Trois ans et demi après le décès de Céline, 38 ans, son conjoint a été condamné à 22 ans de détention, dont 11 de sûreté par la Cour d'Assises du Calvados, pour meurtre sur conjoint.
“On parle bien de féminicide”. Accusé de "meurtre par conjoint", après le décès de Céline Firma le 16 juillet 2020, François Foulon est condamné à 22 ans de prison, dont 11 ans de sûreté.
La victime, originaire de Modane, avait 38 ans au moment des faits. Elle avait été transportée au CHU de Caen après sa découverte à Ifs, à son domicile, un sac en plastique sur la tête, une cordelette serrée autour du cou.
Les deux fils de la victime, âgés de 16 et 20 ans, étaient présents sur le banc des parties civiles, entourés par leur oncle, leur grand-mère et leur grand-père.
Neuf minutes d’enfer
Après deux jours de procès, François Foulon, qui avait déjà reconnu les faits en juillet 2020, a adressé en pleurs ses derniers mots à sa belle-famille, “je vous ai toujours considéré comme ma propre famille. J’ai trahi la marque d’amour que vous m'avez donnée”.
Face à ses enfants, dont seul l’aîné accepte encore de lui parler, le condamné a déclaré : “aucune peine ne pourra ramener votre mère. La seule justice serait de retirer ma vie.” La fin d’une séquence très difficile où la scène du meurtre a été étudiée.
François a étouffé Céline en lui mettant un sac sur la tête, en serrant la cordelette du sac pour l’étrangler et n’a pas lâché alors qu’elle s’est débattue pendant neuf minutes pour survivre.
40 à 50 lésions ont été constatées sur le corps de la victime, ainsi qu’une fracture du nez. Une scène d’horreur à laquelle n’avait pas assisté les enfants, le 16 juin 2020, mais à laquelle ils ont été confrontés ce mardi 16 janvier 2024.
"C'est un crime par égocentrisme"
Après avoir relaté les faits et étudié la situation du couple lundi, l’expert psychiatre a énoncé ses conclusions mardi 16 janvier : François Foulon était dans un état dépressif au moment des faits, mais aussi dans un état possessif où il était incapable d’imaginer de vivre sans sa femme.
C'est un crime dicté par la peur de l’abandon, par égocentrisme et par le fait que l’on n'accepte pas qu’une femme souhaite reprendre sa liberté.
Pierre Vrinat, l’avocat générallors du procès de la cour d'assises du Calvados
Empêtré dans une séparation conflictuelle devenue toxique au fil des semaines, il n’a pas accepté l’émancipation de sa femme. En effet, l’homme ne supportait plus la situation que vivait le couple depuis plusieurs mois.
Céline était connue dans le milieu du sport. Elle avait occupé plusieurs postes dans la région, dont le dernier en tant que directrice adjointe du centre aquatique de Bayeux. Elle avait aussi été triathlète. Une passion qu'elle a longtemps partagée avec son conjoint, François.
Les premiers moments de violence
Mais après avoir participé à plusieurs compétitions et IronMen, Céline a été victime de quelques blessures physiques. Elle s'est alors détachée du sport et davantage investie dans son travail et ses relations amicales. La violence psychologique de la part de son mari a débuté
Le couple s'est délité en début d'année 2020. Les aveux de Céline d’une relation extraconjugale ont “détruit François”, selon son avocat Me Louis Balling. Il avait lui-même entretenu une relation avec une collègue de la caserne en 2007 et celle de Céline avait pris fin rapidement.
Les reproches incessants concernant cette relation ont convaincu Céline de partir. Mais François n'a pas compris la séparation. Mardi, à la barre, il a déclaré “qu’il avait toujours eu espoir de sauver son couple”, notamment lors de son retour précipité de Savoie dans la nuit du 15 juillet 2020.
Les faits qui se sont déroulés le 16 juillet, au matin, lui prouvent le contraire. A son arrivée à son domicile à Ifs, Céline était là, prête à aller courir. Une dispute a éclaté. Lorsque les deux s’apprêtaient à partir chacun de leur côté, François aurait enfin assimilé les faits. Il s’est emparé d’un sac dans le garage et s'est jeté sur Céline.
"Si ce n'était pas nécessairement prévisible, c'était écrit", estime Pierre Vrinat.
La Cour d'Assises a condamné François Foulon à 22 ans de réclusion criminelle, à l'interdiction de détenir une arme pendant 10 ans et à une peine d'inéligibilité de 5 ans.