Didier Raoult comparaissait ce vendredi 5 novembre devant la chambre disciplinaire de l'Ordre des médecins à Bordeaux. Ses pairs l'accusent d’avoir enfreint plusieurs articles du Code de déontologie médicale en promouvant l’hydroxychloroquine contre la Covid-19. Il sera fixé sur son sort le 3 décembre.
L'audience devant la chambre disciplinaire de l'Ordre des médecins de Nouvelle-Aquitaine a duré près de trois heures. Trois heures durant lesquelles l'infectiologue marseillais Didier Raoult s'est défendu devant la justice de ses pairs.
A l'extérieur, une trentaine de manifestants apportent leur soutien au professeur. Ils brandissent quelques pancartes où l'on peut lire "Raoult, notre phare dans la nuit" ou "Touche pas à mon Raoult":
Le Professeur Raoult, directeur de l'Institut hospitalo-universitaire Méditerranée Infection, comparait pour avoir enfreint plusieurs articles du code de déontologie médicale en promouvant l'hydroxychloroquine contre la Covid-19.
Face à lui, un magistrat administratif assisté de huit médecins composent cette chambre disciplinaire de Bordeaux où a été dépaysée l'audience, loin des terres marseillaises de Didier Raoult.
"On fait le procès de la réussite" se défend Didier Raoult.
Ses pairs le taxent de "charlatanisme, de manque de confraternité et lui reprochent des risques inconsidérés pour les patients".
Trois plaintes examinées
L'Ordre des médecins de Nouvelle-Aquitaine a examiné deux plaintes déposées fin 2020 par l'Ordre des médecins des Bouches-du-Rhône et le conseil national de l'Ordre des médecins.
Elles se basent sur plusieurs signalements initialement effectués par la société de pathologie infectieuse de langue française, par des praticiens hospitaliers et par des particuliers contre Didier Raoult.
Il est reproché au praticien marseillais d'avoir fait la promotion de l'hydroxychloroquine pour traiter le Covid-19, "sans données scientifiques établies", ce qui s'apparente à du charlatanisme", détaille le rapporteur de la chambre disciplinaire.
Et d'ajouter qu'il lui est aussi reproché "d'avoir pris des risques inconsidérés en soignant des patients avec ce traitement non éprouvé par la science et d'avoir manqué à son devoir de confraternité envers d'autres médecins".
La juridiction bordelaise a également examiné une troisième plainte déposée par le professeur marseillais contre le vice-président de l'Ordre des médecins des Bouches-du-Rhône, le Dr Guillaume Gorincour, pour non-confraternité.
Didier Raoult reproche à ce médecin (chargé de la déontologie au sein de l'instance) une cinquantaine de tweets le dénigrant.
Les plaidoiries
Pour Me Philippe Carlini, avocat de l'Ordre des médecins des Bouches-du-Rhône, "ces poursuites sont entreprises pour soutenir les médecins libéraux héroïques bousculés par des patients angoissés réclamant, sans rien y connaitre, un traitement à l'hydroxychloroquine. Leurs demandes se basant uniquement sur la parole d'un éminent scientifique marseillais émise, sans aucune prudence, sur les plateaux télés et les réseaux sociaux", ajoute l'avocat.
Ce sont les médecins qui se plaignent de nous, pas les patients
Didier Raoult
Devant ses pairs, Didier Raoult assure avoir reçu plus de 600.000 patients au sein de l'IHU durant la crise sanitaire, sans aucune plainte.
Alors qu'il maintient la réussite de son traitement (malgré l'absence d'effet prouvé aujourd'hui encore), la chambre disciplinaire lui rétorque :
plusieurs études ont toutes conclu que l'hydroxychloroquine n'était pas efficace contre la Covid-19.
Chambre disciplinaire de l'Ordre des médecins
Pour Me Fabrice Di Vizio, avocat de Didier Raoult, le sujet de l'hydroxychloroquine est un faux débat.
Selon lui, son client est jugé "comme un criminel, essentiellement pour ses prises de positions critiques sur la gestion de la crise sanitaire par les autorités".
Pour l'avocat, "le dossier ne comporte aucune propos précis ou daté prouvant le dénigrement du professeur marseillais envers la profession".
Quelles sanctions ?
Il existe quatre niveaux de sanction devant la Chambre disciplinaire de l'Ordre des médecins. Didier Raoult, à la retraite comme professeur d'université praticien hospitalier, encourt un simple avertissement, un blâme, une suspension de 1 à 3 ans ou une radiation de l'Ordre des médecins.
Il sera fixé sur son sort le 3 décembre précise l'Agence France Presse.