Les règles sont encore un grand tabou de l'adolescence, et parfois même après. Précarité, honte, moquerie, les menstruations génèrent encore bien des angoisses. C'est ce qu'ont voulu dénoncer trois élèves du lycée Albert Claveille de Périgueux dans un film réalisé grâce à l'association Femmes et Cinéma et diffusé dans le programmes de courts métrages de France 3.
Eva Mangin, Margaux Sénéchal et Auriane Sauvinat sont de très jeunes autrices. Leur court métrage "Rouge Sang" a été projeté alors qu'elles ne sont qu'en classe de première au lycée Albert Claveille de Périgueux. Elles ont écrit le scénario lors d'un projet pédagogique avec leurs professeurs d'histoire et de Français, l'an dernier, en seconde. Elles participaient à un concours organisé par Femmes et cinéma. Cette association, fondée en 2014 par deux productrices de cinéma, veut "lutter contre les inégalités femmes-hommes au travers de projets culturels tels qu’un projet d’éducation à l’image et la production d’une collection de courts-métrages sur les femmes dans le milieu professionnel" explique son site.
Son concours, Regards de femmes, récompense six scénarii qui sont ensuite tournés et réalisés avec des professionnels. Un rêve devenu réalité pour Eva, Margaux et Auriane.
Elles ont voulu raconter l'histoire de Maya, une ado prisonnière parce que ne pouvant, ne voulant parler à personne de ses règles.
"On est encore jeunes quand on a déjà ses règles." justifie Eva. "C'est un sujet qui est encore tabou chez les lycéens, les collégiens. Même quand on en parle au cours de SVT, au final, on fait un cours dessus et ce n'est pas vraiment abordé et c'est abordé en quatrième. Tout le monde a déjà ses règles à ce moment là !"
Margaux, elle s'est retrouvée dans la problématique. "je me suis dit que c'était quelque chose qui m'avait touchée, qui me touchait encore, qui touchait toutes les filles de la classe, et que c'était un thème qui pouvait parler à beaucoup de monde aussi."
Leur héroïne, Maya est une jeune fille qui vit un tournant dans sa vie, ses premières règles. "De nombreux problèmes vont rendre cette expérience infernale pour la collégienne : des parents fermés d’esprit, des remarques stéréotypées de la part de ses camarades, une professeure peu compréhensive, un manque d’information et de soutien. Pour finir avec une dispute violente avec sa mère." résume le pitch.
Le scénario a permis de traiter un panel représentatif des difficultés que rencontrent les jeunes filles réglées détaille Auriane
"Il y avait le prix des protections hygiéniques. Il y avait aussi le fait de choisir ses tenues en fonction, comme de souvent privilégier des habits noirs donc ne pas s'habiller comme on le souhaite. Il y avait la piscine aussi. Quand on a ses règles, c'est souvent compliqué. On a honte. On ne veut pas trop le dire à la professeure. On a peur qu'elle ne comprenne pas parce qu'il y a toujours cette idée de mettre un tampon mais, pour certaines, c'est compliqué. Et ça peut être chimique"
Margaux renchérit "on a toujours les mêmes réflexions. On a toujours ce côté : il faut se cacher. On a l'impression de dealer de la drogue quand on demande une protection hygiénique. Quand quelqu'un demande, par exemple, à quelqu'un d'autre, il ne faut pas qu'on le voit.
Le court métrage a été diffusé en salle et à la télévision. Le trio espère qu'il contribuera à changer les regards.
Eva aimerait "ouvrir les gens sur le sujet, pour que les garçons, les hommes sachent un peu ce que les femmes endurent chaque jour".
Margaux, elle veut démontrer que "même si, çà évolue, il y a toujours des tabous, il y a toujours un manque de communication là-dessus".