L'Assemblée nationale a adopté, le 7 novembre, la proposition de loi dite «anti-Airbnb» visant à inciter les propriétaires immobiliers à louer leurs logements sur de longues durées, plutôt qu’en meublés touristiques. Abattement fiscal réduit, contrainte de DPE ou abaissement du nombre maximal de jours de location, cette loi touche toutes les communes en ville comme à la montagne.
Quelles répercussions aura la nouvelle loi "anti Airbnb" sur le marché immobilier en ville comme en zone touristique de Montagne ? Nous avons fait le point avec la ville de Cauterets dans les Hautes-Pyrénées et celle de Toulouse.
Appartements touristiques à louer
Moderne et confortable un appartement très prisé des vacanciers. Eric Lestable s'occupe d'accueillir les locataires : "On a la une grande cuisine toute équipée qui donne sur une belle pièce à vivre", confie le loueur. Ce vaste appartement est conçu pour 6 à 8 personnes.
Eric Lestable encaisse les loyers payés sur une célèbre plateforme de location. Il gère ainsi des dizaines d'appartements mais redoute les effets de nouvelles dispositions légales applicables aux meublés touristiques.
Cauterets perd des habitants
"Il y aura forcément un impact", avoue le gestionnaire. "Il y aura certaines personnes qui vont arrêter de louer parce que ça sera moins avantageux. Il y aura beaucoup plus de contraintes que d'avantages. Donc, ils arrêteront la location. On a un problème pour le logement à l'année dans nos montagnes. Mais le fait de supprimer des lits touristiques ne va pas forcément les remettre sur le marché local."
Maintenir une population permanente, le problème n°1 de Cauterets. La ville a perdu en 10 ans, 20 % de ses habitants. Certes, le village compte plus de 20.000 lits mais franchit à peine la barre des 800 habitants. Le Maire s'en remet lui aussi à la nouvelle loi pour faciliter l'habitat permanent.
Marché locatif tendu à Toulouse
"Sur notre plan local d'urbanisme, qui est en révision en ce moment, on pourra dédier certaines zones à de l'habitat permanent et d'autres à de l'habitat touristique", affirme Jean-Pierre Florence, le maire de Cauterets. "Et ça, c'est important pour arriver à flécher et à cibler des zones et à permettre aux gens qui viennent travailler, de pouvoir habiter sur place."
Adoption définitive de la PPL “Airbnb” !
— Benoît BITEAU (@BenoitBiteau) November 7, 2024
Un grand pas pour encadrer les meublés de tourisme en zones tendues et un soulagement pour les habitants du littoral rochelais, où la multiplication des locations de courte durée a rendu l’accès au logement particulièrement difficile. pic.twitter.com/aHCJmTAzU5
Le problème est le même dans la capitale régionale. À Toulouse, les boîtes à clefs se multiplient. Plus de 5.000 logements sont dédiés à la location touristique dans la ville Rose. Prix moyen d'une location : 59 Euros/jour. Bien plus rentable qu'une location classique pour le propriétaire du bien.
À lire : Airbnb : à Barcelone, la riposte des propriétaires contre la fin programmée des meublés de tourisme
"Cela a restreint l'offre de logements pour ceux qui habitent sur place", reconnaît Jean-Luc Moudenc le maire de Toulouse. "Dans le cadre d'un contexte qui est déjà très tendu, on vit une crise de l'immobilier. Il est certain que ce vecteur-là vient aggraver les choses. Donc la proposition de loi qui a été adoptée permet de réguler et de calmer dans l'intérêt général le sujet."
Après 2 ans de travail, une dissolution et 4 ministres du logement successifs nous avons enfin voté définitivement notre texte visant à réguler les meublés de tourisme
— Iñaki Echaniz (@Inakiechaniz) November 7, 2024
Nous le devions à toutes celles et ceux qui se mobilisent depuis des années en faveur de l’habitat permanent ⤵️ pic.twitter.com/xmL7IDXWqn
Ces nouvelles dispositions légales, en discussion depuis des mois au Parlement, trouvent une issue concrète avec l'accord conclu entre députés et sénateurs.