C'est un déplacement sur "l’économie de guerre" qui devait amener jeudi Sébastien Lecornu, ministre des Armées, sur le site industriel d’Eurenco à Bergerac puis, sur le site industriel Delair à Toulouse. Finalement, la visite est reportée "à une date ultérieure".
Fallait-il y voir un lien avec la géopolitique et les récentes déclarations du président de la République, il y a trois jours, lors du sommet des alliés de l'Ukraine ? Probablement. Ce jeudi 29 février en fin de matinée, le ministre des Armées devait visiter le site industriel Eurenco à Bergerac. Une visite annoncée par son cabinet à la dernière minute, puis annulée dans la soirée. "Nous sommes contraints de reconnaître que le site d'Eurenco n'est pas en mesure d'accueillir un site grosse délégation de façon sereine et instructive pour tous", indique son cabinet.
Indépendance et nitrocellulose
La poudrerie de Bergerac Eurenco est un fabricant de matériaux énergétiques, poudres, explosifs, objets combustibles, additifs et plus particulièrement d'explosifs militaires. Provisoirement l'arrêt en 2022 suite à une explosion, le site avait retrouvé un rythme normal en mars 2023. Il s'agissait de reprendre la production de nitrocellulose. Un produit stratégique attendu pour renforcer les stocks des armées dans le contexte de la guerre en Ukraine.
Les armées comme clients
Un tiers de la nitrocellulose de Bergerac est utilisé dans le civil, les 2/3 restants sont destinés à l'artillerie et la propulsion militaires, têtes militaires, missiles, bombes, armes sous-marines et munitions pour petit, moyen et gros calibre. Clients principaux, les armées d'Europe et des États-Unis vers lesquels part l'essentiel de la production.
Alimenter les canons ukrainiens
La guerre menée par les russes en Ukraine a révélé l'importance d'un site français souverain et autonome. Les commandes ont afflué notamment pour alimenter les obus des canons Caesar envoyés par la France en Ukraine. L'an dernier, Eurenco a donc commencé à relocaliser sa fabrication de poudre, produite dans une filiale suédoise jusqu'alors. Pour cela, l'usine investit plusieurs dizaines de millions d'euros dans un nouvel atelier bergeracois. L'objectif est d'arriver à une production soutenue d'ici à l'an prochain et d'être autonome tant en matière première qu'en stocks.
Un point sur l'économie de guerre
À Bergerac, le ministre des Armées devait faire un point d'avancement avec les équipes de l'entreprise sur ces différents chantiers « d'économie de guerre » lancés par l'entreprise. Il devait échanger avec les responsables du projet de relocalisation de poudres à Bergerac. Enfin, il aurait dû décorer de la médaille de la défense nationale des salariés particulièrement méritants.
Finalement, Sébastien Lorcuna se rendra sur le site industriel de Delair, spécialisé dans la production de drones militaires pour les armées françaises et ukrainiennes. La visite du site Eureco est, quant à elle, reportée à une date ultérieure.