"C'est un petit cadeau de Noël" : détruite par une violente tempête, la RN134 rouvre avec un mois d'avance

La brèche de 40 mètres coupant la RN 134 en deux n'est plus qu'un mauvais souvenir. Trois mois après les crues torrentielles qui ont entraîné l'effondrement de la chaussée, la circulation des voitures et poids lourds transfrontaliers a repris, ce vendredi 20 décembre, entre la France et l'Espagne.

À quelques jours de Noël, l'inauguration de la RN 134 apparaît comme un cadeau aux habitants de la vallée d'Aspe."C'est un petit cadeau de Noël, une satisfaction de savoir qu'on va pouvoir enfin retrouver notre trajet normal", sourit un transporteur. Depuis ce vendredi 20 décembre, les poids lourds et véhicules légers peuvent de nouveau emprunter sur cette route reliant la France à l'Espagne. La circulation était interdite depuis plus de trois mois.

Une éternité pour les locaux. "Tout le monde a subi la fermeture. Ouvrir la frontière est dans l'intérêt de la vallée d'Aspe et de l'ensemble du Béarn", constate Jean-Marie Girier, le préfet des Pyrénées-Atlantiques, en inaugurant la portion rénovée.

Un mois d'avance sur la réouverture

Dans la nuit du 6 au 7 septembre, les pluies diluviennes ont provoqué crues et glissements de terrain, jusqu'à former une brèche de 40 mètres de large, par 50 de profondeur, au beau milieu de la RN 134, sur la commune d'Urdos, entre le centre-bourg et le tunnel du Somport.

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L'axe routier s'est retrouvé scindé en deux, empêchant la circulation de part et d'autre de la vallée d'Aspe. À l'époque, la préfecture des Pyrénées-Atlantiques tablait sur une réouverture en janvier 2025, au plus tôt. D'importants moyens ont été déployés pour permettre la reprise du trafic au plus vite. Plus vite que prévu même. "On rouvre avec un mois d'avance. À situation exceptionnelle, mesures exceptionnelles", poursuit le préfet. Près d'un million d'euros a été mis sur la table par l'État, rien que pour combler la brèche.

De chaque côté de la vallée, les habitants vont pouvoir reprendre leurs liens et leurs activités. Rouvrir avant Noël était notre objectif.

Jean-Marie Girier

préfet des Pyrénées-Atlantiques

Dans les heures qui ont suivi le sinistre, la circulation avait été modifiée sur plusieurs axes pour permettre aux habitants comme aux frontaliers de continuer à se déplacer. Tous ont dû emprunter des itinéraires alternatifs et renoncer à la facilité de rouler tout droit sur la RN 134.

Certains locaux ont même dû, des mois durant, faire une partie de leur trajet quotidien domicile-travail à pied, sur la piste aménagée par la commune le long de la route sinistrée. "C'est 20 minutes de marche. Il faut changer de sac, changer de chaussures, ce n'est pas simple", nous racontait Cécile, l'une d'entre eux, le 20 septembre.

Par chance, l'épisode orageux n'a fait aucun blessé. Les coulées de boues ont, en revanche, causé d'importants dégâts matériels dans les petits villages du territoire, notamment à Urdos, Etsaut, Borce et Cette-Eygun. Plus de 300 personnes se sont retrouvées sans électricité. Le réseau de moyenne tension a été très abîmé. "Je n'ai jamais vu de dégâts aussi importants sur une zone si restreinte. Le réseau aérien et des transformateurs ont été emportés par les crues", nous indiquait Jean-Marie Darget, interlocuteur collectivités Enedis, il y a quelques jours.

"Nous vivons grâce à la frontière"

De l'autre côté de la frontière, l'Espagne a aussi été très attentive à l'avancée des travaux. Chaque jour, près de 1 500 véhicules empruntent normalement le tunnel du Somport. Parmi eux, de nombreux transporteurs transpyrénéens pour qui les pertes économiques étaient importantes. "C'est une journée très importante, aussi bien de ce côté des Pyrénées que du côté espagnol. J'imagine que toutes les entreprises de transports sont ravies. Leurs pertes ont été estimées à 90 000 euros par jour de fermeture de la route", indique Carlos Campo, le délégué du gouvernement espagnol pour la province de Huesca.

On nous avait annoncé 6 mois de travaux. C'est une bonne chose d'avoir pu réduire ce délai et rétablir la circulation, le village était mourant.

Bernard Guitton

Adjoint au maire d'Urdos

En première ligne, la commune espagnole de Canfranc a particulièrement subi ces difficultés économiques depuis la fermeture de l'axe routier entre les deux pays. "Nous vivons grâce à la frontière. Le commerce, les stations services ont perdu 90% de leurs ventes. C'est aussi très important pour l'aspect social", se réjouit Fernando Sánchez Morales, lui aussi présent à l'inauguration, ce vendredi 20 décembre.

Encore des travaux à venir

La réouverture de la RN134, ce vendredi, n'est cependant qu'une première étape dans la reconstruction de la vallée. Le remplacement de l'ensemble du réseau électrique sinistré ne sera pas achevé avant juillet. "Il ne faut pas s'arrêter à l'ouverture de la route. C'était la priorité, mais il reste encore beaucoup à faire. Par exemple, des pistes de montagne ont été ravagées et il va falloir assurer la remontée des bergers au printemps", insiste Bernard Guitton, le directeur de la station de ski du Somport et adjoint au maire d'Urdos où un camping a été détruit.

Le préfet desPyrénées-Atlantiquess tempère : "Tous ces travaux font l'objet d'un comité de pilotage accompagné par l'État et par les collectivités territoriales. Cela va durer longtemps."

Et malheureusement, tous les chantiers ne pourront pas être aussi rapides que celui de la RN 134. "Il va falloir tirer des enseignements de ce qu'il s'est passé. Le travail sera progressif." La préfecture envisage de "voir des aménagements" d'ici à un an maximum.