Est-il fini le temps des saints de glace ?

11, 12, 13 Mai, les saints de glace Mamer, Pancrace et Servais séviront-ils cette année ? Cette période, née de croyances païennes et tant redoutée d’ordinaire par les jardiniers, a-t-elle encore un sens aujourd’hui face au dérèglement climatique ?

 

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Baisse des températures, vent, pluie, le phénomène est récurrent à cette période l’année. Ce sont les traditionnels saints de glace, Saint Mamer, Saint Pancrace et Saint Servais, symboles d’un pic de froid pouvant conduire à des gelés, dévastateur pour les plantations. Les températures étaient fraîches ce 11 mai, comparées aux jours précédents : 6 à 7° en Haute-Vienne et ce devrait être pire demain matin avec 5° annoncé à Eymoutiers, 4° à Ussel, 3° à Aubusson.
 

 

À chacun son dicton

Si l'évolution des croyances a fait remplacer dans notre calendrier actuel les saints de glace par d'autres saints (Sainte Estelle, Saint Achille et Sainte Rolande ou Fatima), il est de coutume de conserver ces dictons propres à chacun qui donnent une indication sur la météo :
  • le 11 mai, "Attention, le premier saint de glace, souvent tu en gardes la trace"
  • le 12 mai, "Saint Pancrace souvent apporte la glace"
  • le 13 mai, "Avant saint Servais point d'été, après saint Servais plus de gelée"
  • le 25 mai est également évoqué avec Saint Urbain. Ce n'est pas un saint de glace mais il y est rattaché : "Mamert, Pancrace et Servais sont des saints de glace, mais saint Urbain les tient tous les trois dans sa main".


Simple superstition ou réel phénomène ?

Jean-Pierre Delage, horticulteur depuis 40 ans à Panazol en Haute-Vienne, n’y croit pas du tout : "Bien sûr, il y a toujours un refroidissement début mai, mais il n’y aucune corrélation avec ces saints et ces vieilles croyances. Le phénomène s’explique par une conjonction de conditions météorologiques identiques depuis la nuit des temps".

Et d’ajouter en guise de conseil : "Il faut juste être attentif aux températures le moment venu et protéger ses plantations avec un voile d’hivernage, mais de simples journaux ou des sacs plastiques suffisent pour une protection nocturne, quelques heures seulement".

 

Certaines hypothèses scientifiques avancent qu’à cette période, la terre traverse une zone sidérale de l’espace qui produit une grande quantité de poussière. Ce phénomène entraînerait  une diminution de production de chaleur de notre planète. La raison ? Les rayons du soleil seraient filtrés par cette abondante poussière cosmique.

Un hiver exceptionnellement doux 

En cet hiver 2020, il n’avait jamais fait aussi chaud en Haute-Vienne depuis 1950. C’est ce que constate Olivier Mandeix, climatologue à la station Météo-France de Limoges-Bellegarde : "Le mois de février a été très doux en Haute-Vienne, au dessus des normes de saison de près de 3 degrés. Il vient conclure l’hiver le plus chaud jamais constaté depuis 1950. Jusqu’à présent, 2016 était l’hiver record. La normale avait été dépassée de 2,5 degrés, soit 4 dixièmes de moins que cette année".
 

Un danger peut en cacher un autre

En août prochain, Isabelle Turquet fêtera ses 30 ans d’expérience en horticulture, autant dire qu’elle a connu aussi bien les belles saisons que les plus difficiles. Pour elle, aujourd’hui, les saints de glace n’ont malheureusement plus lieu d’être à cause du dérèglement climatique : "Auparavant, on conseillait à nos clients de planter après le 15 mai, désormais, ce n’est plus d’actualité parce qu’il n’y a plus de gelé en mai. Les dernières gelés blanches (0° à moins 1°) ont eu lieu fin février – début mars, de petites gelées, rien d’extraordinaire".

Et Isabelle Turquet d’expliquer qu’aujourd’hui, il faut faire face à d’autres intempéries tout aussi délicats pour les plantations : "Ce n’est pas le froid qui pose problème à cette saison, à l’heure actuelle, ce sont plutôt les phénomènes de pluie à répétition qui abîment les jeunes pousses en pleine croissance. Il faut que l’on s’adapte".

Autre conséquence négative du manque de gel l’hiver, la prolifération d’insectes ou d’organismes nuisibles pour les plantes : "Auparavant, le gel, la neige sur une période conséquente assainissaient la terre", constate Isabelle Turquet,  "désormais, des maladies ou des larves d’insectes comme le ver blanc se développent. Ils causent des dégâts au jardin potager en s’attaquant aux racines des légumes puis aux feuilles des plantes ornementales une fois adulte".
 


Une lutte biologique

Pour lutter contre ces larves, plusieurs méthodes complémentaires existent : supprimer manuellement les larves trouvées lorsque l’on travaille le sol, répéter les binages, attirer les prédateurs naturels du hanneton comme les oiseaux, les hérissons ou encore ne pas hésiter à laisser des parcelles de jachères et aménager un petit tas de bois dans le jardin. Bref, favoriser la biodiversité et si l’on possède des poules, leur accorder un petit tour au potager, elles nettoieront le sol de nombreux parasites.

En cas d'infestation lourde, demeurent deux traitements en agriculture biologique : les nématodes, des auxiliaires qui détruisent les larves et un champignon (Beauveria brongniartii) qui aura le même effet sur celles-ci.



 
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