Si la vie de Joséphine Baker est passionnée intense et engagée, elle est par ailleurs très onéreuse et la nature généreuse, donc dispendieuse, de la star la fait basculer dans une misère toute aussi intense.

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Elle qui a évolué enfant dans une grande misère, se montre très généreuse tout au long de sa carrière. Son engagement auprès de ses plus de 4000 filleuls de guerre en témoigne, tout comme les tournées sur le front qu’elle organise à ses frais. Mais le revers est assez constant tout au long de sa vie.
Si elle sait utiliser son image pour commercialiser des produits dérivés à son effigie ou organiser de nouveaux concerts pour se refaire financièrement, elle connaît beaucoup de hauts et de bas.

Les Milandes : une utopie

Accompagnée dans son utopie par son mari Jo Bouillon, Joséphine entend bien en faire une réalité tangible. Ils réalisent ainsi tous deux des travaux considérables dans cette propriété de 300 hectares pour en faire un vrai site d’attraction touristique: deux hôtels sont bâtis, un golf miniature, des courts de tennis, un musée de cire, des écuries, un bureau de poste, une station essence, un héliport…

 « Ce parc d’attractions reçût jusqu’à 250 000 à 300 000 personnes. On peut même dire que c’est Joséphine Baker qui a lancé le tourisme en Périgord. Elle avait racheté des maisons autour du château, elle a crée plusieurs restaurants et a même installé un hôtel de grand luxe, la Chartreuse. Une centaine de personnes travaillaient à son service.

Elle avait monté une station Esso pour son frère, une boulangerie pour sa sœur, et organisé le ramassage scolaire pour ces 12 enfants. Elle a fait venir ici l’électricité, l’eau courante, le chauffage central. Elle donnait beaucoup et énormément de personnes ont abusé d’elle ». raconte Angélique de Saint-Exupéry, actuelle propriétaire du Château des Milandes.

La tribu arc-en-ciel de Joséphine Baker. L'artiste a adopté douze enfants. © France 3 Aquitaine

Car Joséphine ne voit les choses qu’en grand... Quand elle commence à adopter des enfants de toute origine, elle en adopte douze.

De ce fait, cet immense domaine comme l’éducation de ses douze enfants coûtent cher. Joséphine a beau travailler d'arrache-pied, multipliant les concerts dans la salle de spectacle qu’elle a fait construire également, elle s'endette d'année en année…

Les Milandes : un gouffre aussi

Le but ultime de l’aménagement des Milandes est d’en faire une capitale de la fraternité. Pour cela, il lui faut encore construire le « Collège de la fraternité » pour lequel elle cherche constamment des financements.

Mais finalement, lassé des excès de sa femme, Jo Bouillon quitte Joséphine en 1957. Le couple divorce finalement en 1961.

Seule aux commandes, d’un tel ensemble avec au plus fort 120 employés, Joséphine Baker voit les dettes s’accumuler.

Au printemps 1964, tandis qu’elle remonte sur scène à l’Olympia à 58 ans pour gagner de l’argent, elle en profite pour communiquer autour de ses difficultés financières.
Il lui faut alors régler 200 millions d’anciens francs et se voit contrainte de vendre le château.  Brigitte Bardot l’entend, et le 4 juin 1964, elle demande à être reçue à la télévision pour lancer un appel à la générosité de tous.
L’appel est entendu et les dons affluent. Font jour également des offres de rachat, dont celle de Trigano, créateurs des Clubs Med. Il propose à Joséphine Baker l’usufruit du château. Elle refuse. Mais Brigitte Bardot n’offre qu’un sursis.

Réaction de Joséphine Baker à l'afflux de dons suite à l'appel de Brigitte Bardot

Dernières notes

 En 1968, les Milandes sont en ruine. Plus de deux millions d’anciens francs doivent encore être remboursés, les créanciers se bousculent.

Bruno Coquatrix, directeur général de l'Olympia de Paris, se propose un temps, de le racheter mais ne se présente pas à Bergerac le jour de la vente.

Le château est donc revendu, mal, 1/10è de sa valeur à la barre du tribunal de Bergerac. Joséphine Baker renonce à son rêve mais pas tout de suite.

Entre temps se joue un feuilleton dramatique en plein cœur de la propriété, dont la star est la principale actrice. Elle décide de faire le siège du château, qui ne lui appartient plus désormais. Depuis la cuisine, seul endroit encore chauffé de la bâtisse, elle apparait combattive face aux rares personnes qui viennent la voir. Mais déjà sur un lit de camp, avec son chat et quelques vivres, l’image de miséreuse barricadée est forte.  

Cette occupation illicite dure tout l’hiver et se conclue le 15 mars 1969 au petit matin par une image tragique qui marque les esprits de nombreux français. Elle est littéralement jetée dehors par les entrepreneurs missionnés par le nouveau propriétaire.

Solidarité autour de Joséphine

Joséphine Baker se retrouve alors sans le sous, hébergée un temps par Jean-Claude Brialy.

Mais c’est une autre star américaine qui va venir à son secours. Choquée par le sort de sa compatriote, celle qui a assisté médusée aux évènements du Stork club à New York en 1951, Grace de Monaco, lui propose son aide.

Elle lui achète une maison à Roquebrune, non loin de Monaco, pour elle et ses enfants. Elle l’aide financièrement et moralement à élever la grande tribu. La vie devient plus simple "À Roquebrune, elle pouvait nous réveiller tous en pleine nuit parce qu’elle avait vu une étoile filante. Il était évidemment trop tard quand nous arrivions" se remémore l’un de ses fils, Luis Bouillon-Baker.

durée de la vidéo : 00h03mn00s


De la scène aux étoiles

Joséphine décède d’une attaque cérébrale en avril 1975, au lendemain d’une soirée de spectacle où elle a fait un triomphe.

C’est donc à l’artiste, mais aussi à la femme engagée et généreuse, que la foule et les membres de l’Etat français sont venus rendre un hommage militaire et national lors de ses funérailles, le 15 avril 1975. Étaient présents à ses obsèques le maire de Paris, le ministre de la Culture, le gendre du Général de Gaulle, mais aussi l’actrice Sophia Loren et la princesse Grace de Monaco, qui lui offre sa dernière demeure : une sépulture au cimetière marin de Monaco.

Et c’est ainsi qu’il en sera à jamais. Comme l'a précisé Jean-Claude Bouillon-Baker, l'un de ses enfants, le corps de Joséphine Baker "restera à Monaco, où elle est enterrée au cimetière marin". Le Panthéon accueillera lui un cénotaphe (un tombeau vide) signalé par une plaque, comme pour Aimé Césaire et d'autres personnalités.

« Joséphine Baker :  du Music-Hall au Panthéon »

France 3 Nouvelle Aquitaine vous propose une émission spéciale de 52 minutes depuis le château des Milandes. Elle est présentée par Emilie Bersars et préparée par Sébastien Bouwy.



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