Entre plan blanc et fermetures de services, les hôpitaux font face à l’augmentation des admissions

Cette semaine, les hôpitaux de Grand Cognac, rapidement suivis du centre hospitalier Nord Deux-Sèvres, ont déclenché leur plan blanc en niveau 1, tandis que d’autres s’y refusent. Entre allongement des horaires de travail et fermetures de services, chaque hôpital tente de trouver des solutions pour gérer la récente augmentation des hospitalisations.

"Après un week-end particulièrement tendu, j’ai décidé de déclencher le plan blanc lundi 11 juillet", annonce Julien Bilhaut, directeur des hôpitaux de Grand Cognac. Une décision difficile à prendre dans un secteur particulièrement réquisitionné depuis le début de la crise sanitaire. "Cela nous permet d’adapter les plages horaires de travail à la situation, pour faire venir le personnel sur 12 H." Des horaires étendus, pour mobiliser moins de soignants sur 24 H et maintenir le fonctionnement de tous les services. "On additionne les difficultés, confie Julien Bilhaut. Nous démarrons l'été avec un manque de professionnels par rapport à la démographie, auquel s’ajoutent les congés estivaux et une nouvelle vague. On est sur le fil du rasoir."

Une accélération des admissions

Grâce au déclenchement du plan blanc, les hôpitaux pourront maintenir le fonctionnement de tous leurs services jusqu’à ce que de nouvelles embauches, principalement prévues en août, viennent renforcer les équipes. "Nous tenons sincèrement à maintenir ouverts chacun de nos services, c’est primordial", ajoute le directeur.

Mardi 12 juillet, au centre hospitalier Nord Deux-Sèvres la décision d’activer le plan blanc, au niveau 1, a aussi été prise. "Tout s’est accéléré le week-end dernier", soutient Marianne Simon, directrice adjointe du centre hospitalier. Les admissions plus importantes de patients Covid-19 se sont ajoutées à l'activité intense des urgences. "A l’heure actuelle, entre 35 et 40 patients Covid sont hospitalisés. Nos capacités d’accueil sont normalement de dix places..." Une surcharge de travail qu’il faut amortir. "Nous comptons sur tous les acteurs de la santé. La médecine de ville est mise à contribution et nous pouvons compter sur une partie du personnel pour se rendre disponibles afin de remplacer les collègues malades."

A l’heure actuelle entre 35 et 40 patients Covid sont hospitalisés. Nos capacités d’accueil sont normalement de dix places...

Marianne Simon, directrice adjointe au centre hospitalier Nord Deux-Sèvres

En effet, la reprise de l’épidémie prive aussi le centre hospitalier d’une partie de son personnel. Quelques jours à peine après le déclenchement du plan blanc, 40 soignants sont déjà en arrêt maladie. "Pour l’instant nous n’avons pas appelé de personnel sur leurs congés. Nous essayons de faire appel aux volontaires, sur des temps de repos", affirme la direction. Et lorsque cela est possible, les sites de Faye l’Abbesse et Parthenay procèdent à des transferts, pour soulager les services de soins de suite et de réadaptation. "Nous avons des lits prévus à cet effet à l’hôpital de Mauléon. Nous pouvons aussi organiser des transferts vers le CHU de Poitiers", précise Marianne Simon.

Tenir le rythme

Du côté du centre hospitalier de Poitiers, en revanche, pas de plan blanc en perspective. Alors il faut trouver d’autres solutions. Car comme partout ailleurs, la fatigue des soignants croît. "Evidemment les effectifs médicaux et paramédicaux sont sous tension. On compte aussi de plus en plus d’arrêts de travail liés au Covid-19. Mais pour l’instant nous considérons qu’il n’est pas nécessaire d’actionner le plan blanc", maintient Guillaume Deshors, directeur de cabinet au CHU de Poitiers. Pour tenir le coup face à l’afflux de patients, les plannings sont régulièrement réorganisés et des volontaires sont appelés pour réaliser des heures supplémentaires. "Nous parvenons aussi à tenir le rythme car nous pouvons compter sur un ratio d’effectif plus généreux que d'autres centres hospitaliers", convient le directeur de cabinet. Pour l’instant, donc, pas question de rappeler les soignants sur leurs congés. A la place, la direction du CHU préfère programmer des fermetures de lits dans les services les moins saturés. Cette année, sur environ 1 400 lits que comptent les cinq sites du centre hospitalier, 177 sont fermés. "C’est beaucoup plus que ce que nous fermons habituellement en période estivale, estime Guillaume Deshors. Cette année est encore très particulière."

Rester prudents

Réduire les capacités d’accueil, voire fermer des services entiers pour alléger la charge du personnel soignant, c’est aussi la décision du centre hospitalier de Rochefort. "Nous annulons les opérations de chirurgie non-urgentes, observe Dominique Tourret, chef de service des urgences. Nous ne traitons que la traumatologie et la chirurgie du cancer, tout ce qui ne peut pas attendre." Des infirmiers atteints du Covid-19, un bloc opératoire au ralenti… "On travaille sur une patte, les collègues passent des nuits compliquées. Et la vague de chaleur n'arrange pas les choses." Surtout, depuis deux ans, l’hôpital travaille à flux tendu. "Plan blanc ou pas, la situation reste très tendue. Mais on ne rappelle pas encore de personnel en vacances", témoigne le chef des urgences. Pour le moment, le centre hospitalier maintient simplement sa vigilance. "Nous ne voulons pas nous alarmer tant que la situation reste contrôlable, indique Guillaume Deshors, directeur de cabinet au CHU de Poitiers. Mais nous restons très prudents." Un point sur lequel tous les hôpitaux s’accordent : difficile de faire des pronostics sur une situation qui peut basculer à tout moment.

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