C'est la période de migration des grues cendrées. Annonciatrices du printemps, plusieurs dizaines de milliers de ces oiseaux traversent le ciel limousin pour rejoindre leur site de nidification en Europe du Nord. Un spectacle toujours splendide à observer. On peut s'amuser à les compter.
Leurs cris caractéristiques couplés au bruissement de leurs battements d’ailes éveillent la curiosité. Un appel à jeter un regard vers le ciel. Les grues cendrées empreintent actuellement le couloir migratoire qui survole le Limousin. "C’est le printemps pour elles dès à présent", explique Jérôme Roger, ornithologue, responsable territorial en Limousin de la LPO, Ligue de Protection des Oiseaux, "elles quittent leur site d’hivernage pour rejoindre le nord de l’Europe (Suède, Finlande, pays Baltes) et leurs sites de reproduction. Elles traversent actuellement le Limousin puisqu’elles hivernaient dans le sud-ouest de la France et le nord de l’Espagne".
C'est le principe du peloton comme au cyclisme
Ce grand échassier déploie un vol majestueux et caractéristique de plusieurs espèces migratrices mais pas de toutes. Si les passereaux (comme le rossignol ou la grive par exemple) pratique une migration rampante, ils volettent d’arbre en arbre, les grues cendrés progressent grâce une formation groupée en V : "C’est le principe du peloton comme en cyclisme’’, précise Jérôme Roger : "le premier emmène les autres oiseaux et, successivement, le second va prendre le relai et ainsi de suite pour conserver un rythme et progresser le plus vite possible". Si la grue cendrée d’Europe possède une grande envergure (jusqu’à 2,40 mètres) du haut de ses 1,20 mètres, elle se révèle plus petite que la grue du Japon (1,70 m) ou encore que la grue Antigone (1,80) que l’on trouve en Inde notamment.
300 000 grues traversent le Limousin
"En ce moment, nous sommes encore en cours de recensement, la grosse période de migration correspond à fin février-début mars''. Et l’ornithologue d’ajouter : "A l’automne dernier, ce sont environ 200 000 oiseaux qui ont pu être comptés et observés sachant qu’on estime qu’il y a 300 000 grues qui hivernent en France et en Espagne. D’année en année, c’est en très légère augmentation, mais sur 40 ans, c’est une très forte progression, on est passé d’un hivernage de 50 000 spécimens dans les années 80/90 à 300 000 aujourd’hui. C’est dû à la fois à une recolonisation des sites de nidification grâce aux lois de protection des années 60/70 mais également aux bonnes conditions d’accueil des lieux de halte migratoire".
Observer, s’émerveiller et compter
Si vous croisez du regard un vol de grues, profitez de l’instant, certes furtif, observez et amusez-vous à compter. Il est possible d’ailleurs de participer au comptage. "Il suffit d’aller sur le site ‘Faune Limousin’, indique Jérôme Roger, "et renseigner les informations d’observation que nous récoltons ensuite afin d’améliorer nos connaissances et leur protection".
Et si d’aventure, vous êtes tenté de découvrir l’évolution de la progression des oiseaux observés, la LPO propose également un site dédié au suivi journalier de la migration de ces grues sur tout le territoire français, comme l’indique la carte ci-dessus à la date du 19 février 2021. On y distingue parfaitement le couloir de migration et son intensité suivant les départements.