Suite aux manifestations agricoles, des pneus ont été déposés sur des terrains municipaux de Périgueux. Inquiets, les riverains redoutent l'infestation des moustiques tigres aux beaux jours
Il faut bien avouer que la vue n'est pas très réjouissante. Des tas d'immondices divers, du plastique, du lisier, et surtout des centaines de pneus qui s'entassent sur ce terrain du quartier des Mondoux, derrière les serres municipales de Périgueux.
Ce sont les reliquats des barricades dressées par les agriculteurs lors des dernières manifestations. 120 tonnes de déchets, fils de fer, lisiers, bâches, palettes et pneus que la ville a dû prendre en charge pour une ardoise globale de 100 000 euros. Le problème, ce sont désormais les pneus qui, vu la pluviométrie, forment désormais de jolies réserves d'eau. "Ce sont autant de réservoirs qui permettent aux femelles moustiques de pondre, et donc aux moustiques tigres qui sont déjà présents en grand nombre de proliférer d'autant plus. Là, avec les beaux jours qui vont arriver, les réserves d'eau sont déjà faites, y'a plus qu'à pondre !" prédit Yvon, un riverain.
Invivable
Depuis quelques années, le moustique tigre fait vivre l'enfer dans les zones urbaines du Grand Périgueux. Et jusqu'à maintenant, peu de solutions. "Déjà, on s'est rendu compte l'été dernier que c'était invivable !", se désole Yvon.
On s'était équipés de tous les pièges que la commune nous a recommandés, ça ne suffit pas, on est quand même empêchés de profiter de nos jardins.
YvonRiverain
Moustique sous couverture
En réponse à leur inquiétude, et dans l'attente d'une meilleure solution, la mairie a envisagé de bâcher les pneus... ce qui pose à son tour le problème de l'eau retenue par les bâches. Et les riverains craignent que cela ne suffise pas à stopper l'envahisseur. Ils préfèreraient une solution plus radicale, et surtout immédiate. "Il faudrait que les pneus soient évacués rapidement, parce que là ça va être imminent, la ponte !". Perspective peu réjouissante pour les riverains de ce quartier résidentiel en bordure de l'Isle, mais aussi pour les campings caristes, dont l'aire de stationnement n'est qu'à quelques pas. De quoi laisser un souvenir piquant de leur passage à Périgueux.
Fécondité et résistance exceptionnelles
On comprend l'inquiétude lorsqu'on sait qu'une seule femelle peut pondre jusqu’à 1000 œufs en deux mois et que quelques millilitres d’eau suffisent au développement de la larve. De plus, les larves de moustiques tigres sont très résistantes. Elles peuvent piquer immédiatement après l'éclosion ou se "mettre en veille" plusieurs mois avant d'éclore, en attendant des conditions propices. De quoi résister d'une année sur l'autre.
Il faudra attendre encore un pneu
Du côté de la mairie, qui fait de l'éradication de ce vampire ailé l'un de ses chevaux de bataille, on est conscient de l'urgence. Mais la société spécialisée bordelaise Paprek, chargée d'évacuer ces déchets spécifiques, est déjà surchargée par des demandes similaires. "Ça devient des problèmes avec des solutions compliquées", justifie Eymeric Lavitola, premier adjoint à la mairie de Périgueux.
On est vraiment dépendants d'un tiers, parce que nous, on ne sait pas faire, le traitement des pneus.
Eymeric LavitolaPremier adjoint à la mairie de Périgueux
Quant à l'estimation d'une date d'évacuation possible : " Là franchement, je n'ai pas de date à donner, et ce n'est pas parce qu'on ne veut pas répondre, c'est parce qu'on ne peut pas répondre", déplore l'élu.