Au lendemain de l'annonce de la dissolution de ETA, la presse espagnole s'intéresse aux victimes. Elles réclament un "vrai repentir" et la résolution de 358 crimes encore inexpliqués.
L'Espagne attend ce jeudi que l'organisation séparatiste basque ETA formalise sa dissolution après une longue série d'attentats meurtriers.
D'après plusieurs journaux espagnols, on pourrait y voir Jose Antonio Urrutikoetxea, dit Josu Ternera, 67 ans, ancien chef de l'ETA disparu depuis 2002.
Condamné pour au moins 11 assassinats, il souffrirait d'un cancer. Sa réapparition possible a indigné certaines victimes de l'ETA.
L'annonce de la dissolution de toutes les structures de l'ETA laisse un goût amer aux victimes.
Dans une conférence de presse à Saint Sébastien, le Collectif des victimes du terrorisme (Covite) a exigé que l'ETA condamne la terreur et cesse de rendre des hommage publics à ses militants quand ils sortent de prison.
Il attend aussi qu'elle fasse la lumière sur 358 crimes encore inexpliqués. Les victimes avaient déjà mal accueilli un message diffusé le 20 avril où l'organisation clandestine regrettait "les torts causés" mais ne demandait pardon qu'aux seules victimes qui n'étaient pas parties au "conflit", laissant entendre que les autres comme les policiers étaient des cibles légitimes.
La société espagnole n'a pas encore réglé ses comptes avec les criminels
Dans son éditorial, le quotidien El Paìs, explique que "la dissolution est un soulagement pour la démocratie " mais souligne aussi que "la disparition en tant que marque ETA n'aura pas d'effet immédiat sur la société espagnole, qui n'a pas encore réglé ses comptes avec les criminels, s'occuper des victimes, recouvrer complètement la coexistence au Pays basque et, finalement, tourner la page".
"Ce n'est pas la fin de l' ETA que nous voulions. Une ETA vaincue ne devrait pas être la protagoniste de sa propre fin", estime de son côté Consuelo Ordoñez, la sœur de Gregorio Ordoñez, élu municipal assassiné en 1995. "La disparition de l' ETA ne signifie pas la dissolution de leur responsabilité (...) La seule phrase décente que pourraient prononcer les terroristes commence et se termine ainsi 'Nous n'aurions jamais dû exister'"
Gorka Landaburu a été blessé en 2001 par un colis piégé envoyé par ETA. Le directeur de l’hebdomadaire Cambio 16, et ancien correspondant de Radio France, dénonce des résultats politiques inexistants au regard d'un bilan humain très lourd.
Une conférence de presse devrait avoir lieu, ce jeudi à Genève, tandis que se tiendra demain vendredi à Cambo-les-Bains, une « rencontre internationale pour avancer dans la résolution du conflit au Pays basque ».
"Quoi qu'elle fasse, l' ETA ne trouvera aucune faille et pas d'impunité pour ses crimes", a prévenu le chef du gouvernement espagnol Mariano Rajoy. L'organisation séparatiste basque ETA ne doit pas espérer l'impunité : "Nous ne lui devons rien et nous n'avons à lui être reconnaissants de rien".