Aquind est un projet d'interconnexion électrique entre la France et l'Angleterre, mené par une entreprise britannique. Un câble sous-marin pourrait relier les deux pays, et transférer de l'électricité entre Pourville en Seine-Maritime et Porthmouth. Une enquête publique a démarré, mardi 28 janvier 2025 dans les 16 communes concernées du littoral normand, mais le projet rencontre déjà des détracteurs.
C'est une opération d'envergure qui date de 2018, et pourrait enfin voir le jour. Le projet Aquind, du nom de l'entreprise britannique qui pourrait emporter le marché, envisage de relier la France à l'Angleterre avec un câble de 240 kilomètres, dont la fonction serait de transporter de l'électricité made in Normandie.
L'interconnexion Aquind se présente comme une "nouvelle liaison de transport d'électricité en courant continu à haute tension, sous-marine et souterraine".
Si le projet était validé, 3% de la production française serait ainsi acheminée outre Manche. Une enquête publique a débuté cette semaine auprès des habitants des 16 communes concernées par les travaux, et rencontre déjà ses opposants.
Un projet vertueux ?
"Notre projet, c'est quoi ? Des câbles sous-marins, et souterrains à partir de Pourville à côté de Dieppe sur 35 kilomètres. On est sous une voie départementale, on ne traverse pas de zone humide, on n’a pas d'impact sur la biodiversité", explique Marc Dubourg, le directeur d'Aquind, qui insiste sur la salubrité du projet.
Ces câbles pourraient s'étirer de la plage de Pourville en Seine-Maritime à Portsmouth, l'un des plus grands ports militaires britanniques au sud-est de l'Angleterre. Le tracé du câble suivrait plusieurs routes départementales sur 36 kilomètres. Cette interconnexion de 320 000 volts servirait la compétitivité énergétique.
Sur son site, Aquind vante ces interconnexions comme étant capable d'intégrer plus d'électricité produite à partir de sources renouvelables, comme l'éolien et le solaire. Réduisant par là même la dépendance aux centrales électriques à combustibles fossiles, et réduisant les émissions de CO2.
L’interconnexion Aquind, d'une capacité nette de 2 000 MW pourrait transporter plus de 17 millions de MWh d’électricité chaque année entre la France et la Grande-Bretagne, ce qui représenterait respectivement 3 % et 5 % de leur consommation totale.
Un raccordement qui ne fait pas l'unanimité
Le projet nourrit toujours beaucoup d'inquiétudes, notamment par l'ampleur des travaux qu'il générerait.
"Pour arriver par exemple à Pourville, ils creusent un tunnel sous les galets et sous la plage, de deux mètres de circonférence, qui va rejeter des milliers de tonnes de calcaires broyés, et ce calcaire va se transformer en acide, et tué toute la faune et la flore de la plage de Pourville pendant plusieurs années", s'inquiète Donald Brument le président de l'association "Non à Aquind", et maire SE de Saint-Maur.
Selon le maire SE de Biville-la-Baignarde, Jean-Marie Tabesse, ce câble enterré sous la route nationale, et près des habitations, ne serait pas suffisamment sécurisé. "Un mètre 20 sous la voie, 1m20 sous un lit de sable ! Dans un lit de sable naturellement, on n’est pas vraiment protégés. Au départ c'était prévu dans un sarcophage de béton, après ils ont changé d'optique."
Reportage de Solène Anson et Claude Heudes :
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Pour se faire entendre, certains habitants des communes concernées par les travaux se sont retrouvés à l'occasion du lancement de l'enquête publique.
"Ça risque de dégrader les conditions de la ville, Pourville est une plage touristique ! Deuxièmement, la manne qui va provenir de cette interconnexion va profiter à des actionnaires anglais ou plus exactement russes, plutôt qu'à l'état et à l'économie française", s'agace Bernard Louart, habitant de Pourville-sur-mer.
Les opposants espèrent toujours stopper ce projet, estimé à 1,5 milliard d'euros. La fin de l'enquête publique est prévue pour le 4 mars prochain.
Avec Solène Anson