Pour contrer les déserts médicaux, la commune de Bassillac-et-Auberoche, en Dordogne, a trouvé une solution innovante. La commune finance une partie des études d’un habitant, qui a entamé une reconversion en médecine.
Ils se sont dit oui, pour les années à venir. Anthony Michaud, un infirmier libéral en reconversion, vient de signer une convention avec la mairie de Bassillac-et-Auberoche, un village situé à dix minutes de Périgueux. Le deal : la mairie finance ses études, à hauteur de 500 euros par mois, pendant un an et demi ; en contrepartie, l’infirmier en reconversion doit s’installer, après ses études, dans le village de 4 500 âmes.
500 euros par mois
Bassillac, c’est le village d’enfance et le lieu de vie d’Anthony Michaud. Cet infirmier libéral de 39 ans a décidé, il y a un an, de se reconvertir en médecin. Mais à 39 ans, le retour sur les bancs de l’école s’annonce compliqué. “Je suis trop âgé pour avoir des bourses universitaires et en tant qu’ancien infirmier libéral, je n’ai pas le droit au chômage”, explique Anthony Michaud, qui doit en parallèle “payer un crédit et subvenir aux besoins d’un nourrisson de 19 mois”.
C’est une bouffée d’air dans notre quotidien.
Anthony Michaud,Infirmier libéral en reconversion
Il décide alors de se tourner vers sa mairie en leur proposant un contrat : elle l’aide à financer ses études et en échange, il promet de s’y installer, en tant que médecin. “Ils vont m’aider jusqu’à la 4ᵉ année où après, j'aurais un salaire avec l’internat”, indique l’étudiant à l’université de médecine de Limoges.
Actuellement en deuxième année, le futur médecin pourra également bénéficier des contrats d’engagement mis en place par les ARS pour aider l’installation de médecin. Une somme qui vient généralement en complément des salaires d’externat, pour un total avoisinant les 1400 euros.
Lutter contre les déserts médicaux
Cette étape cruciale des études de médecine est d’ailleurs déjà préparée : un des trois médecins du village lui a proposé de réaliser son internat à ses côtés. “Ça lui permet d'être progressivement secondé pour prendre sa retraite tranquillement”, indique Anthony Michaud. L’ancien infirmier libéral espère prendre les rênes du cabinet d'ici à sept ans, “dès que mon diplôme sera acquis”.
Si la mairie s’est montrée aussi ouverte, c’est qu’elle connait les dangers des déserts médicaux, de plus en plus nombreux en zones rurales. “Ce n’est pas original, mais oui, nous cherchons des médecins pour notre population”, sourit Michel Beylot, le maire de Bassillac-et-Auberoche.
Trois médecins exercent aujourd’hui dans le village. Problème : ils ont tous plus de soixante ans. “Dans dix ans, ils vont partir à la retraite et nous devons préparer l’avenir. Ce serait dommage d’avoir tous ces équipements sans personne pour les occuper”, indique Michel Beylot. “On a une maison de santé, une maison de retraite, une boulangerie, une pharmacie, une école”, énumère-t-il.
Pleine d’espoir sur ce contrat qui s’annonce gagnant-gagnant, la municipalité promet déjà de réitérer l’expérience avec de futurs candidats.