Hantise des villages ruraux, la disparition d'un petit commerce de proximité n'annonce rien de bon pour le dynamisme local. Au Cadouin, en Dordogne, on s'active pour une reprise rapide de la seule boulangerie du village
Ça y est, les panneaux des agences immobilières ont remplacé les pâtisseries, petits pains et croissants dans la vitrine du boulanger. Ce samedi, la boulangerie de Cadouin, petit village touristique de 200 habitants au sud-est de la Dordogne, a baissé le rideau. Finies les bonnes odeurs de pain chaud, il faut désormais prendre la voiture pour aller s'approvisionner en baguettes et croissants, à plusieurs kilomètres de là.
Le couple qui tenait la boulangerie depuis plusieurs années a tiré sa révérence ce samedi 17 février. Un artisan boulanger qui ferme parmi d'autres, nombreux ces derniers temps en raison de la flambée du prix de l'énergie. "Ça va être compliqué, il va falloir aller le chercher, au plus près, c'est à 5 km", déplore cet habitant,"ça va faire un manque".
Entre 1980 et 1990, 25 à 30 % des petits commerces alimentaires ont disparu des territoires ruraux
Étude Soumagne 2002
Mangés par la grande distribution
Concurrence de la grande distribution, désertification rurale, le recul des petits commerces ruraux de proximité s'est accéléré depuis les années 90. Entre 1980 et 1990, 25 à 30 % des petits commerces alimentaires ont disparu des territoires ruraux. Et le phénomène perdure jusqu'à aujourd'hui. Implantés près des concentrations urbaines, proches d'autres commerces, dans des zones facilement accessibles aux voitures, les supermarchés ont d'abord grignoté la clientèle des épiceries, puis des boulangeries et des boucheries, les poussant à la fermeture.
Une boulangerie appétissante
À Cadouin pourtant, la clientèle ne manque pas. "Il y a vraiment matière à faire quelque chose sur cette boulangerie, c'est pas les clients qui manquent !", assure ce riverain. "Il y a vraiment de quoi travailler toute l'année, même en période hivernale". Et de fait, ici, on peut faire son beurre en faisant son pain. La boulangerie est au cœur du village, à proximité d'autres commerces, d'une auberge de jeunesse, d'un camping, de restaurants et de gîtes, de la basilique, de l'Ehpad, et d'un futur centre de formation départemental, qui sera ouvert à l'année à partir de mars, sans compter l'intarissable flot de touristes à la belle saison.
Préoccupation municipale
Des atouts que met en avant la mairie, qui a décidé d'accompagner le travail les agences immobilières en diffusant autant que possible l'information. "On n'est pas très inquiets", tempère David Faugères, maire délégué du Cadouin, "à partir du moment où l'établissement est bien mis en vente correctement et que les annonces sont bien passées, on va certainement retrouver un artisan."
Changement de destination
Sauf que... La crainte municipale, malgré tout, c'est que dans ce petit village très touristique, le bâtiment soit repris non pas en boulangerie, mais en habitation, plus facile à vendre. Ou pire, une résidence secondaire aux volets fermés dix mois sur douze. Ce ne serait pas une première et l'impact serait une nouvelle fois négatif pour l'attractivité du village. De fait, l'annonce paraît en agence sous le libellé "Maison de village avec garage et possibilité d'un local commercial" pouvant se transformer en espace de vie. Une habitation de 260 m² avec terrasse à 1 000 euros le mètre carré, il y a de quoi en effet bien tenter plus d'un amateur de vieilles pierres périgourdines.
Un dépôt, en attendant
Pour l'instant, un dépôt de pain va être installé à l'initiative de la mairie, avec la collaboration des boulangers alentours. Si vous êtes boulanger et que l'aventure vous tente, vous pouvez contacter la mairie de Cadouin au 05.53.63.46.43 ou via le mail cadouin@lebuissondecadouin.fr