Pas vraiment mis à la poubelle mais plutôt en révision de copie, la redevance incitative des déchets en Dordogne prévue l'an prochain est repoussé à 2023. Le temps d'affiner, et de faire passer la pilule. Une manifestation est maintenue le 13 juillet
Patience et longueur de temps...
Revoir sa copie plutôt que de s'entêter lorsque les choses clochent, c'est la sagesse même. Laisser le temps calmer les esprits aussi. C'est la politique du Syndicat Mixte des Déchets de la Dordogne (SMD3) qui repousse d'un an sa taxation des déchets ménagers non-recyclables à la quantité, pour l'appliquer en 2023.
Changement d'habitudes
La Dordogne n'est pas la seule à observer cet atermoiement. Un peu partout en France, le système prévu pour menacer les foyers qui jettent trop de payer plus a suscité les levées de boucliers des citoyens, de certains élus locaux et d'associations. D'autant que la mise en place des bornes d'apport volontaires signifie la fin du ramassage en porte-à-porte, et donc l'obligation pour chacun de trier, stocker puis convoyer lui-même ses déchets.
La réduction miraculeuse des déchets
En Dordogne, affirme le SMD3, la mise en place de ces bornes aurait déjà fait baisser la quantité d'ordures ménagères de 30 à 40 %, et augmenter celle des recyclables de 15% ! On veut y voir un premier effet de tri vertueux, plutôt qu'un simple transfert de déchets d'un sac à l'autre, ou des ordures laissées négligemment dans la nature.
Poubelle des villes, poubelle des champs
Si personne ne conteste l'intérêt de réduire sa quantité de déchets, le projet du SMD3 pêchait néanmoins par plusieurs aspects. Concernant l'arrêt du porte-à-porte, l'apport volontaire semble évident en ville, où la borne d'apport volontaire se trouve souvent à deux pas de la porte de l'immeuble. Dans les zones rurales, l'utilisation de la voiture est inévitable... quand on a une voiture.
Et puis, supprimer un camion pour mettre sur les routes des centaines de voitures qui n'ont rien à y faire est d'un intérêt écologique douteux.
Enfin, les personnes isolées, âgées ou en difficulté de mobilité apprécient moyennement de devoir demander ce service à leur aide ménagère, à la famille ou au voisinage.
Des couches supplémentaires
Le volet financier ne brillait pas non plus par son équité. Taxer les mauvais consommateurs qui jettent à tout crin sans trier, pourquoi pas. Surtaxer les personnes âgées incontinentes ou les jeunes parents qui n'ont pas d'autre choix que de mettre leurs couches jetables à la poubelle, c'est différent.
Copie recyclée
Motifs pour lesquels le SMD3 annonce une révision de son projet initial, comprenant une meilleure concertation avec les usagers et l'étude d'une tarification sociale par foyer plus équitable. En gros, seuls les moins pauvres paieront plus. Parmi les autres ajustements les bornes d'apport volontaires qui devaient ne s'ouvrir qu'avec une carte personnelle pourraient l'être via une application téléphonique, et un traitement des biodéchets innovant est à l'étude pour Périgueux et Eymet.
Au coin de la poubelle, le privé aux aguets ?
Malgré ces efforts, les opposants maintiennent leur appel à manifestation pour conserver la collecte des ordures en porte-à-porte. Le Collectif des usagers mécontents de la collecte des déchets en Dordogne portera banderoles ce mardi 13 juillet à 14 heures devant le Syndicat mixte départemental des déchets de la Dordogne (SMD3) à Coulounieix-Chamiers. Il fera également distribuer des tracts et signer des pétitions sur les marchés. Un mouvement auquel se sont associés les retraités de la CGT et d’autres associations, craignant eux aussi la privatisation à terme de ce Service Public. Mais ce serait vraiment de la mauvaise foi d'imaginer qu'on mette en place un système de gestion performant et rentable dans un Service Public avant de le céder aux mains du privé.