Depuis ce 12 novembre, les personnels de l'établissement privé de Périgueux répondent à l'appel intersyndical à cesser le travail. Ils réclament de meilleures conditions de travail et un salaire décent
L'appel a été lancé par l'intersyndicale CGT, CFDT et Force Ouvrière, et c'est une première depuis quinze ans. Comme dans le public, les syndicats réclament une hausse de salaire et de meilleures conditions de travail. La direction assure ne pas fermer la porte aux négociations. "Le dialogue n'a jamais été rompu", plaide Pierre Malterre, directeur général de la clinique Francheville de Périgueux. "Ce matin, je les ai revus, j'ai fait de nouvelles propositions et pour l'instant les délégués syndicaux en parlent entre eux, avant d'en parler avec l'ensemble du personnel et de revenir vers moi pour me dire ce qu'ils en pensent." Une autre réunion a donc été prévue dans l'après-midi, "mais ce n'est que le début," affirmaient ce matin les syndicats.
Moins payés qu'à l'hôpital
Le conflit intervient dans un cadre de crise généralisée du milieu soignant, quelques semaines seulement après la grève des urgentistes de l'hôpital de Périgueux. Mardi 12 novembre, ils étaient une soixantaine (sur 400 salariés environ) à manifester devant l'établissement dés 7h30 du matin. Les réclamations portent en grande partie sur les salaires, les négociations entamées depuis juin dernier n'ayant toujours pas abouti à un accord. Alors que les cadences s'accélèrent dans une course à la rentabilité, les salariés de Francheville espèrent une augmentation mensuelle de 500 euros leur permettant de rattraper les salaires des établissements publics.
"On se retrouve avec des gens aux Smic, des jeunes infirmières diplômées au Smic, des aides-soignantes qui ont de l'ancienneté au Smic, des jeunes diplômés Aide-Soignants qui arrivent au Smic, on se retrouve quasiment tous au Smic ! Donc notre première revendication, elle est salariale, mais il y a aussi des revendications sur la qualité de vie au travail, pour l'organisation du travail et la charge du travail.", explique Alice Gillard, représentante CFDT. Illustration avec cette interview de Laurine, infirmière à Francheville depuis 15 ans.
Prime d'assiduité aléatoire
Dans le même temps, les syndicats dénonçaient une "prime d'assiduité" pouvant disparaître en totalité à la moindre absence, même justifiée par un arrêt maladie. Un point pris en compte par la direction qui propose de transférer une partie de cette prime vers la "prime de cohésion", plus pérenne.
La faute à l'État
Pour le reste, Pierre Malterre se réfugie derrière un argument imparable. "90% de notre chiffre d'affaires est basé sur des tarifs qui sont fixés unilatéralement par l'État, chaque année, au 1er mars. Et malheureusement, ces dernières années, l'État n'a pas fait bouger, ou très peu, les tarifs, ce qui ne nous permet pas aujourd'hui de faire face à l'inflation." Le directeur de Francheville enfonce le clou en soulignant que si l'hôpital public peut accuser des déficits qui seront comblés par l'État, son établissement, à but lucratif, ne peut pas se le permettre. "Dans le privé, on ne peut pas se permettre de faire des pertes, sinon on attente à la pérennité de l'entreprise et l'entreprise disparaît".
Force est de constater de l'autre côté que même si l'hôpital public fait des déficits, et il en fait de manière très conséquente, rien ne change malheureusement. Et on continuera à donner de l'argent pour compenser un certain nombre de choses.
Pierre MalterreDirecteur de la clinique privée Francheville
Gestion de crise
En attendant la fin du conflit, la clinique a réduit ou réorganisé son activité autour des personnels non grévistes. Les interventions non ajournables comme la chimiothérapie ont été maintenues, ainsi que celles où la clinique possède l'exclusivité sur le territoire comme la dialyse. En revanche, deux tiers des opérations chirurgicales ont été déprogrammées, hormis celles concernant la cancérologie.