Aéronautique : Le Drian en Inde pour relancer les négociations de vente du Rafale

Le ministre français de la Défense remet son costume de VRP lundi et mardi à New Delhi pour tenter de donner un coup de pouce au méga-contrat de vente de 126 Rafale à l'Inde, deux mois avant la visite du Premier ministre Narendra Modi en France et après la signature du contrat égyptien.

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Une semaine après avoir conclu avec l'Egypte le premier contrat à l'exportation de l'avion de combat de Dassault, Jean-Yves Le Drian va essayer de convaincre New Delhi de conclure des négociations entamées il y a trois ans mais qui semblent marquer le pas.
M. Le Drian, qui est déjà venu en Inde en décembre, doit rencontrer son homologue Manohar Parrikar pour évoquer "la situation internationale et les questions d'ordre industriel", a indiqué jeudi le ministère français de la Défense.

Un contrat hypothétique

Le gouvernement de Narendra Modi, arrivé au pouvoir en mai, souffle le chaud et le froid sur l'avancée de ces discussions complexes portant sur l'achat de 18 appareils fabriqués en France et 108 autres en Inde sous la conduite du groupe public HAL.
Le ministre indien de la Défense, qui assurait en décembre vouloir résoudre "de manière accélérée" les points de blocage, a évoqué pour la première fois fin 2014 l'éventualité d'un échec en assurant que le recours aux avions de chasse russe Sukhoi était une option.
M. Parrikar a en outre repoussé la perspective d'une conclusion rapide des discussions en déclarant vouloir attendre un nouveau rapport sur les coûts du Rafale.
Ce rapport du Contract Negotiations Committee (CNC) est attendu d'ici début mars et doit "permettre de prendre une décision sur l'acquisition du Rafale. Le CNC est en train de revoir les coûts à long terme" de l'avion de chasse, a dit le ministre mercredi lors du salon aéronautique et de défense de Bangalore (sud).

La presse "enterre" le contrat

Le quotidien économique indien Business Standard a récemment affirmé que ce comité avait conclu que le Rafale était en fait plus cher que son concurrent européen malheureux, le Typhoon de l'Eurofighter. Selon le journal le contrat est "effectivement mort".
La venue en France en avril de Narendra Modi pourrait constituer une échéance cruciale pour donner une orientation claire aux négociations.

Dassault Aviation se veut en revanche rassurant, renforcé par la récente vente de 24 Rafale à l'Egypte.
"Le timing en Inde est toujours un peu long. Nous ne sommes pas particulièrement inquiets", a dit son patron, Eric Trappier, lundi au quotidien économique français Les Echos.

L'un des points de friction porte sur la responsabilité en cas de problème sur les 108 avions qui seront fabriqués sous la direction de HAL, l'Inde réclamant à Dassault d'assumer cette garantie.

"Chacun est responsable de ce qu'il fait", a répondu M. Trappier.

"Nous sommes responsables de l'organisation du programme (..)", a-t-il poursuivi.
"Après, celui qui prend le marteau et qui tape sur la tôle, c'est un Indien. S'il tape à côté, il sera responsable, c'est normal".

L'armée indienne

L'armée de l'air indienne, confrontée au vieillissement de sa flotte d'avions de chasse, exclut pour sa part officiellement de remplacer des Rafale par des Sukhoi, qu'elle utilise de longue date.
"Ils sont complémentaires et ne peuvent pas se substituer", a dit le chef de l'armée de l'air, Arup Raha, à des journalistes à Bangalore, ajoutant qu'il n'y avait pas de "plan B".
"Il est important que nous ayons le MMRCA (acronyme de l'avion de chasse requis) et nous en avons besoin le plus vite possible".
L'Inde a ouvert l'appel d'offres pour l'achat d'un nouvel avion de combat en 2007, conclu en janvier 2012 par l'ouverture de négociations exclusives avec Dassault.

New Delhi connaît des difficultés pour conclure plusieurs grands contrats d'armement.
Boeing a récemment averti l'Inde d'une possible augmentation des prix de ses hélicoptères Apache et Chinook si le contrat n'était pas rapidement conclu.

De son côté, Narendra Modi veut mettre fin au statut de l'Inde de premier importateur d'armement au monde et porter de 40% à 70% la part de ses équipements fabriqués sur son sol.

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