Deux morts et trois blessés, dont un toujours en urgence absolu. La pénitentiaire pleure ses collègues attaqués ce mardi 14 mai 2024 au péage d'Incarville, près de Val-de-Reuil dans l'Eure, alors qu'ils effectuaient une extraction judiciaire.
Ils étaient cinq agents pour transférer Mohamed Amra entre le tribunal judiciaire d'Évreux et la prison de Rouen. Un trajet planifié depuis plusieurs semaines. Rien ne laissait présager d'une telle attaque. Ils étaient tous affectés au Prej de Caen, le Pôle de rattachement des extractions judiciaires et menés par Fabrice, un officier d'expérience, présent sur le terrain.
Fabrice, 52 ans, était père de deux enfants
Fabrice était installé au Hom, près de Thury-Harcourt, en Suisse-Normande depuis 25 ans avec sa famille, originaire de Bretagne. Ses jumeaux devaient fêter leurs 21 ans cette semaine. D'après Philippe Lagalle, maire de la commune, c'était un grand sportif, qui participait à de nombreux trails avec sa compagne et un groupe de coureurs du coin. Une famille, on ne peut plus paisible, qui n'a jamais fait parler d'elle. "Elle s'était installée dans un petit havre de paix... sans doute une façon de se dégager de la pression qui peut y avoir dans l'activité d'un agent pénitentiaire" explique le maire.
Car Fabrice était le responsable de la Prej de Caen. Cadelus Savois, agent pénitentiaire au Prej de Val-de-Reuil le connaissait depuis longtemps. Ils ont travaillé ensemble sur des missions de plusieurs jours, quand une Prej venait en renforcer une autre.
Fabrice, c'était un très bon collègue. Quelqu'un de respectable. Quelqu'un qui faisait bien son travail. Une bonne personne.
Cadelus Savois, agent pénitentiaire au Prej de Val-de-Reuil
Fabrice est décédé hier lors de l'attaque, tout comme un de ses collègues, dont la femme était enceinte de 5 mois.
Arnaud Garcia, 35 ans, allait être papa
Arnaud Garcia vivait à Blangy-le-Château dans le Pays d'Auge, où il a grandi. Il était le fils de l'ancien commandant de gendarmerie de la commune. Avec sa femme, ils attendaient un heureux évènement. Son ami d'enfance, le maire de Blangy-le-Château, a publié un article sur Facebook pour rendre hommage à Arnaud qui "détestait l'injustice".
Arnaud, ce héros est parti, en exerçant le métier qu'il rêvait, cet uniforme qu'il portait fièrement l'a rendu vulnérable, sa foi en la justice et l'ordre a été mise à l'épreuve. Ces forcenés ne devraient plus croiser la route des Arnaud et de tous ces hommes engagés pour faire de notre pays un Blangy paisible et préservé.
Dorian Coge, maire de Blangy-le-Château et ami d'Arnaud GarciaLe P’tit CastelBlangeois
Deux morts et trois blessés
Lors de cette attaque, trois autres agents de la Prej ont été blessés.
D'après nos sources, l'un d'entre eux a été touché à l'artère fémorale. Il a été opéré hier au CHU de Rouen et placé dans le coma compte tenu de son état.
Le deuxième, touché à l'oreille, a été opéré au CHU de Caen. Il est toujours hospitalisé et serait hors de danger.
Tout comme le dernier, touché à l'épaule, et opéré au CHU de Rouen. Il devrait être transféré au CHU de Caen très prochainement.
La pénitentiaire en deuil
Rassemblés ce matin, un peu partout en France, les agents pénitentiaires ont tenu à rendre hommage à leurs collègues. À Caen, la minute de silence de 11h était particulièrement chargée en émotion.
Ce sont des personnes qui avaient au moins 20 ans de pénitentiaire. Ils ont commencé en tant qu’agent. Ce sont des personnels habitués à faire ces extractions. Mais on n’est jamais prêt à une attaque comme celle-ci, avec des armes de guerre.
Julien, secrétaire UFAP du centre pénitentiaire de Caen-Ifs
D'après Laure Beccuau, procureure de Paris, les constatations sur place permettent de penser que certains ont pu faire usage de leur arme de service. Mais ils n'ont rien pu faire face à une telle violence.