Comment les élus limousins appréhendent-ils le mouvement des gilets jaunes ? Nous avons interrogé trois d’entre eux en Haute-Vienne, Corrèze et Creuse.
Marie Ange Magne est la députée LREM de la troisième circonscription de la Haute Vienne. Chaque jour, elle parcourt les petites routes du nord du département. Elle comprend donc la grogne sur l’augmentation du prix des carburants :
Ce territoire est enclavé. C’est une réalité que je vis au quotidien.
La députée rencontrera les gilets jaunes lundi 26 novembre à sa permanence pour les écouter.
Mon travail est de faire remonter leurs revendications.
Elle espère beaucoup des annonces qui seront faites mardi 26 novembre par le président de la République. Il devrait organiser des grenelles locaux, pour trouver des solutions propres à chaque territoire.
La députée de la Haute-Vienne réprouve par contre le blocage des activités économiques et commerciales.
Corrèze
Frédérique Meunier, députée de la circonscription de Brive, s’est arrêtée sur le rond-point de Cana pour parler avec les gilets jaunes avant de partir pour Paris.Je suis admirative de leur volonté de vouloir faire passer un message
L’élue LR affirme que leurs revendications sont légitimes et crédibles mais craint que le mouvement dégénère et se décrédibilise.
J’appelle tous les gilets jaunes à déclarer leurs manifestations. Je ne veux pas de blessés ou de morts
Quant à la gestion du conflit par le gouvernement, elle pense que tout a été fait à l’envers.
Je taxe, je punis, et puis j’essaie de trouver des solutions.
Pour Frédérique Meunier, Emmanuel Macron s’est coupé du terrain :
Il est dans un bocal parisien. On ne fait pas Brive-Beynat en métro. Les Corréziens ont besoin de leur voiture.
Les solutions alternatives telles que les voitures électriques ou hybrides ne seraient pas encore assez développées pour être crédible selon la députée.
En Creuse
Michel Vergnier est le maire PS de Guéret. Il est très étonné par la rapidité avec laquelle tout s’organise et s’interroge sur la perte de crédibilité des politiques, syndicats et médias.Rien n’est canalisé. Ça me fait peur car tout cela va profiter à des partis extrémistes.
Sur le fonds, il comprend les revendications des gilets jaunes. Pour lui, les responsables politiques parisiens se sont coupés du terrain :
La politique est vue comme quelque chose de négatif alors qu’on ne vivra pas sans. Il faut écouter les gens avant que la situation ne dégénère.
Michel Vergnier pense que les élus locaux ont un rôle à jouer en ce sens :
Le maire est la personne la plus respectée parce qu’il est à portée de baffes.
Reste donc à savoir comment les grenelles locaux que proposera bientôt Emmanuel Macron s’organiseront sur le terrain.