Bassin d'Arcachon : le canal des Landes faisait partie d'une stratégie des Allemands pendant la seconde guerre mondiale

Un jeu de canaux et d'écluses permettait dès le 19e siècle, de relier le Lac de Cazaux-Parentis au Bassin d'Arcachon. Un projet de restauration de ce canal est en cours. L'occasion de rappeler cet épisode historique durant lequel les Allemands prévoyaient d'inonder la région en cas d'urgence. 

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Nous sommes aujourd'hui habitués à ces paysages des Landes de Gascogne rythmés par la forêt de pins maritimes, les zones humides ou lacustres du Nord-du Médoc jusqu'au Pays basque et un cordon dunaire avant le littoral atlantique.

Dans les Landes encore girondines, on attribue l'idée d'un canal reliant le Bassin d'Arcachon à Vauban, au 17ème. Malgré l'intérêt renouvelé pour ce projet, ce n'est qu'au 19ème siécle qu'il prit forme.

 

Issu d'une famille d'armateurs, de négociants puis d'industriel, l'avocat bordelais, Jean François-Bernard Boyer-Fonfrède, se passionne dans le projet de construction de ce canal qui pourrait représenter une belle promenade fluviale.

 

 

En 1820, il obtient une concession entre le Bassin d'Arcachon et l'étang de Mimizan ainsi que l'autorisation de le creuser (entre 1834 et 1838) et  crée la Compagnie d'exploitation et de colonisation des Landes de Bordeaux.

Le canal reliait dont le lac de Cazaux et le lac de Parentis (au sud) au Bassin d’Arcachon au Nord, sur une distance de 20 kms avec sept "seuils" formés grâce à des écluses.

 

Entre 1840 et 1860, il permit le transport de marchandises mais donna aussi à l'époque à toute la région une perspective d'irrigation pour cette terre sablonneuse et peu fertile. Pendant quelques années, une production maraichère puis céréalière s'organisa.

La compagnie fait creuser le port du Canal à Gujan-Mestras en 1860, date à laquelle elle fait pourtant faillite: les pins pousseront bien mieux ici plus tard que l'orge ou le millet de ces années-là...

Abandon et stratégie militaire allemande

A la fin du 19è, il fut un peu oublié. Il faut dire que peu à peu la région ensemence ce qui deviendra la grande forêt des Landes de Gascogne et rapidement le pin maritime devient source de revenus, du gemmeur aux industriels et propriétaires terriens. Et l'usage même du canal de Cazaux fut abandonné sauf peut-être des blanchisseuses du côté de Gujan-Mestras...

Pendant la Seconde Guerre mondiale, les Allemands qui selon Christian Bloch (Centre Jean Moulin à Bordeaux), "ne manquaient pas d'imagination dans tous ces dispositifs" l'ont intégré dans leurs projets stratégiques. Ils craignaient une invasion anglaise.

Au-delà du mur de l'Atlantique et des blockhaus construits le long du littoral, ils échafaudèrent d'autres stratégies sur les accès autour de Bordeaux et s'intéressèrent notamment au canal.

Ils détruisirent toutes les écluses du canal, au nombre de sept à l'époque, et les remplacèrent par neuf barrages de palplanches, ces poutres emboitées formant des parois étanches.

Ce canal de navigation, destiné à transporter des marchandises ou des personnes, devient alors une arme de destruction à actionner en cas d'urgence. L'idée était de pouvoir inonder les terres autour de Gujan-Mestras, La Teste-de-Buch et Cazaux, les habitants avec... et contrarier les Anglais, alliés ou résistants.

Il faut dire que cette éventuelle inondation stratégique pouvait être imaginable car le lac de Cazaux se situe 20 mètres au dessus du niveau de celui du Bassin d'Arcachon. Un dénivelé sur une distance de 14 kms qui aurait pu faire dévaler des milliers de mètres cubes d'eau (on  parle d'un volume de 20 et 24 000 m3).

Heureusement cet épisode, même dans la retraite allemande, n'eut pas lieu. Et le canal a pu retomber (presque) dans l'oubli laissant la nature reprendre ses droits.

Des travaux en 2020

Mais la menace d'inondations a ressurgi devant l'endommagement de ces palplanches au cours des années même si elles ont pu être renforcées ponctuellement ici et là par des seuils métalliques, à leur tour défectueux...

Après des études, discussions, inquiétudes de voisinage durant près de 30 ans, le chantier a enfin pu être entrepris pour une remise en état avec la reconstruction d'un ouvrage en lieu et place du seuil 3 (Parc de la Chêneraie/appelé SM03 sur l'image) dans un esprit de préservation des milieux, doté d’une passerelle piétonne et d’un organe de montaison piscicole pour les anguilles.

Installation de la passe à anguilles pour préserver la continuité écologique au Canal des Landes from SIBA - Bassin d'Arcachon on Vimeo.

Ces travaux de "mise en sécurité et continuité écologique du canal" ont été initiés en septembre 2019. Ils devraient s'achever en juillet prochain mais ont été perturbés justement par la pluviomètrie abondante de l'hiver mais aussi la crise sanitaire liée à la covid-19.

Un projet de réhabilitation qui aura coûté près de 2,5 millions d'euros financés par la COBAS (avec des aides de l’Agence de l’eau Adour Garonne, du Département et de la Région).

 

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