de l'instruction.
De son côté, Sylvain Jouanneau clame depuis le début de l'affaire ne pas avoir tué son fils, mais l'avoir confié à un tiers.
Douze ans et demi après la disparition de Mathis, un nouveau procès pourrait avoir lieu, et l'on pourrait assister au dénouement de cette affaire à nul autre pareil en France.
Neuf minutes d’enfer
Pas de surprise en revanche dans les procès pour féminicides et infanticides. En 2020, François Foulon, pompier de 49 ans, avait étranglé et asphyxié sa femme Céline Firma, pendant 9 longues minutes.
La victime, originaire de Modane (Savoie), avait 38 ans au moment des faits. Elle avait été transportée au CHU de Caen après sa découverte à Ifs (Calvados), à son domicile, un sac en plastique sur la tête, une cordelette serrée autour du cou.
On lutte pour éviter ces féminicides. Il y aura toujours, malheureusement, des hommes, dont la fragilité, a un moment de leur existence, peut les faire basculer.
Maître Louis Balling, avocat de François Foulon
Après avoir relaté les faits et étudié la situation du couple, l’expert psychiatre avait énoncé ses conclusions : François Foulon était dans un état dépressif au moment des faits, mais aussi dans un état possessif où il était incapable d’imaginer de vivre sans sa femme.
L'homme a été condamné en janvier dernier à 22 ans de détention, dont 11 ans de sûreté par la cour d'assises du Calvados.
Un crime avoué
Un autre procès pour féminicide a marqué les esprits en septembre dernier. Celui d'Evan Jean, qui en janvier 2021, dans un contexte de séparation, avait tué sa compagne Laura Tavares, à coups de marteau et de couteau, à Alençon (Orne).
Un déferlement de violence qui aurait pour origine leur séparation, survenue quelques mois plus tôt. L'ex-compagnon de Laura Tavares, de tempérament violent et jaloux, s'était rendu au commissariat d'Alençon deux jours après la découverte du corps. Il avait alors reconnu le crime en avouant "une grosse bêtise".
L'absence de l'apprentie coiffeuse avait alerté sa patronne qui s'était rendue à son domicile, jeudi 14 janvier, pour s'enquérir de son état de santé. Elle avait retrouvé le corps de Laura ensanglantée.
C'est inhumain ce que j'ai fait, je suis sincèrement désolé pour la famille de la victime
Evan Jean, lors de son procès aux Assises de l'Orne, septembre 2024
L'homme, décrit comme violent, possessif et impulsif, a été jugé devant la cour d'assises de l'Orne et a été condamné à 28 ans de réclusion, avec une peine de sûreté de 18 ans.
Mort de Lucie, bébé violenté
Comment comprendre l’incompréhensible ? Le verdict est tombé début juillet lors du procès des parents de la petite Lucie, âgée d'un mois à peine, maltraitée et violentée par son père.
L'homme a été condamné par la cour d'assises de l'Eure à 20 ans de réclusion criminelle. La mère a été condamnée à 7 ans d'emprisonnement, et placée immédiatement sous mandat de dépôt.
Je demande pardon à mes enfants. Je ne les oublierai jamais.
Gaëtan, le père de la petite Lucie, lors de son procès
Le 20 décembre 2020, les pompiers de l'Eure avaient retrouvé le bébé décédé, avec de multiples fractures sur tout le corps. Ses deux aînés étaient aussi victimes de violences de la part de leurs parents.
La famille vivait à l'époque à cinq dans une caravane à La Chapelle Longueville dans l'Eure, dans une promiscuité et un manque d'hygiène propices à toutes les violences. Émilie, la maman de Lucie, maltraitait quant à elle les deux aînés, et n'a pas protégé son nouveau-né des violences paternelles.
La petite Célya, six ans, tuée dans la nuit
Un autre enfant a aussi été victime des coups d'un adulte et a succombé à ses blessures. La petite Célya, âgée de 6 ans, a été retrouvée morte en juillet dernier dans un bois à Saint-Martin-de-l’If, en Seine-Maritime, quelques heures après le déclenchement du dispositif "alerte enlèvement".
L'examen du corps de la fillette avait mis en évidence des faits d'une extrême violence, avec un fracas majeur à l'arrière du crâne, qui a très "probablement causé son décès", avait indiqué le procureur lors d'une conférence de presse.
Le principal suspect est son beau-père, il est toujours en détention en attendant son procès. Souffrant de troubles, il avait été hospitalisé d’office au Centre Hospitalier du Rouvray après "des propos délirants". Depuis, l’homme âgé de 42 ans est toujours maintenu au sein de l’établissement.
Un jeune poignardé sur le parking d'une boîte de nuit
Un autre meurtre a profondément choqué les Normands cette année : celui de Kilian Binard, jeune boxeur de 17 ans poignardé à la gorge fin septembre alors qu'il sortait d'une boîte de nuit à Subles (Calvados), près de Bayeux.
Une banale dispute causée par un verre renversé serait à l'origine de ce drame. La personne ayant asséné le coup de couteau mortel aurait au préalable récupéré l'arme blanche dans sa voiture, garée sur le parking.
Un suspect de 24 ans, intérimaire dans le bâtiment, a été arrêté. Il a reconnu les faits, sans intention de tuer, selon ses dires. Une information judiciaire pour meurtre a été ouverte. Il encourt une peine maximale de 30 ans de réclusion criminelle.
Un procès à rebondissements
Cinq accusés ont comparu pendant une semaine, du 17 au 24 janvier, devant la cour d'assises de Caen dans le cadre du procès pour le meurtre de Nabil, jeune homme de 18 ans tué d'un coup de fusil en 2020, dans le quartier de la Pierre Heuzé à Caen.
J'ai vu Nabil sortir de l'immeuble en courant. Un homme cagoulé s'est mis en position, a pointé son fusil dans sa direction avant de tirer volontairement. Il est ensuite resté trois minutes à regarder Nabil, tombé sur la pelouse, avant de prendre la fuite.
Une témoin anonyme au procès du meurtre de Nabil
Lors de ce procès, un témoignage "surprise" a tout bouleversé. Une habitante du quartier a affirmé avoir tout vu. Un rebondissement comme on en voit rarement. Âgée de 30 ans, elle n'avait jusqu'alors jamais pris la parole "par peur" et "profondément choquée" par ce qu'elle prétend avoir vu. C'est de manière anonyme qu'elle s'exprime, en visioconférence depuis un bureau du palais de justice.
La trentenaire a expliqué avoir vu l'assassin cagoulé et armé "tirer volontairement" sur la victime. Verdict : 18 ans de prison pour Dylan Roberge, le tireur et 15 ans pour son complice, Walid Boulahia.
Une adolescente retrouvée
Enfin, le soulagement pour la famille de Morgane Rivoal, cette adolescente bretonne de 13 ans, qui avait fugué fin novembre.
Elle a été retrouvée vivante deux semaines plus tard à Coutances dans la Manche, hébergée par un individu de 21 ans dans un foyer de jeunes travailleurs. L'homme a été "immédiatement placé en garde à vue du chef d'arrestation, enlèvement, séquestration sur mineur de moins de 15 ans", a précisé le parquet de Saint-Brieuc.
Je me réjouis d'avoir retrouvé Morgane. Nous allons fermer le foyer aux personnes extérieures pour protéger nos résidents. Une cellule psychologique a été mise en place pour les agents.
Jean-Dominique Bourdin, maire de Coutances (Manche)
L'homme a reconnu avoir eu une relation sexuelle avec elle et a été mis en examen pour soustraction et viol sur mineur.