La chapelle du fameux château de Joséphine Baker vient d'ouvrir au public pour ces vacances de Pâques. Celle-là même qui a vu le mariage de l'artiste. Et surtout un trésor historique jusque-là méconnu qui a bien failli disparaître
La chapelle privée des Milandes est construite au début du XVIᵉ siècle par le maître des lieux et bâtisseur du château, François de Caumont. Une chapelle gothique flamboyante, décorée à grand frais. Des artistes peintres italiens sont appelés à la rescousse, pas d'économie sur la qualité du bâti ni sur la décoration : l'endroit est destiné à servir de tombeau à François de Caumont lui-même.
Mais les heurts de cinq siècles d'histoire ne rendront pas justice aux somptuaires investissements de François de Caumont. La Révolution Française fait tomber les privilèges des nobles et le château atterrit dans l'escarcelle de l'État. Il est vendu pour devenir une ferme, la chapelle se transforme en étable et resserre à fourrage.
Joséphine Baker s'y est mariée
Il faut attendre la fin du XIXe siècle pour que des paroissiens "sauvent" la bâtisse, avec une restauration plutôt sommaire. Un nouveau propriétaire lui redonnera un peu de lustre. Suffisant pour qu'en 1947, la nouvelle occupante des lieux, une certaine Joséphine Baker, y célèbre son union avec Jo Bouillon et y baptise certains des enfants de sa tribu arc-en-ciel.
Suit un imbroglio administratif qui conduit, en 1956, à "oublier" la chapelle lors des nouvelles attributions du cadastre. Jusqu'à son départ en 1969, Joséphine Baker, n'obtiendra plus jamais la propriété légale du lieu.
La deuxième vie de la chapelle
En 2016, la chapelle est "redécouverte" par les nouveaux propriétaires du château. Le couple De Labarre entreprend des études et des travaux en 2018. On exhume des portes, des cheminées. D'extraordinaires peintures sont dévoilées sous la couche de plâtre grossière qui les recouvrait. La fameuse crypte dans laquelle est supposé reposer François de Caumont fait l'objet de fouilles archéologiques. On y découvre des bijoux, les ossements de 12 corps, et un cœur en plomb entouré de fil d'or. Ces vestiges n'ont pas encore livré tous leurs mystères.
La décoration n'est pas laissée de côté : un patient chantier de restauration a permis de retrouver des peintures conformes aux originaux après plus de 8 mois de travail. Après 570 000 euros de chantier, le chantier est pratiquement terminé. Viendra ensuite un accompagnement numérique pour immerger encore plus le visiteur dans un retour temporel de cinq siècles