Les collisions aviaires restent un enjeu crucial pour l'aviation, comme le montre le crash du Boeing 737 de Jeju Air en Corée du Sud. Bien que souvent mineures, ces collisions peuvent être fatales, ayant causé 262 décès et détruit 250 avions depuis 1988.
L'accident du Boeing 737-800 de Jeju Air, qui s'y est écrasé le 29 décembre à l'aéroport de Séoul (Corée du Sud) a rappelé que les oiseaux demeurent une préoccupation majeure pour l'industrie aéronautique, malgré les progrès réalisés en matière de sécurité.
Crash de Jeju Air : rappel brutal du péril aviaire
L'une des explications avancées pour expliquer ce crash, tuant 179 personnes, est celle d'une collision avec un oiseau. Sur ces images, partagées sur les réseaux sociaux, le réacteur droit de l'appareil semble aspirer l'un d'eux.
South Korea’s MBC TV has released Footage appearing to show an Explosion, possibly a Bird Strike, in the Right-Wing Engine of Jeju Air Flight 2216, right before it Crashed earlier at Muan International Airport in South Korea. pic.twitter.com/Vsy23dmuFZ
— OSINTdefender (@sentdefender) December 29, 2024
La plupart des collisions n'entraînent que des dommages mineurs, comme sur cette vidéo d'un Airbus A320 d'Air China heurté le 5 décembre 2024 par une volée d'oiseaux lors de son atterrissage à l'aéroport international de Xiamen Gaoqi en Chine.
On Dec 5, 2024, an Air China Airbus A320 struck a flock of birds while landing at Xiamen Gaoqi International Airport in China. pic.twitter.com/A5QEscV9p6
— BladudX (@BladudX) December 28, 2024
L'ampleur du problème en chiffres
Mais certaines de ces situations peuvent aussi entraîner des conséquences catastrophiques.
Depuis 1988, les collisions aviaires ont causé 262 décès et la destruction de 250 avions dans le monde. Aux États-Unis, 291.600 collisions ont été signalées entre 1990 et 2023, tandis qu'en France, on en recense environ 600 par an pour les vols commerciaux. Cette augmentation est en partie due à la croissance continue du trafic aérien.
Les dommages causés par ces collisions s'élèvent à plus de 1,2 milliard de dollars par an. Bien que la majorité des incidents soient mineurs, les collisions sérieuses peuvent entraîner des dysfonctionnements graves, notamment au niveau des réacteurs.
Des phases de vol plus à risque
La plupart des collisions se produisent à basse altitude, principalement lors des phases de décollage et d'atterrissage.
Les collisions en vol sont beaucoup plus rares mais pas impossibles. En France, un avion de tourisme s'était écrasé en 2021 dans le département de la Seine-et-Marne après avoir percuté un cormoran en vol. L'un des cas les plus célèbres d'incident aérien impliquant des oiseaux remonte à janvier 2009, quand le pilote d'un Airbus A320 de l'US Airways avec 155 occupants avait réussi à se poser avec sang-froid sur le fleuve Hudson à New York après une collision avec un groupe d'oies sauvages.
"Dans la plupart des cas, percuter un oiseau ne conduit pas à des accidents majeurs", tempère cependant, sous couvert d'anonymat à l'AFP, un ancien expert du Bureau d'enquêtes et d'analyses pour la sécurité de l'aviation civile (BEA), l'autorité française en charge des enquêtes à la suite d'accidents impliquant des avions civils. En moyenne, les collisions animalières sérieuses représentent moins de 8% des cas, avec une tendance à la diminution ces dernières années, selon la DGAC.
Relativiser sans minimiser
Majoritairement, les dommages ne sont que matériels et se résument à des bosses ou quelques impacts sur la carlingue. Mais quand un ou plusieurs oiseaux "entrent dans un réacteur, les dégâts peuvent être autrement plus sérieux", notamment si le compresseur est endommagé "ce qui peut provoquer un dysfonctionnement ou l'arrêt du moteur", explique l'expert du BEA.
Les conséquences peuvent alors avoir des "incidences sur la sécurité aérienne ou sur la poursuite du vol" en entraînant des événements comme "l'arrêt moteur, l'atterrissage de prudence, le décollage interrompu, le retour terrain, les retards", détaille la DGAC.
Les risques augmentent en fonction de la taille des oiseaux et de leur nombre, notamment en période migratoire.
L'industrie aéronautique face au défi
Les débris d'oiseaux ou de pièces endommagées par la collision peuvent notamment provoquer des flammes ou un incendie sur le réacteur.
"Mais normalement ça ne va pas jusqu'à briser l'ensemble du système hydraulique et électrique de l'avion", qui permet de manœuvrer l'appareil et notamment de sortir le train d'atterrissage, souligne l'expert, rappelant que le deuxième réacteur est censé prendre le relais si l'autre ne fonctionne plus.
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Il faudrait que la collision soit intervenue sur les deux réacteurs simultanément, mais "c'est excessivement rare", note l'expert.
Pour se prémunir face aux risques liés aux oiseaux, les constructeurs d'avions et les aéroports ont mis en place une série de mesures.