Un observatoire traque les polluants atmosphériques routiers du Grand Périgueux

Quand on pense pollution de l'air, Périgueux ne vient pas immédiatement à l'esprit. L'agglomération et l'observatoire régional de la qualité de l'air lancent pourtant une vaste étude afin de réduire l'exposition des personnes sensibles aux polluants

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Ville moyenne, noyée dans un tissu rural, on pourrait penser l'agglomération de Périgueux à l'abri des problèmes de pollution atmosphérique. Et de fait, rappelle Michel Cadet, conseiller délégué en charge du climat et de la transition énergétique, 96 % du Grand Périgueux baigne dans un air de qualité supérieure au seuil sanitaire. 3 % de l'agglomération se situe entre le seuil sanitaire et le seuil réglementaire, et 1% seulement dépasse le seuil réglementaire.

Prospective

Ce qui n'empêche pas de prendre des précautions, et d'aménager le territoire en connaissance de cause. En clair, éviter de faire cohabiter la pollution avec les personnes fragiles. "Il y a une friche commerciale juste à côté, derrière nous", explique Michel Cadet." Il y a un terrain de sport, là il y a une école. Cette friche commerciale, comment elle va se transformer ? Est-ce qu'on va y mettre une crèche, un jour, est-ce qu'on va y mettre une maison de retraite, un commerce, un équipement sportif ? C'est très important dans le PLUI (Plan Local d'Urbanisme Intercommunal, NDLR) de savoir les normes qu'on va respecter."

C'est la raison pour laquelle, depuis le 27 mai dernier, le Grand Périgueux et l'observatoire de la qualité de l'air Atmo Nouvelle-Aquitaine ont entamé une vaste étude pour déterminer l'impact du trafic routier sur la qualité de l'air. La campagne de mesures durera huit semaines, quatre en été et quatre à l’automne, des périodes contrastées représentatives de ce qui se passe à l'année. "On a évalué quatre secteurs, huit communes et 35 points," liste Michel Cadet.

"On cherche à étudier les degrés de pollution sur notre territoire, à proximité d'une école, d'une crèche, d'une maternelle, d'un équipement sportif... tout endroit où les gens les plus vulnérables vont pouvoir être. C'est à ces endroits-là que les gens sont les plus exposés".

Air toxique

Dans le monde, 99 % de la population vit dans un air de mauvaise qualité. En France, en 2015, on évaluait le coût de la pollution atmosphérique de 70 à 100 milliards d’euros par an. Entre 2016 et 2019, près de 40 000 décès par an étaient attribuables à une exposition des personnes âgées de 30 ans et plus aux particules fines. Une prise de conscience qui risque de durcir les normes antipollution dans les années à venir, ce qu'il vaut mieux prévoir aujourd'hui.

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Le Grand Périgueux et Atmo lancent une étude sur la qualité de l'air dans l'agglomération pour orienter ses choix d'urbanisme ©France télévisions

Le Plan d’Action de la Qualité de l’Air (PAQA) du Grand Périgueux, mieux renseigné, pourra procéder à des aménagements urbains ou routiers, à des réductions de vitesse des restrictions de circulation, à tout ce qui permettra d'éviter l'exposition les populations des plus fragiles à des sources potentielles de pollution.

C'est dans l'air

Dans neuf zones prioritaires situées à proximité d'axes de circulation, on traque les principaux polluants traceurs d’une activité de trafic routier : oxyde et dioxyde d’azote, particules grossières PM 10 (d'une taille est équivalente à 10 microns, 6 à 8 fois plus petites que l’épaisseur d’un cheveu) ou benzène, composé organique volatil.

Deux types de mesures sont réalisés. Le long de l’avenue Michel Grandou, à Trélissac, on a déployé des analyseurs automatiques pour mesurer en temps réel les dégagements d'oxydes d'azote et de particules grossières. Des résultats publics qui peuvent être consultés en direct sur le site web d'Atmo Nouvelle-Aquitaine. Sur 35 autres zones prioritaires à proximité du trafic routier, des tubes passifs prélèvent le dioxyde d'azote et le benzène.

Analyse de l'air transparente

En dehors de l'analyse technique, Atmo Nouvelle-Aquitaine et le Grand Périgueux veulent un outil pédagogique. Ces données accessibles au public sont aussi destinées à obtenir des changements de mentalité favorables à la qualité de l'air, et donc à la santé de tous. La page dédiée sur le site d'Atmo Nouvelle-Aquitaine permet de suivre en temps réel les mesures de la campagne mobile et les bonnes pratiques pour réduire l'exposition à la pollution.

Ventiler l'information

De leur côté, les collectivités sont incitées à partager l'indice de la qualité de l'air et les alertes en cas de pic de pollution sur leurs différents supports de communication, panneaux à messages variables, écrans numériques, applications mobiles, réseaux sociaux. Les résultats définitifs de l'étude seront disponibles courant de l'été 2025.

Des efforts continus

Pour conclure, pas de panique : si une nouvelle étude est nécessaire, ce n'est pas parce que les choses s'aggravent, mais au contraire parce qu'on souhaite les améliorer encore. "On a déjà une très bonne qualité d'air sur notre agglomération. Sur notre territoire, on a réduit de 50 % les oxydes d'azote, ces 15 dernières années", se félicite Michel Cadet. "C'est lié à l'amélioration des moteurs de voiture et de la carburation, au remplacement des chaudières au fuel, aux meilleures isolations des bâtiments, donc moins de consommation d'énergie..."
Bilan auquel il ajoute la production d'énergie renouvelable, multipliée par 4 entre 2018 et 2022, la navette ferroviaire Mussidan-Niversac, les 8 lignes de bus à Haut Niveau de Service, le plan vélo, le plan de déplacement des administrations et de 27 entreprises partenaires. Un effort des collectivités qui doit évidemment se doubler d'une prise de conscience collective.

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