Chaque été, une vague de touristes en provenance des Pays-Bas s'installe dans les campings périgourdins, si bien qu'ils représentent la moitié des réservations étrangères. Pour la majorité, c'est une habitude héritée de leur enfance.
Richard s'en souvient comme si c'était hier. Chaque été, ses parents l'emmenaient, lui et sa grande fratrie, sur les routes du Sud-Ouest à la recherche des plus beaux campings. Une récompense qui moyennait à cette époque quelques sacrifices pour la famille hollandaise, établie aux Pays-Bas : il faut imaginer onze enfants réunis dans un camping-car, durant de longues heures, entre impatience et excitation. De ces moments, le septuagénaire en résume son éducation : "l'amour de la France et du camping".
La France, c'est l'art de vivre, les châteaux et la liberté
Richard AusemsFondateur du camping du château le Verdoyer
En 1986, l'ingénieur de profession se lance. Il quitte son travail et propose à l'un de ses frères de monter un projet de camping. Très vite, le lieu est choisi : ce sera au château du Verdoyer, une jolie bâtisse du Périgord vert, dont les premières pierres ont été posées en 1250. Pour Richard, c'était déjà à cette époque un projet très sérieux. Lui ne rigole pas avec les vacances : entre repos, amusement et découvertes, "elles sont très importantes. C'est une obligation sociale de proposer les meilleures à nos clients."
Aujourd'hui, la France est la principale destination touristique des Néerlandais, "notamment la Dordogne, qui est très populaire aux Pays-Bas", note Richard. Ces touristes se hissent d'ailleurs à la première place des réservations étrangères dans les campings périgourdins. Une enquête menée en 2023 par le Comité départemental de tourisme de Dordogne montre qu'ils représentent 55,4% des réservations étrangères, devant les Britanniques (18,8%) et les Belges (10,8%).
Sortir une tente de leur coffre est une habitude
Floris AusemsDirecteur du camping du Château le Verdoyer
Chaque saison au contact des campeurs, Floris Ausems, qui a pris la relève de son père à la direction du site, remarque que le camping est une véritable culture chez les Néerlandais. "C'est une population de marchands et de commerçants. Ils sont habitués à se déplacer, à échanger." Il remarque d'ailleurs que certains sont prêts à marcher plusieurs kilomètres pour "s'installer à une terrasse, discuter, boire un café et acheter le journal. C'est leur plaisir."
Marchés, boutiques et canoë
Afin que tout se passe au mieux, le camping et ses salariés ont dû s'adapter face à cet engouement. Dorénavant, sur l'équipe de quatre animateurs, le directeur tient à ce que la moitié parle couramment néerlandais. Une décision que Marc Van Habel, venu séjourner avec sa famille pour deux semaines et demie, apprécie : "c'est plus simple pour la sécurité et pour que nos enfants puissent échanger avec l'équipe et se faire des amis."
Même constat pour Carina Van Dodewaard, venue avec sa famille au camping du Château le Verdoyer. Si ses enfants s'amusent avec d'autres Néerlandais à la piscine du site, elle tient à visiter les boutiques, les marchés environnants et à pratiquer de nouveau du canoë-kayak dans les rivières de Dordogne. Elle aussi vient en France depuis longtemps, marquée comme tant d'autres par des souvenirs d'enfance.