Nutriments, sucres, vitamines, acides aminés, minéraux, oligo-éléments : réputée détoxifiante, la sève printanière de bouleau séduit de plus en plus de consommateurs. La récolte a débuté en Périgord.
Une perceuse, un tuyau, une bouteille et un bouleau en pleine forme, il n'en faut pas plus pour se procurer l'élixir miracle du moment. La sève de bouleau est un liquide naturel saisonnier, un remède naturel dont on redécouvre les vertus depuis quelques années.
Du tronc au rayon
Si vous n'avez pas de bouleau ou de perceuse sous la main, les magasins bios et locaux proposent une solution. Des bouteilles ou des Bag-In-Box permettent de faire une cure assez longue pour bénéficier des bienfaits de ce trésor naturel. Comptez un peu plus d'une dizaine d'euros le litre, mais les prix sont très variables selon les régions, les circuits et les producteurs. Attention à l'effet de mode, on trouve en grande distribution de minuscules bouteilles de plastique de 250 ml, l'équivalent d'un verre ou deux, à plus de 50 euros le litre. Trop peu et trop cher pour une cure de sève sérieuse.
Si vous avez la chance d'habiter en Périgord, vous pourrez peut-être trouver de la sève de bouleau venue d'un massif forestier de Cadouin, entre Bergerac et Sarlat.
Récolte printanière
La sève brute de bouleau se récolte de début mars à la mi-avril, lors de la montée de sève, juste avant l’apparition des jeunes feuilles et des bourgeons qu'elle est censée alimenter. Elle est prélevée directement sur le tronc, grâce à un petit trou dans lequel un tuyau permettra au liquide de couler dans un récipient. "On perce l'arbre, on met le tube, et à partir du moment où ça va goutter, ça va goutter tous les jours. On passe le matin et le soir pour récupérer la sève", explique Jean-Luc Garcia, qui a monté sa petite exploitation familiale dans un massif forestier sur les hauteurs de Cadouin. Par jour, l'exploitant récupère quatre litres par arbre, un liquide qu'il expédie dans les magasins de producteurs des environs.
On passe le matin et le soir pour récupérer la sève
Jean-Luc Garcia, récoltant de sève de Bouleau
Pour éviter la fermentation et garantir la fraîcheur, la sève doit être récoltée régulièrement, mise sous vide ou embouteillée immédiatement et expédiée au plus vite vers les consommateurs. L'arbre donneur doit être sain et vigoureux, suffisamment âgé pour supporter le prélèvement. Après l'opération, le trou sera soigneusement rebouché avec un bout de bois, pour éviter les maladies. L'arbre ne souffre pas de ce prélèvement, minime pour lui.
Utilisation millénaire
Le précieux liquide possède une véritable légitimité historique. Les bienfaits vantés par les producteurs reposent en partie sur une consommation avérée et documentée au moins depuis le Moyen Âge. La boisson tirée de "l'arbre aux néphrétiques" était déjà utilisée par les apothicaires de l'époque pour son action contre les calculs rénaux ou les ulcères buccaux. Les armées de Napoléon lui reconnaissaient également une efficacité pour lutter contre les problèmes de peau ou articulaires. Un remède de grand-mère un peu délaissé avec l'arrivée des médicaments modernes, mais qui n’a jamais été tout à fait oublié.
Un verre à jeun, le matin
Les consommateurs de sève de bouleau lui attribuent aujourd'hui de multiples bienfaits. À commencer par une "détoxification" de l'organisme à la sortie de l'hiver. Elle aiderait à accompagner un régime contre le surpoids hivernal par un meilleur drainage, serait bénéfique pour lutter contre les problèmes de peau et de cuir chevelu, soutiendrait le travail des reins pour une meilleure élimination. Elle permettrait de combler des manques en sels minéraux, redonnerait un meilleur fonctionnement cardiovasculaire et, globalement, aiderait le corps à retrouver du dynamisme à l'arrivée du printemps par son action sur le système urinaire, hépatique, intestinal, articulaire et cardiaque.
La sève ne doit pas contenir de conservateur et doit être consommée rapidement après extraction. Ce liquide se conserve au frais, il faut veiller à ce qu'il ne fermente pas. Il se consomme à raison d'un verre à jeun chaque matin sur une durée d'une à trois semaines. La sève est transparente, parfois légèrement trouble. Mais ne vous fiez pas à son aspect anodin, elle est chargée d'éléments naturels bénéfiques.
95 % d'eau
La sève est surnommée " l’eau de bouleau " car elle est incolore et fluide comme de l’eau. Elle a un goût peu prononcé d’eau, légèrement boisée, minéralisée, plus ou moins sucrée. Mais c'est avant tout de l'eau. À 95 % pour être précis. Ce sont les cinq pour cent restants qui sont intéressants. On y trouve plusieurs grammes par litre de sucres divers, des acides de fruit, des polyphénols et acides aminés et un joli cocktail de minéraux. Du calcium, du magnésium, du potassium, du zinc, du cuivre, du manganèse, du fer. On y trouve aussi des oligo-éléments tels que le chrome, le sélénium, le cobalt, le silicium, le cuivre, le lithium et même de l'or.
Pas vraiment de preuves scientifiques
Cette boisson fait partie de cette longue liste des "alicaments" préventifs, réputés bénéfiques, mais qui ne remplaceront jamais les médicaments aux yeux des médecins. Si les principes actifs extraits par les laboratoires des feuilles et des écorces de bouleau ont leur place dans les rayons de pharmacie, la sève n'a toujours pas la même reconnaissance. Malgré sa caution historique, les laboratoires manquent encore d'études à grande échelle et de preuves scientifiques.
Il peut exister une contre-indication qui va de soi, pour les personnes allergiques, celles souffrant de pathologies graves ou dialysées et les femmes enceintes ou allaitantes, qui en général ne doivent pas être drainées, rappelle la naturopathe Prisca Cugnot-Barreiro.