Auteur d'un double meurtre à Pau en 2004, Romain Dupuy, schizophrène, a été déclaré pénalement irresponsable. La justice examinait ce mardi 27 avril sa demande de quitter l'unité ultra sécurisée de l'hôpital de Cadillac, pour intégrer une structure fermée classique.
Romain Dupuy va-t-il sortir de l'unité pour malades difficiles de l'hôpital psychiatrique de Cadillac ? Le sort de ce trentenaire, interné dans cette unité spécialisée a été examiné ce mardi par un juge des libertés et de la détention à Bordeaux.
Les experts favorables
Depuis de longs mois, le trentenaire demande à quitter l'unité ultra sécurisée où il est retenu depuis seize ans, afin d'être soigné dans un établissement psychiatrique classique. Une demande appuyée par les rapports d'expertise de la commission de suivi médical de Cadillac : à trois reprises, en janvier 2018, septembre 2019 et juillet 2020, celle-ci s'est prononcée en faveur de son transfert dans un hôpital psychiatrique classique.
Une demande qui se heurte au refus de la préfecture de la Gironde, qui "fait preuve de mauvaise foi et se cache derrière des textes de lois", estime Maître Hélène Lecat, co-défenseure, avec Me Serge Portelli, de Romain Dupuy. "On ne peut pas se fonder sur des hypothèses, on ne peut pas dire que s'il venait à sortir, il serait, peut-être, tout aussi dangereux", poursuit l'avocate.
Double meurtre
Les deux meurtres commis par Romain Dupuy, âgé de 21 ans au moment des faits, avaient marqué l'opinion. Dans la nuit du 17 au 18 décembre 2004, le jeune homme, diagnostiqué schizophrène et en crise, pénètre dans l'hôpital psychiatrique de Pau. Il croise alors une aide-soignante, qu'il tue à coup de couteau, avant de décapiter une infirmière.
Romain Dupuy sera déclaré pénalement irresponsable, bien que reconnu coupable, les experts estimant que son discernement était aboli au moment des faits. En janvier 2005, il est interné dans unité pour malades difficiles à l'hôpital de Cadillac en Gironde, où il se trouve toujours.
"L'état de Romain Dupuy est stabilisé depuis des années"
"En psychiatrie, contrairement à la prison, la peine ne semble pas avoir de durée de fin", déplore Me Lecat, qui rappelle que sur les années, son client a toujours eu un comportement "exemplaire".
"L'état de Romain Dupuy est stabilisé depuis des années, il prend son traitement, il ne veut pas retourner dans une dépendance au cannabis.
Il n'a jamais fait l'objet de mesure d'isolement, il n'a jamais eu de problèmes. Il n'est pas drogué aux médicaments et n'est pas du tout dans le même état que les autres patients de cette unité".
Il faut prendre en considération ce qu'il est devenu. Romain Dupuy n'a qu'une seule volonté : se réinsérer.
L'affaire Sarah Halimi dans les esprits
L'examen par la justice de sa sortie éventuelle intervient quelques jours à peine après la décision de la cour de Cassation sur l'affaire Sarah Halimi. Le meurtrier de cette sexagénaire juive, rouée de coups à son domicile et jetée par la fenêtre, a été, lui aussi, reconnu irresponsable pénalement. Une décision mal perçue par une partie de l'opinion publique.
"Cette décision a le mérite de relancer le débat sur la question de la psychiatrie en France, commente Me Lecat. Mais j'espère et je pense, que la justice saura s'en départir. Ce ne sont pas du tout les mêmes cas. Romain Dupuy purge sa peine depuis déjà seize ans", rappelle l'avocate.
La décision du juge des libertés et de la détention sur un éventuel transfert de Romain Dupuy dans un autre établissement psychiatrique doit être rendue ce jeudi 29 avril.