Des dizaines de milliers de tonnes de ferrailles et de coquilles d'huîtres entravent une partie du bassin d'Arcachon depuis des années. Ce sont les restes d'anciens parcs ostréicoles abandonnés. Un vaste programme de nettoyage est en cours en vue de réhabiliter cet espace naturel marin.
L'opération a été lancée en 2018 suite à une alerte lancée par le Comité Régional de la Conchyliculture. Ces 50 dernières années, près de la moitié des parcs d'élevages du bassin d'Arcachon ont été abandonnés suite aux différentes crises qu'a connu la profession.
Il reste de ces parcs des dizaines de tonnes d'anciennes tables en ferraille et de sacs en plastique qui s'étendent sur plus d'un millier d'hectares. Ces zones en friche perturbent le milieu naturel et sont dangereuses pour les plaisanciers.
On y trouve également 60 000 huîtres sauvages qui constituent une réelle menace pour les 15 000 huîtres en élevage dans le bassin.
"Le bassin est une lagune à marée à demi fermée. La masse d'eau qui entre et sort apporte la nourriture aux huîtres qui se nourrissent de micro-algues. Il faut comprendre que dans cet espace réduit il y a une compétition. Plus il y a de bouches à nourrir moins il y a à manger pour chacun" explique Thierry Lafon, le président du comité régional de la conchyliculture.
Une dameuse pour défricher et broyer
Une première zone test de 27 hectares a été défrichée en 2018/2019 aux Jacquets. Elle était recouverte "d'amas de rochers d'huîtres sur plus d'un mètre d'épaisseur" indique une analyse effectuée par le syndicat intercommunal du bassin d'Arcachon, le SIBA, porteur du projet de réhabilitation.
Un deuxième test est en cours sur le banc du Bourrut.
A chaque marée basse, une dameuse "marinisée" passe et repasse sur les anciens chantiers ostréicoles pour casser les massifs d'huîtres et niveler le terrain.
"La dameuse est équipée d'un broyeur forestier qui travaille sur quelques centimètres en-dessous de la surface du sol, il broit les coquilles et les mélange au sable et à la vase" explique Aurélie Lecanu qui dirige le pôle maritime du SIBA.
Restaurer les écosystèmes et redonner de l'espace aux plaisanciers
L'objectif du SIBA est de réhabiliter l'ensemble des friches d'ici 15 ans. "Il s'agit de restaurer les habitats, les écosystèmes, de redonner sa place à cet environnement naturel marin et d'être dans la conciliation des usages" précise Mélina Roth, directrice déléguée du parc naturel marin du bassin d'Arcachon.
De l'espace pour la faune et la flore mais aussi pour les plaisanciers extrêmement nombreux en plein été. "Le fait de nettoyer ces friches va réouvrir des zones accessibles aux plaisanciers. Cela va permettre de diminuer la pression sur les endroits où ils se rassemblent tous. Et plus les bateaux sont dispersés, moins il y a de risques d'accidents" souligne, satisfait, le président de la Société des Sauveteurs en Mer d'Arcachon.
Les deux-tiers des espaces réhabilités seront donc rendus à la nature. Le tiers restant sera réattribué aux ostréiculteurs. L'opération est soutenue financièrement par la Région Nouvelle-Aquitaine, l'Agence de l'eau Adour-Garonne et le parc naturel marin.
Voir le reportage d'Elise Galand et Sylvie Tuscq-Mounet :