Pour cette 61ème édition, le Festival International de cinéma de Saint Sébastien se tiendra du 20 au 28 septembre. 13 films seront en compétition avec pour objectif de décrocher le coquillage d'or, "concha de oro". Une affiche consensuelle et éclectique.
Avec "Quai d'Orsay" de Bertrand Tavernier ou "Devil's Knot" du Canadien Atom Egoyan, le Festival de Saint-Sébastien parie sur un programme éclectique pour conserver sa place parmi les grands rendez-vous cinématographiques mondiaux, malgré la crise.
Le jury sera présidé par le réalisateur américain Todd Haynes ("Far from heaven", 2002). Outre "Quai d'Orsay" et "Devil's Knot", "Enemy" du canadien Denis Villeneuve ou encore "Mon âme par toi guérie", de François Dupeyron, sont en lice.
Hors compétition, le festival présentera aussi en première mondiale le dernier film de Jean-Pierre Jeunet, réalisateur de succès comme "Le fabuleux destin d'Amélie Poulain" (2001) et "Delicatessen" (1991), et l'autre film dramatique "Prisoners" réalisé en 2013, de Denis Villeneuve, avec l'Australien Hugh Jackman, sera un autre temps fort, d'autant que l'acteur doit recevoir un prix d'honneur.
Eclectique
"Dans la sélection officielle, nous essayons d'inclure des films de tout type, des films plus radicaux, des films commerciaux", explique le directeur du festival José Luis Rebordinos, qui qualifie le cru 2013 de "programmation très éclectique". Et "des films plus petits, plus risqués, qui cherchent de nouveaux chemins", seront présentés dans la sélection des Nouveaux réalisateurs, poursuit-il.
Six décennies de festivals
Après six décennies, le festival qui s'était fait connaître en 1959 par la sortie mondiale de "La mort aux trousses" d'Alfred Hitchcock, s'efforce de rester dans le classement des treize grands festivals mondiaux tout en continuant de soutenir le cinéma espagnol et d'Amérique latine.Doté depuis 2002 d'une section de Cinéma en Construction, destinée à aider les projets en phase de postproduction, le festival a créé l'an passé un Forum de Coproduction Europe-Amérique latine.
"Cette année, ces deux sections comme toutes les activités liées à l'industrie du cinéma ont été renforcées", ajoute José Luis Rebordinos. Une bonne partie du financement du festival est d'ailleurs consacrée à ce domaine, sur les sept millions d'euros d'un budget modeste comparé à ses concurrents de Venise ou Londres.
José Luis Rebordinos
Depuis son arrivée à la tête du festival en 2011, José Luis Rebordinos prend comme référence le festival de Toronto, un rendez-vous de l'industrie du cinéma, sans compétition, mais dont le succès va croissant. "Nous essayons de travailler sur cette ligne Toronto-Saint-Sébastien parce qu'aujourd'hui,90% des films veulent être à Toronto, devenu un grand marché où on peut faire des affaires", relève-t-il.
L'objectif pour lui est d'essayer d'être le premier festival, quelques jours après la clôture de Toronto, à présenter les films en Europe avant leur sortie en salle, comme ce sera le cas pour "Enemy" ou encore "Las brujas de Zugarramurdi" de Alex de la Iglesia. Ces films "ont été vus par le monde industriel du cinéma et les magazines nord-américains", dit-il. "Pour l'Europe, ces films sont vierges et la critique européenne va les voir ici".
Le succès d'intouchables
Il souligne également que 47 des 220 films de cette édition sont des premières mondiales, comme "L'Extravagant Voyage du jeune et prodigieux TS Spivet", de Jean-Pierre Jeunet, "l'un des films les plus attendus de l'année au niveau européen". Adapté du roman de l'Américain Reif Larsen et tourné en trois dimensions, cette coproduction franco-canadienne raconte les aventures d'un surdoué de douze ans, spécialiste de cartographie. Il se sent coincé dans le Montana jusqu'au jour où il décroche un prix scientifique de renommée mondiale en se faisant passer pour un adulte, et traverse seul les États-Unis jusqu'à Washington.D'ailleurs, rappelle-t-il, c'est à Saint-Sébastien que "Intouchables" des Français Eric Toledano et Olivier Nakache avait été présenté en avant-première et projeté en clôture du festival, comme celui de Jeunet. Le festival l'avait choisi alors que d'autres festivals "ne voyaient pas vraiment" son caractère commercial, note-t-il.