Des réservations qui doublent d'un côté, et des campings qui peinent à se remplir de l'autre. Des français qui sont restés en France, mais qui ne sont pas présents en masse. Et des étrangers qui viennent de pays inhabituels. Difficile de prédire ce que donnera au final cette saison bouleversée
Le site d'hébergement en ligne Airbnb l'affirmait il y a quelques jours encore : les réservations pour les séjours en Dordogne ont explosé. + 210% en une semaine. Motif : les Français, bloqués ou effrayés par le Coronavirus, préféraient rester en métropole. Et de préférence dans des zones vertes, loin du tourisme de masse des centres balnéaires.
Mais alors, où sont-ils, ces touristes français ? Pendant une saison en Dordogne, un touriste sur deux passe sa nuit dans un camping. Or, dans les campings en ce début juillet, on affirme ne pas les avoir vu arriver. Du moins pas si nombreux que ça. La saison peine à démarrer, et dans les campings qui vivent essentiellement du touriste étranger, c'est même un peu l'affollement.
Traditionnellement, le campeur étranger représente 40% de la clientèle. Allemands, Belges et Néerlandais semblent revenir doucement, mais l'inconnue pèse encore sur l'outre-manche. L'Angleterre est la deuxième clientèle étrangère la plus importante. Or la frontière vient juste de s'ouvrir et l'on ignore encore si les Anglais franchiront le Channel cette année pour venir se ressourcer chez nous.
Déjà, on a peu de réservations. Et les gens se doutent qu'il y a de la place, donc ils ne vont pas réserver, ils vont venir comme ça. Pour nous c'est compliqué. On n'a pas de vision
Pour résumer, les taux de remplissage ne sont que de 40 à 60 % dans les 220 campings de Dordogne selon Gé Kusters, vice-président national et président départemental de la Fédération de l'Hôtellerie de Plein Air. Et les réservations sont aléatoires, repoussées au dernier moment, c'est l'incertitude.
Phénomène nouveau, on note l'arrivée de Français qui découvrent le camping pour la première fois. Et autre fait marquant, bungalows ou mobil-homes, semblent se porter mieux que la partie camping pure des caravanes, camping-cars et toiles de tente.
Dans son Camping 5 étoiles Paradis, à St Léon sur Vézère, Gé Kusters déplore ce phénomène. Car en Dordogne, 70 % du parc locatif des campings est destiné à ce type de camping. Son espoir est que le mois d'août, le mois où les Français prennent le plus de vacances, soit meilleur.
Le son est légèrement différent au clocher de Brantôme. La perle du Périgord Vert ne trahit pas sa réputation, et l'on y trouve effectivement des Français venus faire le plein de chlorophylle et de beauté.
Comme à l'ordinaire, il y a du monde, mais pas trop. Un tourisme familial, tranquille et tricolore, auquel se mêle même un peu de clientèle étrangère. Une clientèle légèrement différente, affirme Julie Martinet, la directrice de l'Office de Tourisme Périgord Dronne Belle.
Une bonne nouvelle pour les professionnels, d'autant plus que personne n'aurait parié là-dessus il y a trois mois. Mais alors, encore une fois, où est la masse des touristes français que la Dordogne espérait ?On ne revoit pas du tout les Anglais, hormis ceux qui habitent ici. Par contre on a des Belges, des Suisses et des Hollandais.
Les propriétaires de gîtes apportent peut-être un début d'explication. Comme Sophie, propriétaire de chambres d'hôtes. Elle explique qu'elle a vu arriver d'avantage de clients "locaux" cette année.
Des personnes originaires de Bordeaux, d'Angoulême, venues sur de courtes périodes. "Pas vraiment des vacanciers, plutôt des gens qui viennent souffler, en fait". Des gens qui partent pour des périodes plus courtes et plus près, quitte à rayonner dans plusieurs sites autour de chez eux pendant leurs congés.