Après les annonces du groupe Lecta de supprimer 174 postes au sein des papeteries de Condat, une centaine de salariés ont reçu leur lettre de licenciement. Une nouvelle difficile à encaisser, à quelques jours des fêtes de Noël.
La lettre est arrivée dans leurs boîtes aux lettres la semaine dernière. Quelques mots, qui fixent définitivement leur sort. “Cette restructuration est vitale (...), elle entraîne des modifications et des suppressions de poste, dont celui que vous occupez actuellement”, relate le courrier. Un coup dur pour les destinataires, salariés des Papeteries de Condat, au Lardin-Saint-Lazare en Dordogne. La disparition de plus d'une centaine de postes, sur les 412 que comptait ce site historique, a été actée début octobre.
Pressentiments
Jonathan Granger fait partie des premiers destinataires. “Je l’ai reçue il y a trois semaines. Je partais au travail, j’ai croisé la postière, j’ai eu un pressentiment. J’ai fait demi-tour et je suis arrivé juste à temps pour signer le recommandé”, se souvient celui qui travaillait depuis trois ans sur la ligne 4, fermée depuis huit mois.
En chômage technique depuis la fermeture de la ligne, Jonathan se projette déjà vers l’avenir. “Ce sont les rencontres, l’humain, qui vont me manquer le plus. Mais je cherche déjà du travail, je n’aurais pas fini ma carrière à Condat”, tente de positiver le désormais ex-salarié des papeteries.
Pour Cédric, employé depuis 23 ans, la pilule a encore du mal à passer. Celui qui a grandi en face des papeteries s’était pourtant déjà préparé. “Mon casier était vide et j’avais déjà fait des recherches pour un départ volontaire”, indique le salarié.
À dix jours de Noël, c’est inhumain.
Cédric de Castro Oliveirasalarié des Papeteries de Condat
Pour autant, il a encore du mal à réaliser, après toutes ces années dans l’usine de papier. “Mes enfants sont tracassés, le plus grand en a cauchemardé. Faire ça juste avant les fêtes… heureusement que je suis bien entouré”, glisse Cédric de Castro Oliveira, “dépité” d’avoir été licencié sans entretien. “Vous n’êtes rien, vous êtes licencié avec un bout de papier”, assène-t-il.
122 sur 400
Parmi les 400 salariés des Papeteries de Condat, 122 sont concernés par ces licenciements, contre 174 annoncés initialement. “Tout le week-end, on a reçu des appels de salariés, pour certains inconsolables pendant dix minutes”, raconte Philippe Delord, délégué syndical.
Les syndicats ont reçu la liste ce lundi 18 décembre, à la mi-journée. “On a du mal à comprendre certains choix. Pour des situations similaires, certains sont gardés alors que d’autres non. On a l’impression qu’ils ont gardé les anciens”, indique Philippe Delord. Une décision qui marque pour lui l’avenir “incertain” des papeteries.
S’ils misaient sur l’avenir, ils auraient plutôt gardé les jeunes.
Philippe DelordDélégué syndical aux Papeteries de Condat
Une réunion d’information devrait se tenir mardi 19 décembre. Une cellule psychologique a été mise en place, pour les salariés qui en ressentiraient le besoin.