C'était une institution dans cette petite commune d'Excideuil, en Dordogne, et pourtant, faute de repreneur, la pâtisserie biscuiterie a dû mettre la clé sous la porte en ce début d'année 2025. Depuis 135 ans, la famille Faugerolas était propriétaire de cet établissement gastronomique. Le dernier jour d'ouverture était aussi celui des au revoir.
135 ans d'existence, et puis s'en va."C'est triste", dit Annie Serena, une fidèle cliente qui est venue chercher des galettes des rois, accompagnées de ses petits-enfants. Cette périgourdine appréciait aussi les gâteaux et les chocolats de cet établissement qui était là depuis longtemps.
L'heure de la retraite
Le pâtissier va prendre une retraite bien méritée après 45 ans de travail. Ce dernier jour, c'est un moment particulier pour le couple de commerçants qui fermera boutique à la fin de la journée.
Je suis un peu perdue ce matin. Ça me fait tout drôle. Je crois que je ne me suis pas encore rendu compte qu'on fermait définitivement.
Corinne Faugérolas,commerçante
VIDÉO. Voir le reportage sur le jour de la fermeture définitive de la pâtisserie biscuiterie centenaire d'Excideuil ►►
Une clientèle nostalgique
Connue aussi sous le nom de Biscuiterie Bugeaud, cette pâtisserie aura marqué plusieurs générations d'Excideuillais. Édith se souvient de Blanche, la grand-mère, une femme "imposante, accueillante, mais un peu autoritaire".
Pour certains, cette boutique fait partie de la ville d'Excideuil, comme en témoigne Michel Gouzon, un autre client et ami de la famille qui ferme ce jour-là. "C'est dramatique qu'une institution locale disparaisse, regrette-t-il. En plus, un commerce avec la qualité, la convivialité ! Ça fait mal au cœur".
Mais, comme Corinne et Alain Faugérolas, il espère que d'autres pâtissiers reprendront le fonds de commerce qui est "bien situé", non loin du château médiéval. Et même, personnellement, il est prêt "à aider" d'éventuels repreneurs.
135 ans de saveurs sucrées
L'histoire avait commencé en noir et blanc, en 1890, avec l'arrière-grand-père d'Alain Faugérolas qui était déjà le pâtissier attitré d'Excideuil. "Moi, je suis la quatrième génération", témoigne Alain qui, à son tour comme ses aînés, a travaillé en famille auprès de Paulette, sa maman, mais aussi de Corinne, son épouse. Une tradition pâtissière qu'il avait prolongée jusqu'à ce dimanche, bien triste pour lui.
L'an dernier, alors qu'il espérait encore trouver un repreneur, il montrait quelques vestiges de cette filiation, comme un cahier de comptes tenus par son arrière-grand-père, puis son grand-père, datant du début du siècle dernier. Et puis quelques réclames sur des affiches aux tons surannés. À l’époque, la famille Faugérolas était spécialisée dans les biscuits.
Un appel aux repreneurs
Alain et Corinne Faugérolas sont en âge de partir à la retraite et leur fils, ayant choisi le métier d'infirmier, ne sera pas la prochaine génération de pâtissiers. Ce jour est un jour joyeux pour la famille avec le regret néanmoins : ne pas avoir trouvé de relève et que leurs spécialités se perdent comme les Grands Marnier ou les Mokas. Depuis l'an dernier, ils ont pourtant tout fait pour perpétuer l'affaire familiale. En vain.
Le couple de pâtissiers aurait souhaité pouvoir transmettre également cela en même temps que le fonds de commerce.
En attendant un éventuel repreneur, la famille a su apprécier ce dernier jour d'ouverture au parfum de galette des rois. Une journée sous le signe de l'émotion et de la reconnaissance. Un bouquet de fleurs, quelques mots choisis, les clients n'oublieront pas, c'est sûr, les douceurs sucrées qui ont accompagné de grands moments de leurs vies familiales, non loin de la pâtisserie d'Excideuil.