"Qu'on nous laisse faire notre travail !". C'est une phrase qui revient dans toutes les conversations avec les chefs de très petites entreprises. Le prélèvement à la source sera pour eux une charge en plus. Ils devront l'effectuer gratuitement pour le compte de l'Etat. Beaucoup font la grimace.
"On collecte pour l'Etat et gratuitement, est-ce vraiment notre travail? Est-ce vraiment notre rôle?" interroge, amère, la propriétaire d'un salon de coiffure à Périgueux.
Patricia Faurie a décidé de demander à son comptable de se charger du prélèvement à la source de ses salariés. "C'est lui qui s'en chargera car j'ai peur de faire des erreurs, de mal collecter, de mal retranscrire" nous dit-elle. Et ce travail qu'elle va déléguer, elle devra bien-sûr le payer.
"C'est encore une charge de travail supplémentaire qu'on nous demande de faire, je pense qu'il faut laisser les entreprises faire juste leur travail" s'agace Fabrice Bugeaud, plombier chauffagiste à la tête d'une société de huit salariés à Hautefort, en Dordogne.
Ce chef d'entreprise se dit aussi inquiet des répercussions qu'auront les nouvelles fiches de paie sur ses relations avec ses employés. "On nous demande de retenir de l'argent sur la fiche de paie de nos salariés. Ca peut générer des tensions". D'autant que personne n'est à l'abri d'une erreur.
"Gérer les feuilles d'impôt, c'est pas notre boulot !" (Capeb)
La CAPEB, la Confédération de l'Artisanat et des Petites Entreprises du Bâtiment, a lancé une pétition en ligne, "Chacun son Job", pour demander la simplification du dispositif .
Le syndicat réclame aussi une compensation des coûts de gestion et une protection juridique des employeurs.
#prelevelentsAlaSource le President de l'U2P rappelle que la collecte représente un coût et une charge supplémentaires pour les entreprises et qu'il serait normal de les compenser. pic.twitter.com/jwZF1w6w2V
— U2P (@U2P_france) 5 septembre 2018
Le prélèvement de l'impôt sur le revenu à la source doit être "revu et corrigé pour en réduire l’impact sur les entreprises de proximité" explique le syndicat, "il n’est jamais trop tard pour en modifier les modalités".
"Les chefs d’entreprise n’ont pas vocation à être collecteurs d’impôt à la place de l’État, ni à en supporter les coûts humains et financiers" argumente t-il encore.
Le prélèvement à la source doit débuter au 1er janvier 2019.
Dans le reportage qui suit, des artisans périgourdins livrent leurs inquiétudes sur ce nouveau dispositif qu'ils devront intégrer aux fiches de paie de leurs employés.