Erosion à la Pointe du Cap-Ferret : ce que signifie l'annulation du projet de réensablement

Dans une lettre adressée à la préfecture le 30 septembre dernier, Yves Foulon, président du SIBA, en accord avec le nouveau maire de Lège-Cap-Ferret, Philippe de Gonneville aurait demandé l'annulation de l'autorisation du projet de réensablement. Du moins en l'état. Ils cherchent des alternatives.

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Les deux maires auraient ensemble analysé le projet et décidé d'interrompre la demande d'autorisation dont le dossier était encore en instruction à la sous-préfecture d'Arcachon.
Pour autant, la situation géologique à la Pointe du Ferret  est en perpétuelle évolution.

Il est vrai que l'érosion, le recul du trait de côte et les courants d'arrachements ne sont pas des problématiques pour lesquelles une seule action de lutte s'impose. L'histoire de la Pointe est aussi un sujet sensible avec des millions de gravats déversés, illégalement puis légalement, par des propriétaires pour protéger leurs habitations. Ceux-là même désabusés par le non-concours de l'Etat à protéger leurs biens de l'érosion, laissant le champ libre à certains d'instaurer leur propre plan de lutte... en attendant une décision.
Un dossier qui reste éminemment géologique  et environnemental, mais aussi politique et économique compte tenu des enjeux touristiques pour ce site de renom.

Et maintenant ?

La préfecture confirme le retrait de ce projet alors qu'il était encore en pleine instruction avec la demande de pièces supplémentaires pour compléter le dossier. Un abandon du projet, sous cette forme, qui n'indique pas pour autant une volonté de se désengager d'un accompagnement possible du Syndicat intercommunal du bassin d'Arcachon (SIBA) dans une lutte ciblée contre l'érosion de la Pointe.

Isabelle Jeandenand, la directrice générale des services du SIBA précise que "le président (Yves Foulon, NDLR) a souhaité annuler cette demande car il a le sentiment aujourd'hui que cela ne correspond pas aux attentes des personnes concernées : des riverains, de la commune et même des services de l'Etat auxquels on demande des compléments d'informations très élaborés..."
Elle explique qu'il "souhaite se positionne , qu'on ait les idées très claires sur ce sujet pour élaborer une stratégie", en consultant les "sachants" , qui soit "techniquement, administrativement et financièrement acceptable".

Pour Philippe de Gonneville, le maire de Lège-Cap-Ferret, qui partage le point de vue du président du SIBA, c'est une décision de sagesse. Cela évite de dépenser cette année un million d'euros alors que les données ont changées, qu'un avis négatif du Conseil National de protection de la Nature a été émis et qu'il fallait prolonger les études d'impact sur l'environnement.
Selon lui, la situation a évolué favorablement à la Pointe puisque le niveau a remonté "de 2,50 mètres sur 50 mètres" au niveau de la plage du Mirador. Un réengraissement qui a pu profiter de la prolongation de la digue de Benoît Bartherotte et peut-être aussi d'un effet naturel.

Devant cette nouvelle configuration, le SIBA  qui en a les compétences reproposera un projet. Mais avant cela, les acteurs financiers, associatifs techniques mais aussi les riverains devraient être consultés afin de trouver "un consensus" et des solutions "moins coûteuses". " Cela pourrait prendre deux ou trois ans".

En attendant, l'ONF est en train  de procéder à des travaux d'urgence d'élargissement de la dune (en l'écrêtant pour éviter une prise au vent occasionnant parfois un effet de falaise) et un stockage de 10 000 m3 de sable est constitué au niveau du stade des dunes pour pouvoir intervenir en cas de besoin.

Quel était le projet ?

Le projet, porté par l'ancien maire de Lège-Cap-Ferret Michel Sammarcelli, prévoyait l'apport de 1,15 millions de m3 de sable au niveau de la Pointe du Cap-Ferret. Des opérations de réensablement prévu sur 10 ans. 
Pour lutter contre l’assaut de l'océan à cet endroit, le SIBA avait imaginé un plan en plusieurs étapes : décharger 300.000 m3 la première année et ensuite redéposer 150.000 m3 tous les deux ans, du sable prélevé sur le banc du Bernet, de l’autre côté du Bassin.

Entretemps, des réensablements d'urgences ont dû être fait notamment à l'automne 2019 pour éviter une incursion de la mer dans le cordon dunaire.

La Pointe, un écosystème fragile

Sur la presqu'île, érosion et ensablement ont toujours fait partie du décor. Mais les tempêtes de 2013-2014 ont accéléré le phénomène de recul du trait de côte en atteignant des seuils critiques.

Les communes et collectivités locales disposent de l'expertise du GIP Littoral aquitaine et de l'Observatoire de la côte aquitaine (suivi du trait de côte) qui depuis 2009 mènent et collectent des données d'étude afin d'élaborer des scenarii pour une meilleure gestion des espaces littoraux, la gestion de la bande côtière et l’aménagement touristique durable.
 

Dans le cas de la Pointe du Cap-Ferret, littoral avait dressé un constat et proposé des pistes d'action pour les acteurs locaux.

"Les tempêtes de l’hiver 2013-2014, ainsi que plus récemment en 2017 et 2018, ont provoqué d’importants reculs du secteur de la pointe, et un risque de brèche dans le cordon dunaire. Face à l’accroissement de ces risques, la Commune de Lège-Cap Ferret a souhaité se doter d’une stratégie locale de gestion de la bande côtière, dans une perspective de moyen terme, afin de préserver à la fois les personnes, les biens et l’attractivité de son littoral".

Dans ce cas (voir schéma), il s'agissait d'une "lutte active souple" de la face océane avec les service de l'ONF, une "lutte active dure"sur la partie bassin de la zone des 44 ha côté bassin avec des enrochements et des rénsablements (maritimes ou terrestres) pour la pointe sableuse et la plage du Mimbeau.
 

Avis défavorable 

Le 4 mai dernier, le Conseil National de protection de la Nature avait émis un avis défavorable en rappelant que la politique nationale sur l’érosion du trait de côte est de s’adapter et d'éviter « la défense systématique contre la mer ».

Un avis défavorable qui pointait également certaines lacunes sur l'impact de ce prélèvement de sable dans le bassin: "les impacts directs ne semblent pas avoir été évalués sur les zones d’accès aux sites de prélèvement/régalage et de transit"... ou encore "il manque une modélisation des effets des panaches turbides créés par les aspirations de sable sur le banc de Bernet".

Reste donc maintenant à connaître les propositions du président du SIBA et maire d'Arcachon Yves Foulon pour remplacer la copie abandonnée.

 

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