À 89 ans, Christiane Guiraud, résidente d'un Ehpad, partage la recette de son célèbre poulet basquaise, un héritage culinaire centenaire. Une rencontre émouvante qui illustre l'importance de préserver nos traditions gastronomiques.
Dans une petite cuisine d’Ehpad, les parfums de poivrons, tomates et persil embaument l’air. Christiane Guiraud, 89 ans, y prépare son célèbre poulet basquaise, entourée de Rémy, passionné par les trésors culinaires du passé. Depuis un an, elle ne cuisine plus, mais ses souvenirs restent intacts. Ce jour-là, elle reprend le tablier, ravivant les saveurs et les gestes d’une époque révolue.
Un héritage culinaire transmis avec amour
Les mains de Christiane tremblent légèrement, mais son regard brille. Entre deux conseils, elle sourit en ajustant les oignons : "Trop petit quand même. Dans la sauce, ce n’est pas valable." Pour elle, chaque détail de sa recette compte.
Je tiens à ce qu’elle soit respectée, à la lettre.
Christiane GuiraudCheffe cuisinière d'un jour
Ce plat, elle l’a appris de sa propre mère et l’a servi à sa famille durant des décennies. Aujourd’hui, grâce à Rémy, elle le partage à nouveau.
Ce dernier le reconnaît, il est fasciné par ces instants : "ces moments sont importants. Il faut les conserver." Avec patience, il recueille chaque secret, chaque anecdote, soigneusement consignés dans son carnet, pour les transmettre à son tour.
Quand les saveurs éveillent les souvenirs
Le poulet basquaise prend forme. Les couleurs éclatantes des poivrons et des tomates rappellent les tablées familiales d’autrefois. Christiane ne cache pas son émotion : "Je suis heureuse, là." Ces deux heures en cuisine lui redonnent une énergie insoupçonnée, comme si les années s’effaçaient.
Pour Rémy, ce projet a commencé par une révélation, en observant la grand-mère de sa compagne réaliser une tourte landaise. "J’ai trouvé le moment magique. Il faut conserver ces recettes", estime-t-il. Depuis, il va régulièrement à la rencontre des gardiennes de ce patrimoine gastronomique, pour recueillir leurs secrets.
Préserver un patrimoine immatériel
Cette aventure ne se limite pas à une simple recette. C’est un acte de transmission, de préservation d’un patrimoine immatériel. "Cette recette plus que centenaire reprend vie ici," souligne Rémy avec émotion. Même la cuisinière de l’Ehpad est conquise : "Elle est très bonne, vraiment fondante. On devrait l’adapter aux résidents."
Des instants qui transcendent le temps
Quelques instants plus tard, Christiane goûte son poulet avant de laisser échapper un sourire de fierté. Cette recette, ce n’est pas seulement un plat, mais un fragment d’histoire, une manière de rester vivante dans le souvenir des autres.
Il faut aller à la rencontre de nos grand-mères qui sont remplies de souvenirs.
Rémi DispersynPassionné de cuisine
Les deux générations s'accordent à démonter que, plus que de simples gestes, la cuisine peut être un pont entre le passé et l’avenir. Et de nombreux plats traditionnels, ancrés dans la mémoire collective, peuvent encore toucher les cœurs et les palais.