Tout ne coule pas de source quand on ouvre son robinet. Travail invisible mais indispensable, la surveillance et la désinfection des réservoirs d'eau potables est une opération qui se renouvelle régulièrement pour assurer la qualité des eaux du robinet. Illustration en Dordogne
On a tendance à oublier, en tournant le robinet, la complexité du système qui nous permet d'avoir facilement une eau potable et en quantité dans chaque maison. Il aura fallu la sécheresse de l'été 2019 et les récurrentes alertes climatiques pour comprendre les risques qui pèsent sur cette ressource abondante, mais pas infinie.
Une eau de qualité
Il y a la quantité, mais aussi la qualité. Avant d'arriver au domicile, l'eau doit remplir 70 critères sanitaires et environnementaux pour être réputée potable, susceptible d'être bue sans risque à la sortie du robinet. Un luxe. Cela nécessite une surveillance à tous les niveaux, captage, canalisations, épuration, mais aussi stockage. Régulièrement, les services des eaux procèdent donc à l'entretien, au nettoyage et à la désinfection des réservoirs d'eau potable qui desservent les communes. Il y en a des centaines en Dordogne, le plus souvent discrètement enterrés sous de buttes de terre.
Surveillance, maintenance et information
Cette surveillance auprès des centaines de réservoirs du département est aussi nécessaire qu'elle est ignorée du grand public. "C'est un sujet complexe, ça mérite que les gens s'y intéressent" plaide Philippe Clermont, responsable régional de la société Sogedo. Le premier distributeur d’eau indépendant en France a en charge 540 communes. Rien qu'en Dordogne, elle emploie une centaine de personnes et cette gestion des réservoirs d'eau potable fait partie de ses tâches récurrentes.
De belles réserves
Cyril de Perczynski remplit sa mission du jour : s'assurer du bon état sanitaire du réservoir d'eau potable dont dépendent les 500 foyers de Carsac-Aillac, au sud-est de Sarlat. Sous la trappe qui affleure au sommet de la butte, une surprise. L'échelle, fixée à l'entrée du trou d'homme, s'enfonce dans les profondeurs du réservoir sans qu'on n'en voie le bout. "Là, on a six mètres, six-sept mètres d'échelles", sourit le technicien, "il y a pire."
Un joli bébé de 300 mètres cubes tout de même. 300 000 litres d'eau sont stockés ici. Pour vous représenter la chose, il y a de quoi remplir environ 2 000 baignoires. Avant de descendre dans le réservoir, le technicien désinfecte soigneusement ses cuissardes.
Coup de calcaire
Désormais, Cyril patauge dans les quelques centimètres d'eau restés au fond de la cuve. Première opération, dans ce département dans lequel l'eau est souvent très "dure", les dépôts de calcaire. Le minéral s'est sédimenté en une couche sableuse et épaisse sur le sol au cours de l'année passée. Cyril le pousse à l'aide d'un balai pour l'évacuer. "Si on le fait pas régulièrement, vous avez un dépôt de calcaire important, ça laisse des dépôts au fond, c'est pas forcément bon et potable, à force ça peut faire de la boue," explique-t-il.
Inspection minutieuse
Vient ensuite l'inspection de l'état intérieur du réservoir. Inspection visuelle pendant laquelle le technicien prend des clichés destinés à son rapport final. Fissures, lézardes, tout doit être relevé et consigné. Là, en l'occurrence, les ferraillages commencent à apparaître dans le béton qui coiffe la cuve. "ça, c'est des points qu'il faut signaler et éventuellement faire traiter par des entreprises extérieures," prévoit le technicien.
Chasse aux bactéries
Le réservoir est entièrement siphonné, il convient maintenant de partir à la chasse aux bactéries, microbes, germes et autres indésirables. Ce sera fait par aspersion d'un puissant désinfectant, de l'hypochlorite de sodium. De la javel si vous préférez. L'opération, sur toutes les parois, prendra à elle seule entre deux et trois heures. Les murs débarrassés d'éventuels germes seront ensuite rincés à l'eau claire avant que le réservoir ne puisse à nouveau être rempli. Pendant ce temps, les habitants de Carsac-Aillac vont continuer à ouvrir leur robinet d'eau potable sans avoir noté la moindre différence. L'opération est totalement transparente, claire comme de l'eau de roche...