Agression des élus de Saint-Philippe d'Aiguille et Portbail : "la justice n'est pas au rendez-vous" selon l'AMF

Le 4 et 6 août derniers, les maires de Saint-Philippe d'Aiguille en Gironde et de Portbail dans la Manche ont été agressés dans l'exercice de leurs missions. "Nous déplorons que la réponse pénale ne soit pas au rendez-vous" déplore Agnès Le Brun, porte-parole de l'Association des maires de France. 

Le 6 août, Francis D'Hulst, élu à Portbail dans la Manche a été victime
d'une agression
. Âgé de 70 ans, il avait informé trois campeurs d'une vingtaine d'années qu'un arrêté municipal leur interdisait d'installer leur tente sur le parking de la plage. Il les avait alertés également sur les dangers de faire un feu à proximité d'une pinède en période de sécheresse. L'un des individus l'a d'abord insulté, puis menacé de mettre le feu à sa voiture, avant de le frapper à la nuque et dans le dos.
"Mais c'est le coup porté le lendemain par le parquet qui m'a fait le plus mal", commente M. D'Hulst, qui avait porté plainte. Son agresseur n'a écopé que d'un rappel à la loi, "une décision de justice dramatique pour tous les maires", regrette cet élu qui assure avoir reçu de nombreux messages de soutien de la part de ses collègues depuis."Si nous ne sommes pas aidés par la justice, cela ne sert à rien de se lever le matin pour faire en sorte que la vie communale se passe bien", conclut-il. 

Deux jours plus tôt, le 4 août, un autre maire, Philippe Becheau, a aussi été frappé à Saint-Philippe d'Aiguille, une commune de quelque 400 habitants à l'est de Libourne en Gironde. Il intervenait pour un tapage nocturne sur la place du village. Ce viticulteur de 58 ans témoigne ne plus dormir depuis l'agression. "Moi qui suis cool comme un agneau, je commence à devenir agressif. Alors à la rentrée, je vais entamer une thérapie", affirme-t-il. "Je ne laisserai pas passer. Cela va être mon combat, je ne veux pas que les choses en restent là", prévient-il.
 
Agnès Le Brun, vice-présidente et porte-parole de l'Association des maires de France (AMF), regrette que les auteurs d'agressions ne répondent pas plus vite de
leurs actes devant la justice.   



    "Nous déplorons que la réponse pénale ne soit pas au rendez-vous", affirme-t-elle,. Selon elle, le cas Portbail démontre à quel point les maires sont esseulés face à des "actes délictueux".
  
 "Cette année, 233 élus ont déjà subi un acte de violence" contre 383 sur l'ensemble de l'an dernier et 361 en 2018, souligne-t-elle. Des chiffres qu'elle juge d'autant plus "parlants que beaucoup d'agressions ne sont pas déclarées".
    
 Face à ce genre de situation, "nous demandons qu'une réponse pénale soit immédiatement apportée et qu'elle soit proportionnée", indique la porte-parole de l'AMF.  Car "il ne faut pas oublier que le maire représente l'Etat dans sa commune".   
 

 - Des sanctions "rapides" -

Ces agressions se sont produites une année après la mort de Jean-Michel Mathieu, maire de Signes (Var), renversé par une camionnette dont il voulait verbaliser les occupants pour avoir jeté des gravats sur le bord de la route. Ce décès violent a indigné la classe politique et entraîné un renforcement de la protection juridique des maires. 
 "Il faut une prise en charge automatique des frais de justice par l'Etat", plaide aujourd'hui la porte-parole de l'AMF, qui estime que l'épidémie de coronavirus "n'a pas arrangé les choses". "Toutes les personnes qui sont allergiques aux règles en développent encore plus", selon elle. 

Du côté du gouvernement, Jean Castex a, pour l'instant, dénoncé sur Twitter des
"faits" et des "violences inadmissibles" à la suite de l'agression du maire de
Saint-Philippe d'Aiguille.
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