Ces derniers jours, des opérations anti-stupéfiants ont été menées, parfois simultanément, à Bordeaux, Pau ou encore Agen. Au final, seulement deux personnes ont été interpellées, mais l’objectif des forces de l’ordre était avant tout de marquer leur présence.
Soixante policiers investissant un quartier. Il est 17h30 ce mardi 15 septembre 2020 lorsque l’opération menée par la Direction Départementale de la sécurité publique est lancée au Grand Parc à Bordeaux. Drone, chiens, policiers de la brigade des stupéfiants, de la brigade anti criminalité et de la compagnie départementale d’intervention. Contrôles d’identité, caves et cages d’escalier fouillées, il est 20h30 lorsque les forces de l’ordre repartent, laissant la police technique et scientifique finir son travail.
Deux interpellations à Bordeaux, aucune à Pau
Bilan de l’opération : « sur 10 personnes contrôlées, deux individus ont été placés en garde à vue pour des faits liés à la législation sur les stupéfiants et sur les armes », indique ce mercredi le parquet de Bordeaux. 11 D'après le bilan communiqué ce mercredi soir par la Procureur de la République adjoint, Rachel Bray, onze armes ont été découvertes, diverses munitions et quelques dizaines de grammes d'herbe et de résine de cannabis.Au même moment à Pau, une autre « descente » est organisée au quartier Ousse des Bois. La police en fait même état sur twitter. Preuve qu’il faut marquer les esprits et surtout communiquer. Le butin est pourtant maigre. « Sur un lieu collectif ont été découverts des petits conditionnements de cocaïne », relate Cécile Gensac, procureur de la République de Pau ce mercredi. Aucune interpellation, mais « une enquête est en cours afin d’attribuer ces objets à des personnes ». Le parquet de Pau n’en dira pas plus. Pareil du côté de Bordeaux.
[#AntiStups] Opération en cours à #Pau, quartier Ousse des Bois.
— Police nationale 64 (@PoliceNat64) September 15, 2020
Vérification des parties communes, contrôle routier #ContreLesTrafics pic.twitter.com/u0jcQ7aLXc
Le ministre de l’Intérieur durcit le ton
Récemment, la volonté politique de mettre un coup d’arrêt au trafic de stupéfiants s’est affichée. Début Septembre, Gérard Darmanin, ministre de l’Intérieur, en faisait sa priorité. Il avait demandé aux forces de l’ordre de mener « chaque semaine » dans les quartiers difficiles des « opérations proactives » pour lutter contre le trafic de drogue mettant en avant les opérations déjà réalisées dans une vingtaine de départements. « Chaque semaine, il faut refaire ces opérations », avait ajouté le ministre.« Il faut toujours marquer sa présence »
À Pau, la DDSP évoque des opérations régulièrement menées dans les quartiers de reconquête républicaine (QRR). La semaine dernière déjà, une opération avait été menée à Saragosse. À Bordeaux, la dernère opération de cette même envergure dans le quartier du Grand Parc remonte au 26 mai dernier après des rodéos urbains. Mais des échecs, la police en a aussi connus dans ce quartier difficile. On se souvient notamment du guet-apens dans lequel les forces de l’ordre sont tombées le 24 juillet dernier. Entre 15 et 20 individus les avaient attaquées à coups de tirs de mortier, alors qu’elles tentaient de récupérer un scooter volé.« Dans un quartier comme ça, il faut toujours marquer sa présence », explique Patrick Léonard, directeur interrégional adjoint de la police judiciaire. « La police y est régulièrement, et il est important de rappeler qu’on est présent sur le territoire. L’objectif est double. Ce sont des quartiers qui ont été sousle feu de l’actualité encore récemment, il est important d’aller dans les parties communes et de voir ce qu’il s’y passe. Il faut montrer notre présence sur place mais aussi en tirer des résultats, là (mardi 15 septembre, NDLR) je pense qu’ils ont trouvé des choses effectivement".
Le contexte bordelais est à l’image du contexte national. Les chiffres sur l’insécurité sont mauvais depuis plusieurs mois et particulièrement depuis le déconfinement. Certains élus de l’opposition ont même demandé au maire Pierre Hurmic qu’un conseil municipal exceptionnel sur l’insécurité soit organisé. Celui-ci a d’ores et déjà décidé de remobiliser la police municipale et de créer un groupe local de traitement de la délinquance (GLTD) dans le quartier Saint-Michel où pour certains habitants « la situation est une poudrière »."Ces opérations diligentées par le parquet existaient déjà, ce sont des opérations classiques, mais qui risquent effectivement, si j’ai bien compris les propos tenus par le Premier ministre et le ministre de l’Intérieur, se multiplier ».
Côté justice, le parquet de Bordeaux précise qu'il n'y a pas de consigne nouvelle. " La lutte contre les trafics de stupéfiants fait partie des priorités de politique pénale et le parquet de Bordeaux signe quotidiennement des réquisitions aux fins de contrôle sur tout le ressort." nous rapporte Rachel Bray, Procureur de la République adjoint.