La loi dite "anti-Airbnb", qui vise à mieux encadrer l'offre de location courte durée, a été promulguée le 20 novembre dernier. Cette nouvelle législation était très attendue dans les zones touristiques comme Sète, où le phénomène a pris une telle ampleur qu'il est devenu presque impossible de s'y loger à l'année.
En novembre dernier, l'Assemblée nationale a définitivement adopté une série de mesures pour décourager les propriétaires de recourir à la location courte durée. Cette loi appelée "anti-Airbnb" a été promulguée il y a moins d'un mois : elle prévoit désormais une diminution de l'abattement fiscal sur les bénéfices, qui passe de 71 à 50%.
De plus, les municipalités peuvent maintenant instaurer des quotas dans leur ville pour limiter l'offre Airbnb.
Sur le littoral héraultais, ce phénomène a pris une ampleur considérable. À Frontignan par exemple, certaines conciergeries, sociétés qui font le ménage dans les appartements loués pour de courtes durées, tournent à plein régime.
Leur fonctionnement devient quasi industriel en été, avec des armées de saisonniers embauchés pour changer les draps et serviettes.
Une ville qui perd peu à peu sa personnalité
Cette nouvelle législation était très attendue à Sète où beaucoup d'habitants comme Jeannine Léger se disent excédés par l'explosion du nombre de logements Airbnb.
Dans les rues de la célèbre cité portuaire, cette militante de l'association Droit au Logement compte les boîtes à clé, symboles des locations de courte durée : c'est bien simple, on en voit partout.
Aujourd'hui, 2 500 logements en Airbnb sont recensés à Sète.
Personne ne peut plus se loger à l’année, puisque la pratique fait qu'on loue de septembre à juin et les mois d’été, on multiplie par quatre le tarif. Cette ville a une histoire portuaire et populaire. Aujourd’hui, on a l’impression qu’elle a une histoire essentiellement touristique. Avec Airbnb, on a l’impression que la ville se vend.
Janine Léger, membre de l'association Droit au Logement
Décision municipale en attente
Un constat que partage la municipalité. La ville promet de profiter de la nouvelle législation pour instaurer des quotas sur le nombre de Airbnb, afin de permettre aux locaux de continuer à faire vivre l'esprit de l'île singulière.
"Sète, c’est le Mont-Saint-Clair, mais le Mont-Saint-Clair sans les Sétois, c’est une montagne à chèvre ! Ce n’est pas ce que l’on souhaite. Les touristes sont les bienvenus mais c’est un peu comme tout : il faut l’organiser, il faut savoir gérer un peu l’affluence", explique François Commeinhes, le maire de Sète
Pour autant, il n'est pas question non plus pour la mairie d'entrer en guerre ouverte contre Airbnb.
La ville manque d'infrastructures hôtelières et les retombées économiques générées par le tourisme sont capitales pour ce territoire.
Elles s'élèvent chaque année à plus d'un milliard d'euros, sur l'ensemble de l'agglomération sétoise.