Pro et anti-chasse : peut-on sortir intelligemment du conflit ?

L'ouverture de la chasse, c'est ce dimanche 13 septembre. En déclarant récemment qu'il fallait aller vers une disparition progressive de la chasse en France, le député EELV Yannick Jadot a ravivé une polémique en crispation. Illustration en Dordogne, terre de chasseurs.

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La polémique est ancienne, et l'écologiste Yannick Jadot a remis le feu aux poudres en affirmant le 6 septembre dernier sur France Info qu'en France "il faudra sortir de la chasse", et en considérant que cette pratique ne pouvait pas être un loisir. La formule a aussitôt enflammé les pro et les anti, clouant le bec au débat constructif. 

"Il y a le bon chasseur, pis y'a le mauvais chasseur, quoi !" le sketch des inconnus a beau dater d'un quart de siècle, il reste dans la mémoire collective. La parodie des chasseurs pour qui le canon est plus lié à la bouteille qu'au fusil a la peau dure.

Mais la franche rigolade qu'il déclenchait il y a 25 ans s'est transformée en une très sérieuse question de société. Contrairement à 1995, en 2020 la remise en question de la chasse en France commence à être sérieusement envisagée.

La traque des associations de défense animale

La prise de conscience écologique est passée par là, tout comme la disparition de la biodiversité, la démission de Nicolas Hulot, le véganisme, la loi du 6 février 2015 qui reconnaît l'animal comme un être vivant doué de sensibilité, et la très récente proposition de référendum d’initiative partagée (RIP) contre la maltraitance animale lancée le 2 juillet dernier qui a réuni déjà plus de 670 000 signataires.

Sur les réseaux sociaux, dans les médias, la guerre à la chasse est ouverte. Les associations de lutte pour la protection animale se multiplient, se structurent, occupent le terrain, luttent pied à pied contre les lobbies de la chasse et exercent une pression incessante. Elles dénoncent les manquements aux réglementations européennes, traquent tour à tour la chasse à courre, le piégeage à la glu, la chasse à la palombe...

Une radicalisation dans les deux camps

De plus en plus, les 1,1 millions de chasseurs français sont pointés du doigt. Obligés de se justifier, ils évoquent la protection des cultures, la régulation des espèces nuisibles, la tradition. Et ils s'enferment dans une posture que l'opinion publique trouve de moins en moins défendable.

En 2018, un sondage One-Voice IPSOS indiquait que seuls 19% des français étaient favorable à la chasse. 84% des sondés trouvent cette pratique dangereuse pour eux, cruelle pour les animaux, et faisant certes partie du patrimoine français, mais d’un autre âge. Un terreau pour les extrêmistes de tout poil, d'un bord comme de l'autre, pour qui le triomphe de leur opinion compte plus qu'une solution éclairée.

2,5 fois plus de chasseurs en Dordogne qu'ailleurs

La Dordogne est depuis toujours une terre de chasseurs. En mars 2020, 4,14% de la population y est titulaire d'un permis de chasse. C'est 2,5 fois plus que le pourcentage national. Comme au niveau national, l'activité reste une affaire d'homme, on ne compte que 2% de femmes.

Un chiffre en baisse. Ils sont 17 255 cettte année contre 19 243 l'année précédente. La fédération départementale de chasse explique le phénomène par la validation nationale de certains chasseurs qui sortent des comptages départementaux, mais aussi par une baisse régulière des effectifs. Environ 500 de moins par an.

Ici comme ailleurs, le chasseur est âgé. 58 ans en moyenne. Et l'on compte beaucoup plus de vieux chasseurs que de jeunes recrues.

Du mal à recruter

Pourtant les chasseurs encouragent les nouvelles inscriptions. 317 cette année, avec un pic entre juin et décembre. Là encore, les chiffres étaient plus élevés l'an dernier. En 2019 il y avait eu 430 candidats. Une baisse que la Fédération attribue à l’annulation de formations pendant 2 mois et demi pour cause de covid.

Pour maîtriser les accidents de chasse (en 20 ans en France, plus de 410 personnes ont perdu la vie des suites d'un des 2 792 accidents de chasse recensés par l'ONCFS), dévastateurs pour leur image, plus de 3000 chasseurs  du département ont suivi une formation à la sécurité ces 3 dernières années, rappels pour manipulation des armes, sécurité en battue, etc. Formations qui deviennent obligatoires avec la réforme de la chasse.

La chasse : la mise à mort... ou la mort naturelle ?

Pas sûr que cela suffise à convertir l'opinion publique à leur cause, et à endiguer la fuite des fusils. En 1975, l'hexagone comptait 2 400 000 chasseurs. Mais depuis l'hémorragie est constante, avec une perte de 2 à 3 % des effectifs par an pour atteindre 1,1 Million aujourd'hui (et encore moins que cela selon les opposants).

N'en déplaise aux chasseurs, la chasse en France semble donc aller vers une disparition naturelle progressive. Un phénomène auquel les opposants préfèreraient une mise à mort rapide. 

 

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