L'"incendie du siècle" a indirectement contribué à faire de la forêt de Gascogne, plus grand massif exploité d'Europe, l'une des plus sûres, mais des risques demeurent, notamment à cause d'une promiscuité accrue entre la forêt et l'homme.
En Gascogne, les anciens en parlent encore avec respect car le "Grand incendie" a été aussi le plus meurtrier : 82 morts en Gironde en 1949...
1949 reste un épisode exceptionnel car les conditions étaient exceptionnelles.
D'après Pierre Macé, directeur de l'Association régionale de Défense des forêts contre les incendies (DFCI) :
1949, c'est la catastrophe majeure, mais il faut voir que sur la décennie précédente, il y avait eu plusieurs très grands incendies, des sécheresses très marquées, moins de monde en forêt pour l'entretenir (en partie à cause de la guerre, ndlr).
"L'organisation, à la fois en matière de prévention et de lutte, dans les années 30-40, n'était pas à la hauteur du risque. Pourtant il y avait eu prise de conscience: les années 40 avaient vu la création du corps spécifique des sapeurs-pompiers forestiers, et la collaboration entre le réseau de propriétaires pour gérer aménagement et prévention et les pouvoirs publics (pompiers) pour la lutte. Malheureusement les gens n'avaient pas encore eu le temps de s'organiser, ces structures n'existaient que pour quelques communes".
La plus grande catastrophe qu'ait connu le massif forestier des Landes de Gascogne fera 82 morts et ravagera 52 000 hectares, entre le19 et le 25 août 1949. C'est aussi le plus grave incendie en France.
Retour sur cet épisode tragique. Gilles Coulon.
Une forêt entretenue est une forêt protégée
Pourtant, des générations de forestiers ont appris de cette catastrophe qui a permis d'organiser des modes de cultures mais aussi de sécurité (pare-feux) et d'accès des secours.Car les corps de sapeurs-pompiers forestiers se sont généralisés sur la Gironde, les Landes, le Lot-et-Garonne, et
il s'est instaurée une collaboration entre associations syndicales (exploitants) et pouvoirs publics.
D'après Pierre Macé :
Aujourd'hui, quelque 450 communes sont couvertes par ce système. C'est ce qui a permis un aménagement du massif, avec 42.000 km de pistes, allées pare-feu, sentiers d'accès et 5.000 points d'eau. Or une forêt entretenue, valorisée, c'est une forêt protégée. Il faut voir aussi qu'on a un relief (plat) plus facile d'accès pour la lutte contre le feu que d'autres régions. On a aussi des entrées maritimes.
Et c'est ce qui étonne chaque année avec les énormes incendies chez nos voisins européens même si beaucoup d'incendies, criminels notamment, sont à déplorer.
"Au final, la Gironde est le premier département en France en nombre de départs de feux - à l'échelle du massif, c'est 1.500 feux par an en moyenne depuis 30 ans -, mais une surface brûlée de 1.800 hectares". Seulement.
Mais la forêt de Gascogne n'est pas pour autant à l'abri car "94% des départs de feu sont liés à l'activité humaine,
donc " plus de probabilité de départs de feux" mais aussi de "personnes et maisons présentes, donc exposées".
De jeunes pins vulnérables
On a appris aussi des épisode de tempêtes de 1999 et 2009 qui ont sévi sur le massif et justement, d'après Pierre Macé :
En savoir plus sur les risuqes d'incendie et la prévention. Le site de la DFCICe sont les jeunes peuplements de pins, plantés après les tempêtes de 1999 et 2009.
On sait que jusqu'en 2030, on a 350.000 ha de jeunes pins, soit un tiers du massif, particulièrement vulnérables aux incendies. A la fois à la cause des branches proches du sol, d'où un risque de propagation du sol à la cime, mais aussi car la densité des jeunes pins rend l'accès pompiers plus difficile.
Et tout cela, dans un contexte de réchauffement climatique...
