Mauvaise nouvelle pour les éleveurs de bovins limousins qui n'en n'avaient pas besoin : le gouvernement américain estime que l'Union Européenne n'importe pas assez de viande bovine américaine.
Il menace de mettre en place des sanctions sous forme de droits de douane.
C'est la reprise d'une bataille engagée il y a près de 20 ans devant l'Organisation mondiale du commerce (OMC) contre l'Union Européenne qui a toujours refusé d'importer du boeuf américain aux hormones. Une bataille hautement symbolique en France et en Limousin.
Le différend sur le boeuf aux hormones menace de raviver les tensions commerciales entre les Etats-Unis et l'Europe au moment où l'administration Obama passe le relais à Donald Trump, élu sur un programme aux accents protectionnistes.
Selon les Américains, l'accord commercial transatlantique (TTIP) aurait dû aborder et régler cette question mais le retard pris dans les discussions les oblige à "passer à l'action" dès à présent.
Aux termes d'un compromis signé en 2009, l'Union Européenne avait accepté d'importer davantage de viande américaine de "haute qualité" tout en maintenant son veto sur le boeuf aux hormones
Aujourd'hui, l'administration Obama assure dans son communiqué que les Européens n'ont pas tenu leurs engagements en important majoritairement de la viande venant d'autres pays que les Etats-Unis.
Les autorités américaines réaffirment par ailleurs que l'interdiction européenne sur le boeuf aux hormones n'a pas de "fondement scientifique" et discrimine" la filière bovine aux Etats-Unis.
Le gouvernement américain veut donc obliger la Commission Européenne à revenir à la table des discussions pour garantir aux éleveurs américains un accès au marché européen.
La Fédération Nationale Bovine avait déjà tiré la sonnette d'alarme l'été dernier en citant John Brook, le représentant en Europe de la Fédération Américaine des Exportateurs de Viande, qui déclarait dans l'hebdomadaire agricole "Agra" : "L’Union Européenne est mal barrée tant que les OGM et les hormones sont interdits. Nous allons demander une ouverture du marché européen aux viandes bovines issues d’animaux élevés avec des hormones".
Une guerre entre deux modèles de production et de consommation de la viande totalement opposés, un affrontement culturel autant qu’économique
Dans le cadre des négociations sur l'accord commercial transatlantique (TTIP), les éleveurs américains voulaient déjà multiplier par 20 le tonnage autorisé vers l’Europe pour atteindre 300 000 tonnes.
Et surtout, ils voulaient exporter de la viande produite « à l’américaine » avec hormones de croissance, antibiotiques, nourriture à base d’OGM et nettoyage des carcasses à l’acide lactique.
Aux Etats-Unis, la plupart des animaux sont élevés dans des "feed lots", des usines à viande pilotées par une dizaine de salariés, qui concentrent jusqu’à 100 000 bêtes dans des parcs boueux et sans herbe sur des centaines d’hectares.
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On est loin des conditions de production de la viande bovine en Limousin. Des conditions extrêmement réglementées pour garantir une traçabilité et une qualité chèrement acquises après des années d’effort.
C’est donc toute une filière qui risque d’être déstabilisée, mais aussi tout l’espace rural d’une région comme le Limousin où l’élevage bovin fait vivre dans des conditions déjà précaire la quasi-totalité des agriculteurs.