Symbole festif, le sapin de Noël a failli être la prochaine victime collatérale de la crise sanitaire.  Ces derniers jours la vente s'est arrêtée, les acheteurs avaient suspendu leurs commandes de ce produit jugé "non-essentiel" par le gouvernement. Illustration en Dordogne

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À cette saison, d'ordinaire, ils ont du sapin sur la planche. Pendant deux mois, de mi-octobre à mi-décembre, c'est la pleine période dans les exploitations agricoles. Début novembre, les arbres commandés dés l'été sont coupés, emballés, mis sur palette et livrés. Mais cette année, les producteurs de sapin de Noël ont plutôt eu "les boules" car jusqu'alors leurs acheteurs, grossistes, fleuristes et horticulteurs, n'avaient pas été autorisés à vendre le sapin qui n'était pas un "produit essentiel". Il avaient donc gelé leurs commandes.

Six millions de sapins naturels chaque année

En jeu, six millions de sapins naturels vendus chaque année en France, selon l'Association Française du Sapin de Noël Naturel (AFSNN). Et des centaines de saisonniers pré-embauchés pour certains, mais privés d'activités. Sont concernés non seulement les sapins coupés, mais aussi les dérivés, sapins en pot, branches décoratives, ou sapins destinés au floquage qui n'ont pas été commandés par les fleuristes et jardineries.

Voyant leur filière directement menacée, les professionnels en ont appellé au ministre délégué aux PME, Alain Griset, pour tenter d'assouplir les règles de vente. En fin de semaine dernière, ce dernier a proposé au Premier Ministre d'envisager l'autorisation d'ouverture de "lieux de distribution" en extérieur où la vente pouvait se faire sous certaines conditions. 
Une dérogation compatible avec les pratiques habituelles. Traditionnellement, les ventes de sapins s'opèrent déjà sur des parkings extérieurs de grandes surfaces, ou dans des pépinières à ciel ouvert. Il suffisait de compléter le dispositif par des règles de distanciation adéquates.
C'était en tout cas le scénario idéal imaginé par Frédéric Naudet, président de l'AFSNN, et finalement validé par le Gouvernement. Un vrai cadeau de Noël ! Il faut dire qu'il y avait le feu aux branches.  Car les commandes des revendeurs passées plusieurs mois auparavant commencent généralement à être livrées fin novembre-début décembre et le travail doit s'anticiper.
 Pour préparer un sapin, il faut couper, tailler le pied, mettre en filet, ramasser et conditionner en palette, un minimum de 5 jours est nécessaire, auxquels il faut ajouter l'expédition.

En Dordogne, Philippe Alary se prépare

Producteur de fleurs coupées depuis 50 ans, Philippe Alary s'est spécialisé dans le sapin de Noël il y a 15 ans. Environ 120 000 sapins 100% made in Dordogne sont plantés sur ses 15 hectares entre Vélines et Saint-Antoine de Breuilh. Ici, les 2 producteurs adhérents de la coopérative Rosedor ont fait le choix de préparer les commandes malgré tout. À un mois et demi de Noël environ, une vingtaine de personnes étiquettent, calibrent, découpent, emballent et livrent les sapins âgés de 5 à 8 ans.

Des arbres que l'on pourra retrouver dans tout l'ouest de la France, de Brest à Toulouse. La variété ici, ce sont des Nordmann aux épines fournies et résistantes, la variété la plus populaire (74% des sapins vendus en France). La différence cette année, c'est qu'on ne préparera que 6000 sapins, environ 60 % de moins que l’an dernier.

    Ne pas se laisser abattre

    Si l'on veut voir le verre à moitié plein, il reste 5 bonnes raisons de rester optimiste pour les sapins français : 
    • Certes, une partie des sapins risque de ne pas se vendre, mais un sapin sur pied ne se perd pas. On imagine que les sapins les plus gros seront proposés à la vente pour éviter qu'ils ne soient plus commercialisables l'an prochain, et que les autres poursuivront leur croissance. La perte sera donc limitée, même si une éclaircie sera nécessaire pour laisser de la place aux sapins restants.
    • Ensuite, une vente de proximité et en extérieur est possible, et même habituelle pour les sapins. Le Français aime venir chercher lui-même "son" sapin, et si possible accompagné par ses enfants. Pas de gros changement de dispositif à imaginer si le gouvernement donne son autorisation.
    • Au final, le phénomène pourrait même profiter aux sapins naturels face aux sapins artificiels vendus en ligne depuis l'autre bout du monde. L'autre produit phare de Noël, le jouet, n'a pas cette chance.
    • Dans cette période perturbée, le sapin de Noël reste un symbole traditionnel fort, vers lequel les familles aimeront sans doute à se tourner cette année. Et ce d'autant plus que la pandémie en forcera beaucoup à passer les fêtes en cercles familiaux rapprochés

     
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