Bordeaux : un conseil municipal extraordinaire sur l'insécurité, qu’en pensent les élus ?

L’idée d'un conseil municipal extraordinaire est venue de Thomas Cazenave. Il a rapidement été suivi par plusieurs élus de l’opposition. Face à l’augmentation de l’insécurité dans la ville, quelle est la politique qu’ils souhaitent voir mise en place ?
 

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Entre le 22 juin et le 31 juillet, Bordeaux a notamment été le théâtre de 31 rixes, selon la préfecture. Pierre, Hurmic, maire de Bordeaux, ne souhaite pas s’exprimer pour l’instant sur le sujet. Sa conférence de presse de rentrée doit avoir lieu jeudi 10 septembre. Sûrement attend-il cette date pour évoquer la question, choisissant ainsi lui-même le timing, son propre tempo.


Une chose est sûre, la question revient régulièrement ces derniers mois, et l’été est loin d’avoir vu les actes de délinquance se raréfier, bien au contraire. La question devient pressante. Au tweet de Thomas Cazenave, Alexandra Siarri, élu proche de l'ancien maire Nicolas Florian, a immédiatment répondu. "Je suis entièrement d'accord avec cette demande", a posté l'ex-adjointe au social de la mairie.
Aujourd’hui, l’opposition invite donc Pierre Hurmic à mettre ce thème au cœur d’une réflexion réunissant tous les acteurs politiques quel que soit leur bord. L’ancienne majorité, qui n’a pourtant jamais organisé de conseil municipal extraordinaire sur ce sujet, pourtant déjà d'actualité à l’époque, en demande la tenue. Posture politique ou signe d’une urgence ? Nous avons été voir celles et ceux qui forment le paysage politique de la Ville pour connaître leur avis sur la question et surtout leur méthodologie pour lutter contre l’insécurité à Bordeaux.

Thomas Cazenave : " Il faut qu’on se retrousse les manches collectivement"

J’ai souhaité que Pierre Hurmic puisse convoquer un conseil municipal extraordinaire sur la question de la sécurité. Je l’avais déjà invité fin juillet à réunir l’ensemble des forces politiques locales et associatives pour qu’on débatte ensemble de la situation. Je pense qu’il y a une inquiétude des Bordelaises et des Bordelais sur les actes de délinquance, et l’insécurité dans la ville. Je crois qu’il faut qu’on en parle sereinement, éviter les polémiques, et l’instrumentalisation. Et je souhaiterais qu’on puisse en débattre au sein du conseil municipal. Qu’est-ce qu’on peut faire ? Et chercher un consensus sur un sujet qui est toujours polémique.

Thomas Cazenave - Conseiller municipal d'oppostion (LREM), ancien candidat à la mairie 

« Il faut qu’on trouve des réponses »

Moi je ne dis pas que la délinquance elle a particulièrement augmenté à Bordeaux. On voit à travers vos propres reportages, à travers les articles de "Sud-ouest", les témoignages  des Bordelaises et des Bordelais, dans les chiffres d’augmentation des cambriolages dans la ville, qu’il y a un sujet qui est nouveau. Je dis aussi que Pierre Hurmic, il n’est pas responsable de cette situation-là mais il est aujourd’hui en responsabilité. Il faut qu’on trouve des réponses. On a un sujet avec les mineurs non accompagnés, qui sont livrés à eux-mêmes et qui parfois commettent des actes pour survivre, des actes de violence. On a un problème de présence de la police municipale dans la rue, dans nos quartiers, de la présence de la police nationale. Moi je pense qu’il faut à minima qu’on en débatte collectivement, c’est une inquiétude dans la ville et notre rôle en tant qu’élu c’est de répondre aux attentes."

Etablir un diagnostic et éviter les instrumentalisations

"Moi, je voudrais qu’on puisse d’abord partager le diagnostic. Comment ça a évolué ces derniers mois très concrètement ? Ensuite quelles sont les réponses que le maire, Perre Hurmic, met en œuvre immédiatement ? Quand est-ce qu’il va y avoir des policiers municipaux supplémentaires ? Et on va se rejoindre sur cette proposition. On l’avait proposé dans notre programme, il le soutient, moi je pense qu’on a des sujets de convergence. Mais quand est-ce qu’ils seront présents sur le terrain ? Quelle est la réponse de la police nationale et de l’Etat ? Nous, on avait souhaité faire de Bordeaux-sud un quartier de reconquête républicaine. Où en sont les discussions avec les représentants de l’Etat ? Qu’est-ce qu’on fait sur l’accompagnement de ces mineurs non accompagnés dans la rue qui participent parfois à ces actes de délinquance ? Est-ce qu’on peut les accompagner mieux ? Et quel est le rôle du conseil départemental ? Est-ce qu’il y a des actions nouvelles qu’il va rendre ? On a besoin d’en parler. On a besoin d’en parler, pour éviter justement les instrumentalisations. Il faut qu’on en discute sereinement, calmement, mais il faut poser cette question-là."
 

Municipalité, Etat, Conseil départemental, et associations autour d’une même table

On a été convoqués en plein milieu du mois d’août pour un conseil municipal extraordinaire parce que le tribunal administratif a annulé la liste de Pierre Hurmic pour les grands électeurs aux élections sénatoriales. Donc, c’est possible d’en convoquer un, je crois que ce sujet-là le nécessite. Je pense qu’il faut qu’on ait un débat apaisé, moi je ne souhaite pas du tout en faire un sujet de polémique mais on a besoin de réponses en tant que représentants des Bordelaises et des Bordelais. Et puis entendre le maire sur quelles actions concrètes. Donc voilà, partager le diagnostic, se dire quel type de réponses on peut apporter, à l’échelon municipal, l’Etat, le département, le réseau associatif. Je crois qu’il faut qu’on se retrousse les manches collectivement.

Philippe Poutou : "Apporter des réponses sociales"

Ça ne peut être que le début d’une réponse. Effectivement il y a besoin d’un débat, d’un débat politique, d’un débat dans la ville, et d’un débat public. D’abord qu’est-ce qu’il se passe ? Est-ce qu’il y a une remontée des agressions ? S’il y a agression, de quoi on discute exactement ? Quel est le lien avec ce qu’on pourrait appeler une société de plus en plus violente, aussi de plus en plus brutale ? En deçà de la crise sanitaire, il y a la crise économique, la précarité, le chômage, le licenciement, enfin des violences partout. Donc, on aurait besoin de mettre tout à plat et arriver à faire le lien.

Philippe Poutou - Conseiller municipal d'opposition (FI), ancien candidat à la mairie

Eviter la démagogie

"Et après, quelle réponse ? Il faut discuter d’une réponse politique. Alors, est-ce qu’on a une réponse démagogique sur le sécuritaire et uniquement sur ce terrain-là ? Ou on essaie aussi d’apporter des réponses sociales, de répondre à la crise, aux licenciements, au chômage, à la précarité, à l’accès au soin, à l’accès à tous les besoins fondamentaux de la ville ? C’est comment recréer une vie dans la vie, et une vie où les gens vivent correctement."

« La véritable insécurité c’est la crainte du lendemain »

"On peut penser que la délinquance ou les violences quotidiennes, elles sont le résultat d’une société telle qu’elle est organisée, d’une violence globale de la société. On peut faire le lien assez facilement avec le niveau de chômage, le niveau de précarité, avec le fait que les gens vivent dans une insécurité mais la véritable insécurité, c’est la crainte du lendemain finalement. On sait qu’il y a des gens qui se font expulser, qui perdent leur boulot, qui n’ont pas assez pour vivre, pour se soigner. Donc c’est obligatoirement ce lien là qu’il faut faire. Il n’est pas strictement parfait mais il y a un lien à faire. Donc la réponse politique elle est en tenant compte de tout ça. Il faut qu’on prenne en compte la vie des gens, comment ça se passe. Et du coup, à l’échelle municipale, on peut imaginer qu’il faut recréer des vies dans le quartier, recréer de la solidarité, recréer du collectif."

Mineurs non-accompagnés : « une jeunesse qui puisse être à l’abri »

"On peut penser que ça c’est une explication, et que effectivement plus il y a de jeunes isolés, perdus, sans avenir et menacés par plein de choses notamment en étant exclus, en étant à l’extérieur sans pouvoir avoir un logement, une vie décente, et donc du coup ça pose le problème des réponses du pouvoir public. Là, on voit qu’il y a des réponses militantes, associatives, qui créent des squats, qui essaient justement d’apporter une aide, d’apporter une solidarité à ces jeunes-là. Donc, après le problème posé c’est celui-là : c’est comment le département, la région, la municipalité apportent des réponses, légalisent ces squats-là, signent des conventions et permettent qu’il y ait toute une jeunesse qui puissent être à l’abri, protégée, et donc effectivement enlever une main-d’œuvre entre guillemets possible pour les trafics. Donc, c’est là encore une fois où on joint la réponse sociale, la réponse humaine, et puis de voir comment tout cela ça peut évoluer."
 

Nicolas Florian : "Nous n'avons pas les mêmes réponses face à ces sujets"

Il y a un sujet sur l’insécurité. Après un conseil exceptionnel, pourquoi pas mais il y aura un conseil municipal le 29 septembre, je pensais y faire de la sécurité un sujet central. Nous, ce qu’on demande, c’est des actions concrètes de la part de Pierre Hurmic. Cela va au-delà du conseil. Quels sont les actes ?

Nicolas Florian - Conseiller municipal d'opposition (LR), ancien maire de Bordeaux

 

"On a franchi un cap cet été »

France 3 : " L’insécurité ne date pas d’aujourd’hui, cela fait plusieurs mois que les médias en parlent. Vous étiez déjà maire à l’époque, ça n’est donc pas nouveau. ? 
"Les choses se sont aggravées et accélérées. Je critique Pierre Hurmic dans sa posture en parlant de prévention. La situation n’est pas naissante depuis 28 juin mais elle s’est nettement aggravée et l’équipe municipale est dans l’angélisme et demande des moyens supplémentaires. Cet été, on n'a jamais eu autant d’attaques à la personne, cela ne s’était jamais vu. On a franchi un cap cet été, il ne le découvre pas mais il minimise les actions à mettre en place.
Est-il possible de mettre autour d’une table municipalité, departement, prefecture, associations ? Cela existe déjà, cela s’appelle un conseil local CSPD , c’est le maire qui en est président de droit, j’en ai fait un en avril dernier. J’ai augmenté les effectifs de la police municipale avec 29 policiers supplémentaires en deux ans, et ce n’est pas suffisant. J’ai développé les caméras de surveillance, 40 agents sont désormais équipés de tazer, j’ai augmenté le nombre de caméras individuelles pour les agents, nous avons instauré un quartier de reconquête républicaine (QRR) à Bacalan, je voulais faire pareil pour Saint-Michel."

« Il est maire de Bordeaux, on ne s’en est pas trop aperçu jusque-là »

"C’est quelque chose de plus culturel et structurel, nous n’avons pas les mêmes réponses face à ces sujets : vidéo, armement de la police municipale, drones pour la surveillance, brigade canine… même si sur ce sujet il a finalement changé d’avis.
C’est lui qui a les clefs. Quelles sont les mesures qu’il va prendre ? Il est maire de Bordeaux, on ne s’en est pas trop aperçu jusque-là. Mais qu’est-ce qu’il va faire ? Pour l’instant, je n‘ai pas vu de mesure, sauf une, que j’avais proposée, la brigade canine."


Pierre Hurmic, nouveau maire écologiste de Bordeaux, sera l'invité de notre rendez-vous politique de rentrée le dimanche 13 septembre à 11 H 30. Ses pistes pour lutter contre l'insécurité y seront largement abordées. 

 
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