Roland Lescure, le ministre délégué chargé de l’Industrie, était en visite en Dordogne ce lundi 16 octobre. Il a rencontré les représentants syndicaux de la papeterie de Condat. Une visite "pas à la hauteur des attentes" des employés du site.
"J'avais dit que je viendrais, je l'ai fait et j'ai dit que je reviendrai dans les six mois. Avant fin avril, vous me reverrez et j'espère que ce sera pour partager de bonnes nouvelles". Roland Lescure a fait le déplacement jusqu'au Lardin-Saint-Lazare, pour rencontrer les salariés des papeteries de Condat, mais sans annonce concrète à faire pour l'immédiat. Décevant pour les représentants syndicaux.
174 suppressions d'emplois
Une des deux lignes de production de l'usine est arrêtée et son arrêt a été acté, et 174 emplois vont être supprimés. "J'ai voulu venir ici à Condat pour rencontrer les salariés et les élus syndicaux, pour faire le point sur la situation difficile suite au PSE qui a été accepté la semaine dernière. 174 emplois vont être supprimés et certains d'entre eux vont faire l'objet de retraites anticipées".
Le ministre a assuré que les salariés concernés seront accompagnés par les services de l'État pour organiser les formations ou les changements de carrière professionnelle qui leur permettront de retrouver un emploi. "On est prêt à investir dans la ligne 4 qui faisait jusqu'ici du papier couché, en une ligne qui pourrait faire du papier glassine, et pour cela, il faut que la ligne 8 tourne à plein vapeur", a lancé le ministre interrogé par France 3.
L'Etat est prêt à investir dans cet outil de travail à hauteur de 40 millions d'euros.
Roland Lescure, ministre délégué à l'Industrieà France 3 Périgords
Le ministre dit "avoir bon espoir", faut-il encore que la ligne 8 tourne à plein régime ; Or à ce jour, elle tourne un jour sur deux.
Dispositif Rebond industriel
Roland Lescure a dit vouloir s'intéresser au territoire pour le redynamiser. Il a vanté les mérites du dispositif Rebond industriel "qui a fait ses preuves à Béthune quand Bridgestone avait annoncé la fermeture de son usine et qui fait actuellement ses preuves à Cambrais suite aux déboires de Buitoni", a détaillé la ministre, sans convaincre les représentants syndicaux.
Le même dispositif sera donc mis en place dans ce secteur de Dordogne dans les prochains jours, avec de l'argent de l'Etat à hauteur de deux millions d'euros, "et de l'argent de la région et des autres collectivités locales, a-t-il espéré. " C'est une très belle région touristique, mais ce territoire doit rester industriel. J'ai eu Alain Rousset le président de la Région qui est prêt à investir dans ce territoire" , a assuré Roland Lescure.
Espoirs déçus
Mais pas de quoi rassurer les élus syndicaux, qui attendaient du ministre qu'il pèse sur le plan social qui va se mettre en place, et mette de l'argent sur la table pour relancer la ligne 4. Les papeteries de Condat sont les dernières en France à faire du papier couché, dont se servent les éditeurs pour les livres ou les albums photos.
"Le message que le ministre est venu porter n'est pas à la hauteur de nos attentes, donc on est très déçus", explique Patricia Canto, une élue syndicale FO.
Même si les négociations sont terminées, les licenciements ne sont pas prononcés donc on espérait que le ministre puisse peser là-dessus.
Patricia Canto, une élue syndicale FOà France 3 Périgords
Le ministre arrive trop tard
Philippe Delord délégué syndical CGT est, lui aussi, déçu. "On pensait qu'il viendrait ici pour redémarrer la machine 4 pour essayer de sauver le site et notre territoire".
Monsieur Lescure arrive trop tard. Ce n'est pas aujourd'hui qu'il devait venir, c'est il y a quinze jours
Philippe Delord, délégué syndical CGTà France 3 Périgords
Stéphane Roudier le maire de Condat sur Vézères et vice-président de la communauté de communes du Terrassonnais a également rencontré le ministre. La déception de l'élu se fait comprendre. "Les annonces faites par le ministre sont de nature à rassurer les investisseurs, mais pas forcément les salariés, puisque pour eux une page se tourne. La question de la transition de la machine 4 ne pourra se faire que dans deux ou trois ans. Évidemment, il faut que l'Etat accompagne cette transition".
"L'erreur à ne pas commettre, c'est d'aller s'enfermer sur un produit de niche qui ne serait pas porteur sur l'avenir sur dix, quinze, vingt ans pour assurer la survie du site. Il faut faire un choix stratégique. Et il n'y a que Lecta (le groupe propriétaire du site NDLR), ou l'Etat qui peut arbitrer cela", conclut le maire de Condat, qui semble demeurer inquiet.