Pour faire face au manque de rythme de la construction de logements neufs, amplifié par la crise sanitaire, le gouvernement annonce plusieurs mesures pour inciter les collectivités locales et les bailleurs à lancer des chantiers, lors du congrès HLM à Bordeaux.
Comment accélérer la construction de logements sociaux alors que de très nombreuses communes ne respectent pas les obligations légales et préfèrent payer des amendes ?
"Soutenir les maire bâtisseurs"
Pour encourager les maires, Jean Castex a annoncé une série de mesures, ce mardi, au congrès HLM de Bordeaux. Dans un rapport remis au Premier ministre la semaine dernière, une commission présidée par le maire de Dijon François Rebsamen proposait de soutenir les "maires bâtisseurs", à la fois via "un discours offensif" face aux réticences des habitants mais aussi via des incitations fiscales pour les collectivités.
Concrètement, il conseille ainsi d'autoriser les communes à supprimer l'exonération de la taxe d'habitation actuellement en vigueur lors des deux premières années suivant la mise en service des logements neufs ou encore de reporter sur l'Etat le coût de l'exonération de la taxe foncière dont bénéficient les HLM, et qui est actuellement supportée par les communes "pour les cinq à dix premières années de service". Pour le maire de Bordeaux, ville où le déficit de logement sociaux fait partie de "l'héritage "selon les termes du maire écologiste Pierre Hurmic, c'est une bonne nouvelle. "Il répond à notre question. L'Eta va compenser l'exonération".
"Il y a beaucoup de retard à rattraper. Nous devrions être à 25 %, nous ne sommes quà 18,5%." commente Pierre Hurmic, faisant ainsi allusion à l'équipe municipale précédente. Il va donc falloir faire vite pour atteindre l'objectif fixé pour 2025.
Par ailleurs, pour soutenir la construction de logements dans les zones tendues, le gouvernement va verser en novembre 130 millions d'euros aux communes. Cette aide était prévue dans le cadre du plan de relance au titre de la "densification et du renouvellement urbain" et de "l'aide à la relance de la construction durable", a précisé en fin de semaine dernière le ministère chargé du Logement.
Accompagnements financiers ? "Je demande à voir... " s'interroge le président de la métropole bordelaise, le socialiste et maire de Mérignac Alain Anziani. Il s'inquiète de la situation. " Il nous manque une ville comme Talence pour accueillir du logement social sur la métropole. 40 000 logements sur l'ensemble de la métropole" pour répondre à la demande. L'attractivité de Bordeaux et son agglomération a aussi son revers. Une situation critique en termes de logements. "
Pour le budget, avec quoi on finance ? Il faut mettre le pied sur l'accélérateur budgétaire.
Le patron de l'agglomération parle aussi de son expérience de maire. "Une autre question passe à l'as, et qui n'est pas du tout vue par l'Etat, c'est la réticence des habitants eux-mêmes à accepter du logement, depuis une dizaine d'années. Si les maires sont tellement inquiets à chaque fois qu'il y a un permis de construire, c'est qu'ils savent que derrière il y a des pétitions ou des recours."
Encore moins de constructions avec le Covid
Pour absorber l'augmentation du nombre de ménages, à laquelle s'ajoutent jusqu'à 1,4 million de personnes mal logées, entre 210.000 et 325.000 logements sont à construire chaque année d'ici 2030 en France. Mais le secteur a connu un coup d'arrêt en 2020, sous l'effet du Covid-19.
Plus largement, depuis 2017, la tendance est à la baisse, loin du "choc d'offre", promis par Emmanuel Macron lors de sa campagne présidentielle pour atteindre l'objectif longtemps visé, et très rarement atteint, de 500.000 constructions par an.
Une situation qui se dégrade à Bordeaux
À Bordeaux, le marché de l'immobilier accessible est particulièrement tendu, et les difficultés se sont accrues avec la hausse démographique. "C'est très inquiétant, car Bordeaux est le phare de la Nouvelle-Aquitaine" souligne Muriel Boulmier, présidente de l'union régionale des HLM en Nouvelle-Aquitaine, qui estime que les propositions formulées par François Rebsamen sont "une très bonne idée".
Pour se loger, les habitants sont contraints de s'éloigner de plus en plus de la métropole. Et en 2020, la situation s'est largement aggravée, avec "une baisse conséquente des autorisations". "Il faut savoir qu'entre l'autorisation de créer un logement social et le moment où on remet les clefs, il se passe désormais trois ans, ce qui est beaucoup trop."