Élève de terminale du lycée Albert-Claveille de Périgueux, le jeune homme vient de terminer premier du concours général des lycées... Comme Baudelaire, Hugo, Pompidou ou Jaurès avant lui.
À 18 ans, Gauthier Helminger-Czuly s'apprête à vivre une expérience peu commune. Le 11 juillet prochain, il sera accueilli par le ministère de l'Éducation nationale dans le grand amphithéâtre de la Sorbonne à Paris pour recevoir le premier prix du concours général des lycées.
Le concours général des lycées a été créé en 1744 par l'université de Paris afin de recenser la jeune élite de la nation. La première distribution des prix a eu lieu en 1747 et parmi les lauréats, on retrouve quelques célébrités telles que Jaurès, Pompidou, Rimbaud, Baudelaire, Hugo, Pasteur ou Bergson.
Les meilleurs
Ce concours distingue les meilleurs élèves de première et terminale des lycées d'enseignement général, technologique et professionnel. L'an dernier, plus de 17 000 candidats se sont disputés 150 prix, dans une cinquantaine de disciplines.
Les candidats composent sur des sujets conformes aux programmes officiels, mais dans des épreuves plus complexes que pour les épreuves du bac : pas de documents, et un seul sujet proposé. Les travaux des meilleurs candidats peuvent ensuite servir de référence à l'ensemble des classes. "Ça a été très difficile dans la durée, parce que le projet s'est porté sur douze heures consécutives en deux jours, rapporte le lycéen. Donc beaucoup de choses à apprendre, beaucoup d'analyses et de raisonnements."
Il a fallu monopoliser toute sa concentration sur un seul but.
Gauthier Helminger-CzulyLycéen, lauréat du Concours général des lycées
Électricité et environnement
En terminale, Gauthier suit des cours en sciences et technologies de l'industrie et du développement durable (STI 2 D) au lycée Albert-Claveille de Périgueux. Sa passion ? L'environnement et l'électricité. Entre autres, car ce fils d'un architecte et d'une artiste peintre se passionne aussi pour la conception de circuits électriques pour trains miniatures, quand il ne joue pas avec sa petite amie au Billard Club de Périgueux.
"Initialement, ce concours, c'était pour me conforter dans mes résultats pour le Bac, explique modestement le lycéen. Donc ça m'a conforté parce que la difficulté était plus dure que le Bac, c'était un entraînement au final. Ça a été une expérience très valorisante pour mon CV."
Finir lauréat du concours, c'est encore mieux, ça ouvre beaucoup de portes, et c'est un beau lever de rideau sur ce dont je suis capable.
Gauthier Helminger-CzulyLycéen
Un lever de rideau qui n'a pas laissé indifférent le foyer familial, les parents et les deux petites sœurs. "Ça a été une grande surprise à la maison. Ils ont été heureux, très heureux, et même un peu scotchés, je pense", sourit le jeune homme.
Révélateur de potentiel
"Je lui ai proposé de faire ce concours général parce que je le suis depuis la première, et j'ai senti qu'il avait du potentiel, qu'il réagissait rapidement. Il a beaucoup progressé, c'est un élève qui est doué dans l'énergie et l'environnement", ne tarit pas d'éloges Francis Gergely. Ce professeur Énergie et Environnement, qui connaît Gauthier depuis deux ans, est devenu son mentor pour ce concours. Cette distinction est aussi une consécration pour l'enseignant, qui exerce au lycée Claveille depuis trente ans. "C'est quelqu'un de méthodique, de sérieux, qui veut comprendre, il veut aller au bout des choses. C'est un excellent élève, je ne lui vois pas de défauts."
Cet élève-là, je suis sûr que dans dix-quinze ans, il aura trouvé quelque chose pour notre énergie et notre environnement. C'est sa passion. Il trouvera des solutions pour notre bien-être.
Francis GergelyEnseignant
Un "Super-Bac"
Le 12 mars dernier, il aura fallu plancher pendant cinq heures, une heure de plus que pour le Bac, pour se distinguer des 400 autres élèves candidats en STI2D et faire partie des trois sélectionnés de sa spécialité. La sélection ultime a eu lieu début juin à Montluçon. Durant deux jours, il a fallu réaliser un TP dans sa spécialité en partant d'un cas concret. C'est ce TP qui a permis au jury de décerner le premier prix à Gauthier.
"Le proviseur, la proviseure-adjointe, on est tous contents, très contents, parce que ça n'arrive pas régulièrement !"se félicite Francis Gergely. L'équipe enseignante du lycée Albert-Claveille a effectivement de quoi s'enorgueillir de ce résultat, d'autant plus que ce n'est pas une première. En 2022, c'est Clément Vidy, 17 ans, qui avait décroché le premier prix du Concours général des lycées dans la catégorie sciences de l’ingénieur.
Belle carte de visite
Concrètement, pas de récompense financière ou de promesse d'embauche après l'obtention de cette distinction pour Gauthier, mais des avantages implicites. "Tous ceux qui ont eu le premier prix sont regroupés dans une amicale des anciens prix d'excellence du concours général, explique Francis Gergely. Après, ils ont des carnets d'adresses, ça peut déboucher sur des formations, ça peut ouvrir des portes pour des emplois."
Visions d'avenir
L'année prochaine, Gauthier va poursuivre sa formation avec un BTS électro-technique option énergie et environnement à Claveille, avant peut-être d'entamer une licence professionnelle, s'il n'est pas tout à fait prêt pour le monde du travail.
Mais malgré son succès scolaire, il ne souhaite pas poursuivre indéfiniment ses études. "Pour le moment, la scolarité ça ne m'intéresse plus trop, je préfère entrer directement dans le monde du travail. Et pourquoi pas viser une école d'ingénieur plus tard... Dans l'idéal, j'aimerais bien intégrer la SNCF parce que j'ai un contrat d'apprentissage avec la SNCF au Toulon à Périgueux, explique le jeune homme, ça va me permettre d'avoir plus de compétences dans le monde du travail et dans l'électricité. Et puis, après, pourquoi pas, voir encore plus loin et être à mon compte en domotique."
En attendant, le 11 juillet prochain, Gauthier se rendra à La Sorbonne en compagnie de son professeur, de sa mère et de sa petite amie. Un voyage qui promet d'être mémorable.